Test – Soulstice : le mélange improbable de Dark Souls et DMC

Le petit studio italien Reply Game nous livre avec Soulstice sa troisième création, après Lone Wolf et Theseus.

S’il s’était spécialisé dans la réalité virtuelle, le studio italien Reply Game a choisi de se reconvertir dans la production de jeux double-A. Il signe avec Soulstice son projet le plus ambitieux. Edité par Modus Games, Soulstice se présente comme un Devil May Cry-like, vif et intense.

Le jeu nous en met plein les yeux, visuellement.

Le jeu nous transporte dans un univers médiéval-fantastique dans lequel une déchirure s’est créée, permettant à des créatures abominables de mettre à sac plusieurs villes. Durant des siècles démons et humains se sont affrontés. Pour les combattre, les humains ont entraîné des soldats d’élite, appelés Chimères. Le joueur incarne ici l’une d’elle, Briar, qui est accompagnée de sa soeur Lute, une jeune fille décédée, qui apparaît donc sous forme d’esprit, et qui est capable de manipuler l’espace pour permettre à Briar de frapper ses ennemis dans plusieurs dimensions.

Si l’univers du jeu a du charme, on regrette que l’intrigue ne soit pas plus passionnante à suivre. Les scénaristes ont choisi de se concentrer ici sur le cheminement des personnages centraux sans prendre la peine de nous faire explorer cet univers pourtant plein de potentiel, et c’est bien dommage. La mise en scène du jeu reste également globalement minimaliste avec quelques cut-scenes et dialogues entre chaque mission.

Le duo d’héroïnes.

Côté gameplay, le titre se présente comme un curieux mélange de Souls-like et de Devil May Cry. De Dark Souls, Soulstice reprend ses combats de boss titanesques, une partie de sa difficulté, son système de customisation des aptitudes. Mais pas en main, les sensations sont plus proches de celles d’un Devil May Cry. Notre héroïne virevolte dans les airs et se déplace extrêmement rapide à l’écran. Les combats sont nerveux et intenses. Et on combat non seulement au corps à corps mais aussi à distance. Les séquences de combat en arène sont séparées de quelques séquences d’exploration, de plates-formes et de puzzles. Bref, une formule très proche de celle du classique de Capcom.

Soulstice apporte également son lot d’innovations avec tout d’abord un arsenal relativement varié, qui ne cesse de grandir au fil de l’aventure. On passe de l’épée au marteau de guerre en un clic, et on aura l’occasion d’ajouter plusieurs autres armes à son arsenal au fil de l’aventure, dont un arc et un fouet. Comme on l’a dit plus haut, on contrôle ici aussi non pas un mais deux personnages. Briar s’occupe des attaques au corps à corps, sa sœur active des aptitudes surnaturelles – deux en réalité, avec les gâchettes gauche et droite. Celles-ci vous permettront d’activer le champ d’évocation et de bannissement, pour pouvoir affronter des ennemis qui ne sont pas accessibles dans votre “dimension” (mais apparaissent toutefois). Les champs permettent aussi de faire apparaître des objets invisibles à l’œil nu lors des séquences de plates-formes et d’exploration. Il faudra toutefois veiller à ne pas trop l’activer, sous peine de voir votre sœur se dissoudre et ne réapparaître que quelques secondes plus tard.

Il est parfois dur de s’y retrouver à l’écran.

L’ennui, c’est que si sur le papier tout cela s’annonçait excellent, dans la pratique, on a du mal à être convaincu par cette formule. Parce que mine de rien, switcher d’une dimension à l’autre en permanence, cela devient vite très agaçant, et cela n’apporte en soi rien de plus au gameplay. Ensuite, parce que lors des séquences d’exploration et de plates-formes, les champs en question sont souvent utilisés pour accéder à des zones secrètes… maladroitement dissimulées. Certaines d’entre elles se trouvent hors-champ. Tout cela nous amène au défaut principal du titre : la gestion de la caméra. Car ici, on ne gère pas son positionnement. Il s’agit d’une caméra fixe. Impossible donc de la diriger. Et vu que certains plans cachent des parties des décors, on explore souvent à l’aveuglette les niveaux. Ajoutez à cela une certaine difficulté à se repérer dans l’espace, et donc souvent à savoir si on frappe bien l’ennemi ou pas et vous comprendrez que dans la pratique, le gameplay est loin d’être aussi abouti qu’on l’aurait espéré… Et puis bien sûr, il y a le côté très brouillon des combats. Dès qu’il y a plus de trois ennemis à l’écran, on a du mal à s’y retrouver…

Autre défaut du titre : si l’univers du jeu est charmant et les premiers niveaux flattent la rétine, on n’y trouve absolument aucune diversité. Il faudra s’habituer aux longs couloirs et aux salles vides. Le jeu a également la fâcheuse tendance à se répéter dans son bestiaire, son cheminement et fait le forcing sur la destruction d’objets du décors. Par exemple, vous récupérez de l’expérience en détruisant tous les barils que vous rencontrerez… On a connu plus excitant.

Certains boss sont imposants.

Côté technique en revanche, c’est presqu’un sans faute. Certes, Soulstice a un côté un peu générique, et le design de l’héroïne principale est complètement raté. Mais visuellement, le jeu est très joli. Les décors sont absolument superbes, les effets visuels sont soignés et le jeu flatte la rétine. Normal, il s’agit d’un titre “new-gen” uniquement. La bande originale du jeu séduit également avec d’excellents doublages en anglais et une ambiance sonore soignée. Soulstice a clairement l’allure d’un jeu double-A.

Conclusion

Sorti de nulle part, Soulstice est l’archétype du petit jeu d’action au potentiel énorme, qui peine à convaincre pad en main, la faute à des idées maladroitement exploitées. Mélange improbable de Souls-like et de Devil May Cry, Soulstice a au moins le mérite de nous en mettre plein les yeux avec ses splendides panoramas, ses décors gothiques superbes et sa direction artistique impeccable – si l’on met de côté l’héroïne du jeu. Le jeu de Reply Games surprend également par l’intensité de ses combats, qui nous rappellent les meilleures heures d’un Devil May Cry. Malheureusement, il s’embourbe également au niveau de sa prise en main, avec une caméra qui a tendance à souvent très mal se positionner, un manque global de lisibilité à l’écran, des séquences trop répétitives et des concepts qui fonctionnent parfois mal… On pense notamment à l’utilisation des pouvoirs de la sœur de Briar, qui rendent bien trop pénible la progression. C’est dommage car, sur le papier, le titre avait tout pour séduire. Reste un “petit jeu” d’action sympa et plutôt divertissant, qui a le mérite de proposer un univers rafraichissant pour les amateurs d’un genre décidément très à la mode ces temps-ci.

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Soulstice

Gameplay 5.0/10
Contenu 5.0/10
Graphismes 8.0/10
Bande son 7.0/10
Finition 7.5/10
6.5

On aime :

Visuellement très réussi

Une jolie direction artistique

Un gameplay vif et nerveux

Quelques très bonnes idées

On aime moins :

Une héroïne sans charme

Des mécanismes qui ne fonctionnent pas

Extrêmement brouillon dans le feu de l'action

Des mécanismes excessivement répétitifs

Une caméra qui peine à suivre l'action