Test – Bayonetta 3 : un final en apothéose

Bayonetta 3 est la suite tant attendue d’un second opus acclamé par la presse et les joueurs. La trilogie initiée il y a 12 ans est bien partie pour s’achever de la meilleure des manières.

Étrange destinée que celle de la saga Bayonetta. Le premier épisode, sorti en 2010 sur consoles de salon et proposé par PlatinumGames et Sega, n’avait jamais atteint les ventes espérées malgré d’excellentes critiques. Reconnaissant le potentiel d’une licence qui était sur le point d’être laissée aux oubliettes, Nintendo vint à la rescousse de Bayonetta et fit du second opus une exclusivité pour sa Wii U. Problème : la console de Big N ne se sera jamais correctement vendue, et les chiffres de vente de Bayonetta 2 seront, eux aussi, mauvais, malgré la qualité de l’épisode. Qu’à cela ne tienne, “jamais deux sans trois” se dirent probablement Nintendo et PlatinumGames qui, en 2017, annoncèrent Bayonetta 3 pour la toute nouvelle console du constructeur, la Switch.

Cette fois-ci, tous les voyants étaient au vert pour permettre au titre de rencontrer le succès escompté : la licence est désormais bien connue et la Nintendo Switch a rencontré des chiffres de vente exceptionnels. Une situation idéale pour cet épisode, qui débarque en cette fin d’année avec énormément d’ambitions. Au-delà de l’envie des développeurs de voir leur production être reconnue à sa juste valeur, le souhait d’offrir une conclusion idéale à la trilogie autour de Cereza, mieux connue sous le nom de la sorcière Bayonetta.

Dans ce troisième opus, Bayonetta vit une vie tout à fait paisible avec Enzo, son larbin, à New York. Un beau jour, des créatures du nom d’Homonculus débarquent du ciel, provoquent un tsunami et ravagent la ville. Après en être venue à bout, Bayonetta fait la rencontre de Viola, une jeune fille tombée du ciel qui prétend venir d’un autre monde et que Singularity, une dangereuse entité, veut détruire et saccager le multivers. Jeanne et Bayonetta vont alors chacune partir de leur côté, la première à la recherche du Docteur Sigurd et notre sorcière dans les différents mondes. Plusieurs mondes alternatifs que nous allons pouvoir visiter, permettant au joueur de voyager et de ne plus être cantonné qu’à un seul environnement. 

Le rythme du jeu est excellent et nous emmène dans toute sorte d’arènes variées.

Mais cela est à double tranchant. En effet, si cela permet au joueur de voir du pays et de découvrir de multiples arènes toutes plus diversifiées les unes que les autres, on regrettera que les niveaux traînent parfois en longueur. Il semblerait que les développeurs aient voulu les étirer au maximum, quitte à ce qu’ils paraissent vides et redondants. Certains chapitres comportent jusqu’à 10 versets, qui se situent tous dans le même environnement, comme lors du passage sur l’île de Thulé.

Là où Bayonetta 3 se distingue le plus par rapport aux deux précédents opus, c’est dans le sérieux qui est le sien. Le scénario est bien moins décalé que par le passé, et pour cause : le monde est en danger, les risques encourus sont bien trop importants pour que la sorcière les prenne à la légère comme elle a déjà pu le faire. Ses petits gimmicks que l’on prenait plaisir à découvrir par le passé sont moins marqués. Mais cela ne signifie pour autant pas que l’histoire est moins réussie, au contraire. Le scénario nous transporte du début à la fin et ressemble à un véritable anime japonais. D’ailleurs, le final est explosif, très réussi et promet pour l’avenir de la licence.

Une fois le pitch abordé, il est désormais temps de nous attarder sur ce qui est le plus important dans la franchise Bayonetta : son gameplay. Les développeurs ont modifié quelques petits éléments du gameplay en y apportant d’importantes nouveautés, comme l’invocation des démons. Par le passé, Bayonetta pouvait faire appel à eux afin d’apporter un coup de grâce à ses ennemis, et c’était tout. Dorénavant, en consommant de la magie, Bayonetta peut faire une danse de la soumission et faire appel à ses démons pour qu’ils combattent à sa place. Le gameplay s’en voit totalement bouleversé, puisque ceux-ci sont ultra-puissants et permettent de se défaire plus facilement des ennemis les plus coriaces. Et pour le plus grand plaisir des joueurs, PlatinumGames propose énormément de démons, tous différents entre eux, qu’il est possible d’attribuer à l’une des trois flèches de la croix directionnelle disponibles. Il est ainsi possible d’alterner entre les démons en plein combat, et ce, afin de s’adapter au type d’ennemi qui nous fait face.

Les démons peuvent désormais être contrôlés et prendre une part intégrale en combat.

D’autres points du gameplay ont été modifiés, comme l’attribution des armes sur les jambes et les bras. Auparavant, l’on pouvait attacher une arme aux pieds et une autre aux mains. À présent, c’est un seul ensemble qui est attribuable. C’est dommage, car ça enlève de la variété au gameplay, mais PlatinumGames a compensé cette perte par l’ajout d’un nombre conséquent de nouvelles armes et de démons.

Au-delà de ces quelques nouveautés, le point fort de Bayonetta reste, et ce, depuis le premier épisode, la qualité des affrontements et leur nervosité. Si l’on regrettera l’aspect un peu brouillon de ceux-ci par moments (principalement dans les petites arènes), force est de reconnaître qu’ils restent tout particulièrement excellents et jouissifs. On retrouve notamment l’envoûtement, ce sort qui ralentit le temps lorsque l’on fait une parade juste avant l’attaque de l’ennemi.

