Victime d’un développement chaotique, Prey 2 avait été purement et simplement annulé par Bethesda, avant de renaître sous la forme d’un reboot pour la franchise de 3D Realms. Avec aux commandes le talentueux studio français à l’origine de la série des Dishonored, Prey s’annonçait comme l’une des belles surprises de ce mois de mai. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la franchise Prey aura vécu un développement chaotique. Repoussé à plusieurs reprises, le premier volet avait failli ne pas voir le jour. Fruit d’une collaboration entre 3D Realms (Duke Nukem) et Human Head Studios (Rune), le jeu s’était finalement imposé comme un très bon Doom-like, dans la plus pure tradition des FPS old-school. Sa suite, Prey 2, se voulait déjà un reboot de la franchise. Malheureusement pour le studio de développement, le projet a été annulé en cours de route et confié aux développeurs d’Arkane, auteurs de la franchise Dishonored. Repartis de zéro, les développeurs ont imaginé un FPS old-school dans la droite lignée de l’excellent Half-Life. Et, inutile de tourner autour du pot, le jeu n’a plus grand chose à voir avec son illustre prédécesseur. Plus d’indien, d’aliens ni de lance-roquettes à l’horizon. Arkane a remplacé l’univers post-apo gore du premier volet par un univers de film de science-fiction à gros budget, dans lequel le joueur incarne Morgan Yu, un scientifique plongé malgré lui au beau milieu d’un conflit intergalactique, qui va devoir tenter de survivre à une invasion extraterrestre à bord de la base spatiale Talos 1. Pas de complexes sous-terrains donc, de forêts luxuriantes ni de promenades lunaires puisque l’entièreté du jeu se déroule à bord d’une station spatiale. Vous vous en douterez, les décors du jeu ne sont pas très variés. En revanche, le level-design est tout bonnement exceptionnel. Si, de prime abord, les environnements et le scénario du jeu déçoivent, on se surprend à très vite se passionner pour les aventures de notre scientifique. Non pas que le titre réserve d’incroyables surprises au niveau de son scénario, mais plutôt pour la richesse de son gameplay. Car le nouveau Prey se veut un mix d’Half-Life et de Deus Ex, rien que ça. Comme nous l’avons dit plus haut, le level-design joue un rôle primordial dans Prey. Chaque passage dans le jeu peut être abordé de différentes manières. Ainsi, pour accéder à une salle, le joueur peut choisir de trouver un pass qui lui ouvrira la porte en suivant le cheminement classique de la mission, ou tenter de contourner le problème en trouvant une entrée alternative. Pour ce faire, il devra utiliser une arme spéciale qui permet d’envoyer des boules de mousse qui se colleront au décors et lui permettront d’évoluer à la verticale. L’accessoire permet également de colmater des brèches, de pétrifier un ennemi ou encore de stopper un incendie. Bref, autant de possibilités qui témoignent de l’incroyable potentiel du jeu. A côté de cela, on retrouve bien sûr toutes les armes classiques, mais aussi des pouvoirs que l’on améliorera tout au long de l’aventure, et qui offriront une approche différente du champ de bataille. Car c’est bien là l’une des richesses de Prey. Comme dans Dishonored, le joueur se voit toujours offrir plusieurs approches possibles : de l’infiltration à l’attaque frontale en passant par l’utilisation de super-pouvoirs destructeurs. Au niveau de son gameplay, Prey frappe donc très fort. Les possibilités sont nombreuses, les gunfights nerveuses, les niveaux vastes et l’univers du jeu très riche. En outre, le joueur pourra améliorer ses performances via un arbre des compétences et aura accès à un inventaire complet. Tous les éléments d’un très bon FPS sont là… Malheureusement, et c’est sans doute le plus gros défaut du jeu, si les ennemis que l’on affronte ont une classe folle, et disposent d’un joli character-design, ils manquent cruellement de diversité et on vient vite à regretter de ne pas affronter des marines ou des extra-terrestres au look plus archaïque. Ceci étant dit, les Mimics se subdivisent tout de même en plusieurs catégories, qui disposent de leurs propres attributs et attaquent de manière très différente. On soulignera d’ailleurs le travail exceptionnel qui a été réalisé de la part des développeurs sur l’intelligence artificielle de ces créatures, qui vous surprendront à plus d’une reprise de par leur agilité et leur capacité à construire des plans machiavéliques pour vous éliminer froidement au moment où vous vous y attendez le moins. Car les Mimics sont des créatures très fourbes qui excellent dans les combats au corps à corps, occasionnant de jolies frayeurs au joueur… Intelligent, le gameplay de Prey n’a rien à envier aux meilleurs jeux de tir à la première personne. Le titre d’Arkane est d’ailleurs à classer dans la même catégorie que les Half-Life et autres Deus Ex. De l’arsenal à l’arbre de compétences en passant par le level-design où le character-design, tout ou presque dans Prey transpire le génie. Au final, nos seuls regrets concernent le manque de diversité des environnements et des ennemis, et le rythme du jeu qui a tendance à s’essouffler de temps en temps, avec des passages très nerveux et d’autres beaucoup plus calmes. Visuellement, le jeu est également une belle réussite malgré quelques bugs, des visages peu expressifs et des décors qui auraient sans doute mérités d’être un peu plus vivants. Les animations sont superbes, les effets spéciaux magnifiques et le jeu très agréable à parcourir de bout en bout. La bande sonore finit d’ajouter la petite touche finale que l’on attendait d’une grosse production. Dernier point important à noter, la durée de vie du jeu est très nettement au-dessus de la moyenne. En ligne droite, les joueurs les plus aguerris le boucleront en une dizaine d’heures, en prenant le temps de réaliser quelques quêtes secondaires. Ceux qui prendront leur temps passeront facilement 15 à 20h dans Prey. Largement de quoi vous tenir occupé donc! Conclusion Si certains joueurs regretteront le tournant pris par la franchise avec ce second volet, qui n’a plus rien à voir avec le jeu d’origine, il faut bien reconnaître l’extraordinaire travail accompli par les équipes d’Arkane, qui nous livrent ce qui est sans doute l’un des meilleurs FPS de cette année. Très riche au niveau de son gameplay, Prey n’a rien à envier à un Deus Ex ou un Half-Life. Comme les deux titres précédemment cités, il réserve une expérience de jeu riche et complexe, dans des décors certes relativement peu variés mais qui disposent d’un incroyable level-design et permettent toujours plusieurs approches du champ de bataille. Avec sa durée de vie colossale, ses ennemis teigneux, ses graphismes superbes et son univers sombre, Prey est un titre qui séduira les vieux de la vieille. Son charme ne séduira toutefois pas forcément tous les joueurs.