9 ans après la conclusion de l’histoire du Commandant Shepard, la trilogie originale Mass Effect est de retour dans une version remasterisée. Surfant sur la vague des remasters, EA a annoncé, à l’occasion du N7 Day 2020, une compilation des trois premiers épisodes de la franchise Mass Effect. Sortie initialement sur PC et consoles de septième génération, la saga de science-fiction développée par BioWare a enfin reçu le coup de polish qu’elle méritait dans une édition “légendaire”. Cette édition porte très bien son nom, puisqu’elle permet de se replonger dans les trois titres originaux ainsi que l’ensemble de leurs DLC – à l’exception d’un. En effet, BioWare a eu la malice d’intégrer directement les contenus additionnels au scénario, et ce, sans la moindre transition. Quasiment tout le contenu de la franchise originale est donc présent, à l’exception du DLC The Pinnacle Station de Mass Effect 1 et du très apprécié mode multijoueur de ce dernier. Les gunfights sont nombreux et intenses dans Mass Effect. Pas de remake à l’horizon donc, mais une série de trois remasters en 4K à 60 FPS. Les trois titres bénéficient du même traitement, et l’on regrettera malheureusement que le premier épisode, sorti en 2009 tout de même, n’ait pas été plus retravaillé. C’est un fait, Mass Effect premier du nom accuse sérieusement le poids des années, là où ses successeurs sont bien plus fins, tant en termes de gameplay qu’au niveau visuel. Sorti initialement sur Xbox 360, Mass Effect s’est très vite imposé comme un brillant mélange de TPS et de RPG dans un univers S-F extrêmement vaste. Tous les ingrédients y étaient réunis pour en faire une très grande franchise, aujourd’hui considérée comme une référence. La saga a réussi à s’imposer dans le cœur des fans grâce à une narration de très bonne facture et des mécaniques de jeu très avancées pour l’époque, avec notamment des interactions avec l’équipage. Niveau ambiance, le titre de Bioware lorgnait du côté de Star Wars, tout en parvenant à développer son propre univers. Le gameplay a un peu vieilli, surtout pour le premier volet. En démarrant la compilation, le joueur pourra choisir d’entrée de jeu par quel épisode démarrer, sachant qu’il est possible de transférer votre personnage et vos choix d’un épisode à l’autre. Le comics Mass Effect Genesis est d’ailleurs présent dans les épisodes 2 et 3 et résume à lui seul l’aventure vécue dans le premier épisode, si vous souhaitez passer celui-ci. Évidemment, on ne peut que vous conseiller de commencer votre aventure à bord du Normandy à partir du premier épisode. Un opus qui, rappelons-le, est sorti en 2009. Inévitablement, le titre a vieilli, et tout particulièrement dans son gameplay. Les contrôles du personnage sont extrêmement rigides, le système de couverture n’est vraiment pas instinctif et il est nécessaire de sprinter vers l’obstacle pour s’y abriter, ou d’appuyer sur la touche en étant quasi collé à celui-ci pour faire l’action. De même que pour les accélérations de Shepard, le mouvement n’est absolument pas naturel. En plus de n’avoir aucune endurance, notre cher commandant est incapable de regarder autour de lui lorsqu’il sprinte. Le changement d’armes, qui se fait à partir d’une roue très peu maniable, semble lui aussi d’une autre époque et sera très vite remplacé par un système plus ergonomique dans les deux autres opus. Un souci très dérangeant, notamment dans des phases de gunfights qui manquaient déjà de punch et de dynamisme. Ici encore, les phases de shoot seront d’une qualité rare dans les épisodes 2 et 3, bien loin de ce que proposait – et propose toujours d’ailleurs – Mass Effect premier du nom. Les passages en Mako sont toujours d’un ennui abyssal malgré les quelques améliorations qui y ont été apportées. Quelques petites retouches ont néanmoins été apportées au gameplay de Mass Effect 1. Le menu de customisation de votre héros au début de l’aventure est inspiré de celui de Mass Effect 3. De plus, en combat, le système de surchauffe à été un poil revu, malgré des armes qui s’enrayent toujours aussi vite et qui, parfois font l’objet d’un bug terriblement dérangeant : certaines armes restent enrayées définitivement, nous forçant à changer en plein combat. De leur côté, les épisodes 2 et 3 n’auront pas nécessairement nécessité de grandes modifications de la part des équipes de BioWare. Mass Effect 2 était un titre beaucoup plus nerveux que son ancêtre. Le troisième volet améliorait encore la recette en mariant plus efficacement encore action et narration. Les passages en Mako, ce rover d’atterrissage sur une planète, ont également bénéficié de quelques améliorations. Le véhicule est désormais un brin plus maniable, même si c’est encore loin d’être parfait. La plupart des environnements explorés sont vides. De plus, malgré les quelques ajustements, la physique du Mako n’est pas vraiment réaliste, et la moindre collision envoie le véhicule dans tous les sens, sans réelle logique. Il est d’ailleurs possible de récupérer les contrôles originaux, si le besoin venait à se faire sentir. Enfin, un boost, directement hérité du Nomad ND-1 de Mass Effect Andromeda, vient accélérer ces phases que l’on aura tôt fait d’expédier. Néanmoins, ce n’est pas parce que le premier Mass Effect a mal vieilli que cela en fait un mauvais jeu, bien au contraire. Celui-ci posait les bases d’un lore et d’un gameplay qui a aujourd’hui