Pour payer leur billet d’avion moins cher, des petits malins ont trouvé l’astuce : acheter un billet pour un trajet avec escale, et s’arrêter à l’escale. Ça peut paraître extrêmement contre-intuitif et pourtant, c’est vrai : vous payez parfois moins cher pour aller plus loin. En effet, comme les escales sont considérées comme un inconvénient, elles baissent parfois le prix des vols à tel point que ceux-ci deviennent si bon marché qu’ils reviennent à moins cher que les vols directs à ladite escale. Et ça, ça a donné lieu à une pratique : le skiplagging. La pratique est surtout utilisée aux États-Unis. Mais elle n’est pas sans conséquences. Par exemple, certains voyageurs se sont vus interdits de voyager sur la compagnie American Airlines, qui ne tolère pas la pratique. Il existe pourtant bien un site web actif depuis 2013, « Skiplagged », qui, comme son nom l’indique, donne toutes les informations nécessaires pour bien pratiquer le Skiplagging. Il s’agit d’un comparateur de vols d’un genre un peu particulier qui permet de savoir quand un vol sous forme d’escale est moins cher que son équivalent direct. Mais une fois de plus, American Airlines a décidé de sévir en attaquant en justice Skiplagged. Il faut dire que la perte représentée reste un important manque à gagner pour la compagnie. Pour s’en prendre à Skipplagged, la compagnie compte bien utiliser une méthode un peu particulière : en effet, elle a menacé de désactiver tous les billets vendus via la plateforme, puis d’accuser le site web de publicité mensongère. Eh bien oui, le site promet en effet de vendre des billets valides ! Pas sûr que ça fonctionne devant un juge… En tout cas, l’attaqué s’est jusqu’à présent bien gardé de faire un quelconque commentaire sur la question. Si la pratique semble avant tout américaine, elle existe aussi de plus en plus en Europe. American Airlines a peut-être l’air d’une pionnière dans la chasse aux « skiplaggers », mais elle ne risque pas de rester seule très longtemps. D’autres compagnies s’y mettent également, même si le type de punition infligée aux contrevenants varie en fonction de celles-ci. Et la procédure en justice de la compagnie n’est qu’une parmi tant d’autres. Deux autres affaires similaires, encore une fois aux États-Unis, ont déjà eu lieu : une par United Airlines et une par le site d’agence de voyage Orbitz qui voulait faire valoir que Skiplagged faisait la promotion d’une forme de voyage interdite. Toutes ont jusqu’à présent échoué, mais il reste à voir si celle-ci sera celle qui fera finalement plier le site de vente de billet et de comparaison de vols. D’un point de vue éthique aussi, on peut s’interroger sur la pratique, étant donné qu’elle prive de place un voyageur potentiel sur le second vol, et encourage les avions à voler à moitié vides, ce qui est un non-sens à une époque où on critique justement l’industrie aérienne pour son impact sur les émissions de gaz à effet de serre.