Accusée de déborder de contenus pédopornographique, l’application Wickr Me a récemment fait les gros titres. Wickr Me, une application de messagerie cryptée appartenant à Amazon Web Services, est devenue une destination privilégiée pour l’échange d’images d’abus sexuels d’enfants. L’information provient du média NBC News, qui a pu consulter des documents judiciaires, des communautés en ligne, des forces de l’ordre et des militants. En tout, NBS News a pu analyser des documents judiciaires provenant de 72 poursuites d’État ou fédérales pour abus sexuels sur enfant ou pornographie enfantine. Des poursuites dans lesquelles le défendeur aurait utilisé Wickr au cours des cinq dernières années aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie. Pour arriver à ses conclusions, l’équipe a utilisé une combinaison de bases de données juridiques et d’actualités privées et publiques et de moteurs de recherche. C’est ainsi que NBC News affirme que Wickr n’a coopéré que dans de rares circonstances dans les cas d’abus sexuels d’enfants. Et surtout, que lorsque la loi l’y obligeait. “Presque aucune des plaintes pénales examinées ne fait état d’une coopération de Wickr lui-même au moment du dépôt de la plainte, à l’exception de quelques cas où Wickr a été légalement contraint de fournir des informations via un mandat de perquisition”, peut-on lire dans l’article. Conscient du problème, le géant Amazon, propriétaire la plateforme, aurait donc choisi de ne prendre (quasi) aucune mesure. Selon NBC News, l’année dernière, Wickr n’a signalé que 15 cas d’abus pédosexuels ou de pédopornographie. Et ce, alors que plus de 3 500 cas ont été signalés par les utilisateurs. Des chiffres qui prouvent que ce sont les utilisateurs, et non Wickr, qui découvrent, rapportent et dénoncent les cas sur l’application. “Amazon fait comparativement peu pour s’attaquer de manière proactive au problème”, souligne NBC News. La plupart des géants du Web, tels que Facebook ou WhatsApp, ont déjà mis en place des systèmes d’analyse automatique de détection des abus sexuels d’enfants. Et ce, avant qu’ils ne causent des dommages. Ce qui n’est pas le cas de Wickr, qui n’exige aucune vérification d’authenticité des informations personnelles lors d’une inscription. L’application n’a donc mis en place aucune mesure proactive. Wickr Me attire donc “les personnes qui veulent échanger ce type de matériel [pédopornographique]” avance NBC, en citant les experts et les responsables de l’application de la loi. NEW: Amazon has a major child porn problem on its encrypted chat app Wickr, and the tech giant isn’t doing much to stop it. I combed through 72 child porn prosecutions involving Wickr from the last 5 years to understand the issue. https://t.co/xAM8D7a6M2 — Benjamin Goggin (@BenjaminGoggin) June 10, 2022 Autre problème, des messages établissant un lien entre Wickr Me et du matériel pédopornographique sont également présents sur Internet. Et plus précisément, sur des plateformes de médias sociaux telles que Reddit, Tumblr et Twitter. NBC News assure avoir trouvé “des dizaines de forums, de comptes et de blogs où des centaines de messages ont été publiés pour solliciter des mineurs, des personnes qui y ont accès ou des personnes intéressées par l’échange de matériel pédopornographique avec des pseudonymes Wickr”. En réponse à ces accusations, un porte-parole d’Amazon Web Services a déclaré à NBC qu’Amazon s’engageait à prévenir le matériel d’abus sexuel d’enfants “dans chaque segment de notre activité, y compris Wickr, qui maintient des conditions d’utilisation strictes qui interdisent clairement toute activité illégale”. Il ajoute, “nous agissons rapidement sur les rapports de comportement illégal, répondons immédiatement aux demandes des forces de l’ordre et prenons les mesures appropriées”. Le porte-parole assure que toute personne violant les conditions d’utilisation risque de voir son compte supprimé.