Attendu au tournant, Atomic Heart n’aura pas manquer de faire parler de lui pour sa sortie. Développé par un studio russe, le titre a attiré la colère du gouvernement ukrainien qui demandait à corps et à cris son retrait de la vente. Un “bad buzz” qui lui aura plutôt bien servi puisque le jeu est parvenu à séduire plus de deux millions de joueurs dans la semaine suivant sa sortie…. S’il a été au cœur d’une petite polémique, Atomic Heart n’a pourtant rien d’un objet de propagande. De facto, le développement avait débuté il y a cinq ans en Russie. Mais le studio derrière ce projet, Mundfish, a joliment évité la politisation de son œuvre en s’expatriant à Chypre. Dans son équipe, on retrouve d’ailleurs des développeurs de plusieurs nationalités. Le titre est de surcroit édité par Focus Home Entertainment, un éditeur français. Les niveaux en intérieur sont particulièrement maîtrisés. Au niveau du propos, on en vient aussi à se demander ce qui a bien pu irriter le politique. Car de facto, le jeu critique assez ouvertement le Communisme. Son scénario est en grande partie basé sur un best-seller russe, relativement méconnu chez nous. Atomic Heart nous immerge dans un monde alternatif dans lequel l’Union Soviétique est devenue la plus grande puissance économique et est parvenue à créer un “paradis socialiste” dans lequel des machines réalisent les tâches les plus ingrates de la société. Tout cela est lié à la découverte d’une substance miracle, le polymère, qui permet de connecter l’esprit de tous les humains pour fonder une société moderne et “connectée” qui fonctionne comme une ruche. Le grand rêve socialiste. Les élites du pays ont ainsi conçu une cité volante qui se veut l’exemple à suivre pour le reste du pays. Le jour du lancement de la version 2.0, une erreur se produit dans le système. Les robots d’entretien se transforment en machines à tuer et éliminent méticuleusement toute forme de vie. Vous l’aurez compris, Atomic Heart est une critique ouverte du communisme. Et très sincèrement, pour un jeu made in Russia, le jeu fait preuve d’une complexité narrative étonnante. Dans la peau d’un soldat d’élite, le joueur devra tenter de découvrir les raisons de l’échec du “Kollektiv”, et d’empêcher la catastrophe qui s’annonce. complexe. Côté ambiance, le jeu met le paquet. Atomic Heart frappe fort au niveau de son scénario, avec une histoire captivante à suivre de bout en bout, supportée par une bande sonore extraordinaire et un ton extrêmement mature. Outre les excellentes musiques d’ambiance russophones, on applaudit tout particulièrement les doublages du major, cynique, drôle et terriblement terre à terre, qui rappelle parfois le ton décalé d’un Duke Nukem dans ses commentaires. Car c’est l’une des grandes forces du jeu : Atomic Heart n’intègre aucune censure. Les propos sont parfois choquants, les dialogues hilarants, au point de parfois en être quasiment malaisants… Et mine de rien, cela a un côté très rafraichissant en 2023. Comme on l’a dit plus haut, la narration est soignée et les dialogues entre le major et son IA, “Charles”, sont un véritable régal à suivre. Bien entendu, il est difficile d’ignorer le fait que le jeu s’inspire assez ouvertement de BioShock. On retrouve un univers sci-fi utopique similaire, un gameplay relativement identique et quelques idées repêchées quasiment à l’identique, comme le déblocage des carnets de bord qui permettent d’en apprendre plus sur l’histoire du jeu. Pour autant, Atomic Heart n’est pas une simple copie de son modèle. Le jeu parvient à développer son propre univers, sa propre patte graphique et surtout un gameplay qui parvient à se distinguer suffisamment de son modèle. On se situe quelque part à mi-chemin entre un Doom, un BioShock et un Half-Life. L’intensité de certains combats rappelle les combats de Doom. L’univers rappelle BioShock et la progression semble s’inspirer du modèle d’Half-Life avec des niveaux en intérieur très linéaires et des niveaux en extérieur qui ressemblent à de petits open-world. La direction artistique est impeccable. Globalement, le jeu parvient à agréablement nous séduire avec son univers, qui nous est joliment introduit à travers une