Chaque semaine, Geeko se penche sur un sujet ayant fait l’actualité tech, l’analyse, le décrypte. Chronique. “Arrêtez de me lire“, titrait Grégory Pouy sur son blog. Une démarche impertinente destinée à nous faire réagir: à force de suivre les mêmes twittos, les mêmes flux RSS,… on risque de s’enfermer dans une bulle peuplée d’opinions globalement similaires aux nôtres. Sans que ce soit directement lié, cette réflexion ferait bien d’inspirer Google qui, via des améliorations censées nous faciliter la recherche sur le web, pourrait finir par nous en réduire le champ “visible”. Deux exemples récents: – Depuis la semaine dernière, Google vous autorise à “supprimer” des sites de vos résultats de recherche. Grâce à une extension – uniquement disponible avec Chrome, vous pouvez bloquer, dans les résultats de recherche, les sites (les noms de domaines en fait) que vous jugez non-pertinents. Sans s’attarder sur les dérives possibles, Google explique à demi-mots qu’il tente de lutter à la régulière contre les “fermes de contenus”, ces sites hyper-référencés mais pauvres en information. – Google propose depuis peu d’insérer vos amis dans vos résultats de recherche. Plus précisément, le moteur de recherche va être capable de vous dire si vos amis ont déjà partagé ce site sur les réseaux sociaux, leurs tweets, leurs blogs, etc. Explication officielle: Google perfectionne sa “recherche sociale”: “Today we’re doing a little bit more to bring you all the goodness of Google, plus the opinions of the people you care about.” (Notez que ces améliorations sont pour l’instant uniquement disponibles sur la version anglaise. Par ailleurs, il est toujours possible de refuser l’intégration de ce type d’information via les options de confidentialité de votre compte Google.) Ce faisant, Google se rapproche encore un peu plus de son objectif: des résultats sur-mesure, adaptés au profil de chaque utilisateur. Pour y parvenir, le moteur de recherche se base déjà sur l’historique, les favoris, la localisation et d’autres paramètres pour affiner ses résultats. “Comme toujours, nous voulons vous aider à trouver les résultats les plus pertinents parmi les milliards de pages web”, explique Google sur son blog. A de multiples égards, ces améliorations nous facilitent la navigation, mais cela ne doit pas nous empêcher de nous interroger. Ne faisons-nous pas trop confiance à Google en ne remettant jamais en cause la hiérarchie des résultats ? Lors d’une recherche sur un moteur de recherche, le premier résultat attire plus de 40% des clics. Un pourcentage qui grimpe à 60% si on considère les 3 premiers résultats. Pire, l’internaute n’ira en moyenne qu’une fois sur dix voir les résultats de la deuxième page. Des chiffres qui démontrent l’influence que Google a sur notre navigation. Alors, que cherchons-nous sur le web ? Souhaitons-nous toujours lire les mêmes informations que nos amis ? Voulons-nous retomber sur les mêmes sites ? Consultons-nous en permanence les mêmes sources ? Sommes-nous contraints d’évoluer dans un écosystème “fermé” ? Les réponses sont probablement nuancées. Mais les questions, pas insensées. “Bien que nous pensons être ouverts, nous sommes tous enfermés dans notre bulle avec les gens que l’on croit être dans le “vrai”,”écrivait, non sans pertinence, Grégory Pouy. Avec cette personnalisation toujours plus poussée des résultats de recherche, Google avance sans sourciller dans ce sens. Avec le risque de faire un jour le pas de trop ? Il y a débat.