fait ses preuves. Il est ainsi toujours extrêmement plaisant d’avoir un contrôle total sur le comportement de notre crew ou sur les propos tenus par le protagoniste. De plus, l’immense monde ouvert que proposait déjà le premier opus reste d’excellente facture, avec des mondes qui ont certes vieilli, mais qui sont toujours aussi beaux, et ce, encore plus aujourd’hui avec la 4K. Les trois opus s’affichent fièrement en 4K, mais on regrettera que les animations, faciales et autres, soient trop rigides, surtout sur le premier opus. En effet, il serait inconcevable de nier le fait que BioWare a fait un incroyable travail sur la restauration visuelle de ces trois épisodes. Bien plus beau qu’en 2009, Mass Effect premier du nom est aujourd’hui très joli, en arrivant presque à concurrencer le second épisode dans ses environnements et effets de lumière. Si l’on reprochera malgré tout un léger abus du lens flare, qui joue les cache-misère – ou nous en mettre plein la vue, le titre est désormais bien plus beau qu’en son temps. L’intégration du mode photo permet d’ailleurs d’immortaliser quelques paysages splendides, comme la Citadelle ou sur Terre. Les améliorations visuelles se font toutefois moins ressentir sur les épisodes 2 et 3. C’est d’ailleurs logique, les deux titres étant beaucoup plus récents. Mass Effect 3 reste d’ailleurs extrêmement beau, et la restauration qui lui est faite par les équipes de BioWare est d’excellente facture. Il faudra toutefois faire un choix entre la beauté des paysages en 4K et la fluidité du soft. On a désormais l’habitude sur consoles de devoir faire un compromis entre résolution et fluidité, Mass Effect Legendary Edition n’y fait pas exception. D’ailleurs, les consoles de Sony sont légèrement désavantagées par rapport à celles de Microsoft. En effet, la Xbox Series X, en mode performance, est capable d’afficher le soft à 120 FPS, là où la Playstation 5 est bloquée à 60 FPS. On ne vous recommandera toutefois pas de sélectionner les fréquences d’image, en raison d’un tearing et de chutes de framerate qui sont malheureusement trop prononcés sur consoles de salon. Malheureusement, la franchise affiche, ici aussi, quelques défauts liés inévitablement aux affres du temps. Que ce soit aussi bien sur Mass Effect 1, 2 ou 3, les animations faciales restent bien trop rigides et viennent ternir une narration pourtant excellente. On reste alors bien loin de ce qui se fait aujourd’hui, surtout en ce qui concerne le premier titre des aventures de Shepard. Le tout nouveau mode photo permet de profiter de la magnificence des environnements. Côté finition, le titre reste malheureusement trop imparfait. Malgré la centaine de bugs d’origine déjà corrigés par BioWare, on retrouve toujours un nombre impressionnant de bugs. A de nombreux moments, les ennemis en couverture ont tendance à subir du clipping, à l’instar des éléments de l’environnement. Comme évoqué plus haut, il nous est arrivé à de nombreuses reprises, dans le premier épisode, que notre arme tombée en surchauffe reste inutilisable, même après avoir refroidi. Les chargements, camouflés par des passages en ascenseur ou dans l’hyperespace, sont toujours présents afin de passer d’un environnement à un autre. Ils ont certes été fortement réduits, mais restent bien présents et viennent inévitablement rompre l’immersion. De leur côté, les IA, principalement alliées, sont d’un autre temps, surtout dans le premier épisode, et disposent d’un pathfinding trop peu élaboré. Vos amis sont bien trop passifs et se révèlent être d’une incroyable inutilité lors des affrontements. Les ennemis semblent quant à eux avoir suivi le même entraînement au tir que les stormtroopers tant leur imprécision fait tache. Si ce remaster apporte donc une petite touche de modernité à la trilogie Mass Effect, on regrette que les développeurs n’aient pas été plus loin dans la restauration de leurs jeux et ne nous proposent pas un remake de la trilogie dans son intégralité, plutôt qu’un simple remaster, vendu, rappelons-le, au prix fort. Conclusion BioWare remet au goût du jour l’une de ses sagas les plus emblématiques avec Mass Effect : Legendary Edition. Cette compilation rassemble non seulement les trois épisodes de la trilogie mais également tous leurs DLC – à l’exception d’une extension – , désormais parfaitement intégrés au récit original. Ce qui représente tout de même plus d’une centaine d’heures de jeu. Attention toutefois car si le jeu est vendu au prix plein, Mass Effect : Legendary Edition n’est pas un remake de la saga mais un simple remaster. Les développeurs ont certes amélioré les effets visuels des trois jeux, corrigé certains bugs et apporté quelques petites modifications au gameplay, mais il ne faut toutefois pas s’attendre à une refonte intégrale. Mass Effect 1 est beaucoup plus joli qu’en son temps, mais souffre toujours des mêmes défauts avec son gameplay pataud et ses nombreux bugs. Mass Effect 2 et 3 n’ont en revanche pas trop mal vieilli. Marchant sur les traces d’un Star Wars avec son univers SF d’une grande richesse, Mass Effect brille par la profondeur de son scénario mais aussi son gameplay, à mi-chemin entre TPS et RPG. Une valeur sûre pour les amoureux du genre, qui mérite le détour si vous étiez passé à côté des titres originaux. Reste qu’au vu du prix auquel ce remaster est proposé, on aurait clairement été en droit d’en attendre plus…