longue introduction. On a vraiment l’impression d’explorer un monde utopique soviétique. Et très clairement, la direction artistique splendide du jeu aide à l’immersion. Côté gameplay, Atomic Heart est un mélange de séquences de shoot explosives à la Doom, de résolutions de petites énigmes plus dans la lignée d’un Half-Life ou d’un BioShock et d’exploration. Les trois premières heures de jeu vous feront arpenter des niveaux souterrains extrêmement soignés mais à la structure très linéaire. Plus tard dans l’aventure, le joueur sera amené à explorer de mini open-worlds à la structure plus complexe. La formule a toutefois tendance à moins bien fonctionner dans ces environnements ouverts en raison d’une structure vieillotte et peu adapté aux open-world. Clairement, Atomic Heart se montre beaucoup plus séduisant en intérieur. Le level-design y est certainement pour beaucoup. S’il tente de tanguer du côté d’un Doom dans ses affrontements, Atomic Heart est toutefois loin d’être un fast-FPS. Le jeu est assez pataud – pas autant qu’un BioShock, mais tout de même. Et c’est sans doute le plus gros reproche qu’on lui adressera. La partie affrontements est en retrait, malgré une mise en scène très soignée et des ennemis extrêmement stylés. On ne ressent pas assez la puissance des armes, pad en main, et les déplacements du personnage paraissent souvent un peu trop lents. Le jeu brille en revanche dans sa partie exploration / résolution de petits énigmes et affrontements face à un ou deux ennemis. C’est fun, le gameplay est étonnamment riche et le jeu intègre même des pouvoirs et un système d’évolution façon RPG avec des armes et équipements à fabriquer avec les ressources récupérées et des pouvoirs et améliorations à acquérir. Bref, c’est plutôt bien fichu. La partie en open-world fonctionne nettement moins bien. Le jeu brille dans sa partie narrative et ses niveaux scénarisés. Le rythme est excellent, la diversité est de mise. En revanche, dès qu’on se retrouve dans l’open world, on ne sait pas trop quoi faire. Les activités sont peu nombreuses, le joueur devra principalement explorer son univers pour récupérer des ressources ou plans d’armes. Ca fonctionne, mais le rythme est haché menu et on en vient à penser qu’on aurait sans doute préféré un FPS beaucoup plus linéaire… Pour un premier essai de Mundfish dans le genre, le studio n’a toutefois pas à rougir. Il nous livre un jeu aux qualités de jeu triple-A qui impressionne vraiment à tous les niveaux. Tout n’est pas parfait, et clairement la structure de l’aventure ne plaira pas à tout le monde, mais Atomic Heart est le type de jeu au potentiel infini. Le jeu réserve son lot de sursauts. C’est toutefois bien au niveau de la technique qu’Atomic Heart met la plus grand claque avec des visuels léchés, une direction artistique absolument somptueuse et des décors qui fourmillent de détails. S’il s’agit encore d’un titre cross-gen, Atomic Heart n’en reste pas moins une claque graphique et incontestablement une très belle réussite. On lui reprochera en revanche une finition qui n’est pas exceptionnelle, avec encore pas mal de bugs présents après le déploiement d’un premier gros patch… Conclusion S’il n’atteint pas le niveau d’excellence d’un BioShock, Atomic Heart reste un FPS particulièrement réussi, qui propose des séquences de shoot explosives, un gameplay très solide, un univers riche et une aventure passionnante de bout en bout. Le jeu de Mundfish séduit particulièrement avec son univers dystopique, qui nous plonge dans une ville futuriste dans laquelle les robots se sont rebellés contre leurs maîtres et ont semé le chaos. Avec son ton extrêmement mature, son humour décalé – parfois presque malaisant – et sa direction artistique impeccable, Atomic Heart parvient à se forger sa propre identité. Le jeu propose une expérience solide, à mi-chemin entre un Metro et un BioShock. On regrette toutefois un rythme haché et quelques séquences moins inspirées, notamment dans la partie open-world, qui n’est pas du tout maitrisée. Rassurez-vous toutefois, malgré ses éfauts, Atomic Heart reste un jeu extrêmement plaisant à parcourir, et potentiellement l’un des plus beaux jeux de 2023.