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L’Europe veut produire de l’électricité depuis l’espace

Le directeur de l’Agence spatiale européenne a déclaré que l’Europe envisageait sérieusement de développer l’énergie solaire dans l’espace. L’objectif ? Accroître son indépendance énergétique et réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

Cela fait quelque temps que l’Agence spatiale européenne (ESA) a commandé des études sur le développement de l’énergie solaire dans l’espace. Le but ? Évaluer les coûts et les avantages de ce concept. Ce mois-ci, l’ESA a publié deux d’entre elles, destinées à fournir des informations techniques et programmatiques aux décideurs politiques européens.

Le concept d’énergie solaire

Le procédé de l’énergie solaire dans l’espace est relativement simple. Des satellites en orbite au-dessus de l’atmosphère, à 36 000 km de la Terre, auront pour mission de capter l’énergie dans l’espace. Un faisceau de micro-ondes transférera ensuite l’électricité produite sur Terre, sans fil. Des cellules photovoltaïques ou des antennes se chargeront de la réceptionner. La technologie convertira ensuite l’énergie en électricité.

“Le concept de base existe depuis longtemps, mais la nécessité de trouver de nouvelles sources d’énergie propres et sûres pour faciliter la transition de l’Europe vers un monde sans émissions de carbone d’ici à 2050 lui a donné un caractère d’urgence”, peut-on lire dans un rapport publié début août.

Un projet plein d’ambition

Les deux rapports de consultation traitent du développement des technologies et du financement nécessaires pour commencer à mettre en ligne ce système d’énergie spatiale. “Il appartiendra à l’Europe, à l’ESA et à ses États membres de repousser les limites de la technologie pour résoudre l’un des problèmes les plus pressants pour les habitants de la Terre de cette génération”, a déclaré Josef Aschbacher, directeur général de l’agence spatiale. L’organisation intergouvernementale regroupe 22 États membres. Selon ses prévisions, le développement du système d’énergie solaire pourrait commencer en 2025.

Le rapport du 9-8 août explique que des installations massives en orbite géostationnaire pourraient répondre à environ un quart ou un tiers de la demande en électricité. Tout en sachant que l’Europe consomme actuellement environ 3 000 TWh d’électricité par an. Ce projet pourrait aussi avoir pour effet de booster l’innovation. Selon l’ESA, le lancement d’un programme d’énergie solaire dans l’espace pourrait stimuler le développement en Europe d’une fusée super lourde réutilisable. Aussi, “comme l’énergie est transférée sans fil, il sera possible de la transférer vers des stations réceptrices là où elle est nécessaire, même sur la Lune ou sur d’autres planètes, où une alimentation en énergie facilement disponible renforcera notre capacité à explorer ces endroits”, explique le document.

Un procédé d’avenir

Un des principaux avantages de la collecte de l’énergie solaire depuis l’espace, plutôt que sur le sol, est qu’il n’y a pas d’alternance jour/nuit dans l’espace. La centrale solaire spatiale peut donc produire de l’énergie en continu. À savoir que la lumière du soleil est en moyenne plus de dix fois plus intense au sommet de l’atmosphère qu’à la surface de la Terre. De plus, “les panneaux solaires ne peuvent produire de l’énergie que pendant la journée, les nuages font souvent obstacle et une grande partie de la lumière solaire est absorbée par l’atmosphère pendant son trajet vers le sol”, introduit un des rapports.

Toujours selon l’ESA, un seul satellite solaire de l’envergure prévue produirait environ 2 gigawatts d’énergie. C’est l’équivalent d’une centrale nucléaire classique, capable d’alimenter plus d’un million de foyers. En guise de comparaison, à la surface de la Terre, il faudrait plus de six millions de panneaux solaires pour produire la même quantité.

Les inconvénients à prendre en compte

Le coût de l’acheminement du matériel en orbite n’est pas à négliger, tout comme l’acheminement de l’électricité sur Terre par ondes. Deux procédés qui nécessitent une installation et une maintenance complexes. Aussi, chacun de ces satellites aurait une masse plus de dix fois supérieure à celle de la Station spatiale internationale. Pour rappel, la station pèse 450 tonnes et son assemblage en orbite terrestre basse a duré plus d’une décennie. Le lancement des composants de ces satellites constituera donc un véritable défi.

En guise d’illustration, le développement et le déploiement de ces systèmes coûteraient des centaines de milliards d’euros. “Par le passé, en raison des coûts de lancement élevés, les satellites solaires n’étaient pas considérés comme économiquement compétitifs par rapport aux solutions terrestres”, rappelle l’ESA. Mais l’agence assure que les coûts de lancement à l’échelle mondiale continuent de baisser. La construction de tels satellites serait donc économiquement réalisable.

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