Autre nouveauté de ces opus : la possibilité d’incarner d’autres protagonistes, au-delà de l’unique Bayonetta. Jeanne, déjà présente dans les précédents épisodes, peut désormais être contrôlée avec les mêmes mécaniques de gameplay que notre héroïne. En revanche, l’arrivée de Viola rebat les cartes puisqu’il est également possible de la contrôler. Dans des niveaux de beat them all, vous allez découvrir un personnage au gameplay totalement différent, plus exigeant et compliqué, mais pas dénué d’intérêt. Viola se bat avec des fléchettes, son démon Chouchou et un katana dont elle se sert pour parer les attaques des ennemis. En revanche, il faudra maîtriser l’art de la parade, puisque le timing est bien plus serré qu’avec Bayonetta.

Les combats sont une pure réussite : très jouissifs et animés.

Les passages lors desquels on incarne Viola s’effectuent tous en beat them all, tandis que ceux avec Bayonetta et Jeanne sont bien plus variés. En effet, afin de ne pas s’engouffrer dans le piège du tout beat them all pouvant lasser le joueur, les développeurs ont préféré proposer plusieurs séquences variées, allant du rail shooter à la plateforme en passant par des mini-jeux de rythme. Les phases avec Jeanne sont sympas également, puisque toutes en 2D et allient infiltration, courses-poursuites et action.

Abordons ce qui fait tout le charme de la saga Bayonetta : sa direction artistique. Si elle divisera à coup sûr en raison de l’allure très kitsch de ses personnages, la franchise a toujours eu le don de proposer un univers qui lui est propre et qui est plutôt bien inspiré. Bayonetta 3 ne déroge pas à la règle. Que ce soit les démons, les armes ou encore les différents protagonistes et antagonistes, on sait que l’on a affaire à un Bayonetta, et c’est tant mieux !

Visuellement, c’est mi-figue, mi-raisin. Certains panoramas sont somptueux, mais l’aliasing omniprésent gâche sérieusement le plaisir.

Niveau bande sonore, on est là aussi sur du tout bon. Les différentes mélodies de Naofumi Harada collent parfaitement à l’ambiance et aux différentes situations auxquelles nous faisons face, et le doublage est, lui aussi, au poil malgré le changement d’actrice pour Bayonetta. Peut-être aviez-vous vu passer l’info : Hellena taylor, qui incarnait la sorcière dans les deux premiers jeux, n’a pas renouvelé son contrat dans cet épisode en raison du salaire bien trop faible que lui proposaient Sega et PlatinumGames. C’est Jennifer Hale qui remplace l’actrice londonienne, et elle incarne magistralement Bayonetta. On ne pouvait pas rêver mieux comme remplaçante.

Côté technique, n’y allons pas par quatre chemins : la Nintendo Switch est poussée jusque dans ses derniers retranchements et peine sérieusement à afficher des environnements convenables et propres dans le titre. Certes, certains environnements et panoramas sont plutôt réussis, comme New York et Tokyo, et l’on se surprend même à apprécier la qualité des cinématiques. En revanche, dès que l’on s’attarde sur certains éléments en arrière-plan dans celles-ci, ou même sur l’ensemble des éléments d’une scène en jeu, l’aliasing est omniprésent et gâche directement la fête. L’effet d’escalier est très remarquable sur les personnages et les objets, et se ressent encore plus en mode docké qu’en portable, même s’il reste bel et bien visible. Si le jeu est fluide, il a en revanche tendance à multiplier les environnements vides et dépouillés. Clairement, on regrette là que le titre n’ait pas droit à une Ultimate Edition sur Xbox Series ou PS5… 

Conclusion

Afin de conclure une trilogie initiée il y a déjà 12 ans, PlatinumGames et Nintendo nous proposent assurément un Bayonetta 3 qui conserve ce qui faisait le succès de la franchise jusqu’alors, à savoir une aventure décalée, des personnages attachants et excentriques au possible et un gameplay nerveux et ultra-jouissif, tout en apportant quelques nouveautés majeures au gameplay de ce Devil May Cry-like. Les combats n’ont jamais paru autant réussis, grâce notamment à la possibilité d’incarner les démons invoqués par la sorcière en plein combat et de renverser le cours des choses, ce qui apporte énormément de nervosité aux combats. Sorte de beat them all ultra-kitsch, Bayonetta 3 nous emmène à Tokyo ou encore New York. Problème : les environnements sont (trop) grands et paraissent fort vides. Visuellement, Bayonetta 3 ne rayonne pas vraiment par ses capacités techniques. Certes, les cinématiques ne sont pas vilaines et la plupart des panoramas sont plutôt réussis. Mais l’omniprésence de l’aliasing gâche complètement le plaisir de jeu, et ce, principalement en docké. Heureusement, la bande son vient sauver l’aspect artistique de la chose, et nous gratifie d’un des titres immanquables et incontournables de cette fin d’année sur Switch.

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Bayonetta 3

Gameplay 8.5/10
Contenu 8.5/10
Graphismes 7.0/10
Bande son 9.0/10
Finition 8.0/10
8.2

On aime :

Des affrontements intenses et nerveux

Des cinématiques très réussies

Les combats avec les démons, jouissifs

Fluide en toute circonstance

Une bande son épique et plaisante

On aime moins :

Énormément d'aliasing en jeu

Des combats parfois brouillons dans les petites arènes

Des environnements trop vastes et ... vides