Sixième opus de la série Sniper Elite, Resistance s’intéresse cette fois à ces hommes et femmes français qui ont lutté dans l’ombre pour leur liberté pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette année marque les 20 ans d’une des plus célèbres franchises de jeux de sniper. C’est en effet en 2005 que sortait Sniper Elite sur PS2, Xbox et Wii. Un titre qui, contrairement aux mastodontes de l’époque qu’étaient Medal of Honor et Call of Duty, orientait son gameplay vers une approche plus tactique de la guerre, le joueur incarnant un tireur d’élite peu amateur des mitraillettes et autres fusils d’assaut. Deux décennies plus tard et plus de 10 millions de copies écoulées, Sniper Elite s’offre un sixième épisode qui s’intéresse, cette fois, à la résistance française. La résistance, c’est ce pan de la Seconde Guerre mondiale qui est rarement représenté dans un jeu vidéo. Après son cinquième opus qui prenait place en France, Rebellion a voulu garder sa franchise au sein de l’Hexagone et de la faire intégrer ce groupe de citoyens prêts à se battre pour la liberté de leur patrie. Avec ce nouvel épisode, Karl Fairburne prend une retraite bien méritée et laisse sa place à Henry Hawker, un agent de la Direction des Opérations spéciales britannique. Après avoir appris que les Nazis développaient une toute nouvelle arme de destruction massive, il se donne comme mission de stopper le train infernal de la guerre totale. Pour ce faire, notre sniper britannique va partir aux quatre coins de la France pour aider la résistance dans sa quête. Il fera la rencontre de multiples personnages avec qui il se liera d’amitié au cours de dix missions (dont une qui requiert l’achat d’un DLC) très moyennement narrées. Cela n’a jamais été le fort de la franchise, et cet épisode n’y fait pas exception. Les quelques cinématiques avant et après un niveau sont plutôt fades et n’apportent rien de vraiment neuf à l’histoire. De plus, ce Resistance s’inscrit comme une suite directe à Sniper 5, mais aucune mention n’y est faite, ni par rapport au scénario ni simplement à Karl Fairburne. Celui qui est un habitué de la franchise ne sera très clairement pas dépaysé avec ce nouvel opus. En effet, on retrouve exactement la même structure que dans le cinquième épisode, avec très peu de nouveautés. Chaque mission vous envoie sur une carte différente très habilement construite et où vous aurez l’occasion de retrouver, au-delà de la floppée de nazis à abattre, des missions secondaires et des collectibles à récupérer. Cela va des éléments de décor à détruire aux documents apportant un petit plus à la narration en passant par des établis à débusquer. Trouver ces collectibles est à la fois important pour la narration du titre, mais également pour le gameplay, puisqu’ils permettent d’améliorer les armes voire d’en débloquer de nouvelles. Autant dire que le joueur qui n’est pas fan d’exploration aura affaire à une durée de vie très réduite et à un gameplay peu varié dû au manque de diversité dans les armes proposées. Le gameplay nous propose autant de privilégier les éliminations au corps à corps que les éliminations à distance. Un collectible original vient s’ajouter à ceux déjà présents dans les précédents opus : les affiches de la Résistance. Extrêmement bien cachées, elles sont toutes réparties dans les niveaux. Les trouver permet de débloquer les “défis de propagande”, un nouveau mode de jeu qui vient s’ajouter au multijoueur, à l’invasion des forces de l’Axe et au mode Survie. Ces “défis de propagande” sont un nouveau mode dans lequel vous incarnez un résistant français à qui est attribué un défi : précision, discrétion et combat. Le premier requiert que l’on enchaîne les tirs à la tête avec un fusil de précision, le deuxième privilégie d’éliminer discrètement les ennemis pour faire reculer le temps et le dernier récompense les explosifs et les armes lourdes. C’est sympa, ça diversifie quelque peu le gameplay qui se fait vieillot, mais ça ravive surtout de lourdes plaies ouvertes. Ce qu’il faut savoir en jouant à ce Sniper Elite Resistance est que le gameplay n’a pas bougé d’un iota depuis le dernier épisode. Les défis précédemment mentionnés sont la seule véritable nouveauté. Ainsi, les qualités, mais surtout les défauts qui étaient propres au gameplay sont de retour ici. Les célèbres kill-cam à rayons X sont bien entendu de retour pour notre plus grand plaisir pour sublimer les tirs de précision, mais également sur certains tirs à l’arme de poing ou sur les éliminations au corps à corps. Nous apprécions également le très juste level-design qui, en plus d’offrir des niveaux très sympathiques, variés et plutôt grands, laisse libre à court à l’imagination pour mener à bien une mission. Tantôt les joueurs pourront adopter une approche furtive, tantôt ils pourront rentrer dans le lard à coups d’explosifs et d’armes non silencieuses, et ce, pour la même mission. La killcam, très appréciée dans la série, est également disponible pour les éliminations par explosifs ou armes de poing. Mais malheureusement, les défauts des précédents épisodes restent bien d’actualité dans cet épisode. C’est ainsi que nous ne pouvons que regretter le manque de justesse dans l’approche des gunfights. Si les phases de furtivité et au corps à corps sont presque irréprochables, c’est bien les phases où on dégaine notre fusil d’assaut et que l’on tire à tout-va qui nous ont beaucoup déplu. Très peu réussies, elles sont d’une rigidité sans nul autre pareil et ne procurent clairement pas les mêmes sensations que peut apporter un tir réussi au fusil de précision. C’est ce manque de justesse qui nous pousse presque constamment à éviter les approches frontales autant que faire se peut pour privilégier une approche plus furtive, bien plus réussie en bien des points donc. L’autre gros point noir au niveau du gameplay, et qui fait lui aussi tache depuis bien des années, c’est la stupidité de l’IA. Les trois zones d’alerte sont extrêmement mal calibrées et il n’est pas impossible qu’un ennemi entende un coup de feu provenant d’une arme avec silencieux alors qu’il s’est produit à une centaine de mètres. Le contraire est tout aussi vrai, puisque nous avons souvent eu affaire à des ennemis totalement stupides qui ne bougeaient plus d’un iota sans aucune raison apparente, cachés derrière un muret. Visuellement, ce n’est pas trop ça. Sans être vilain, le jeu propose les mêmes graphismes qu’en 2022, déjà datés à l’époque. Enfin, lorsque nous vous disions que Resistance faisait plutôt office d’un add-on à Sniper Elite 5 plutôt qu’à un véritable nouveau jeu, ce n’est pas sans raison. Au-delà du gameplay inchangé, c’est tout un moteur de jeu, déjà vieillissant en 2022, qui est de nouveau utilisé en 2025 pour cet épisode. Cela se ressent dans la modélisation des personnages, mais aussi et surtout dans la beauté des décors qui, sans être vieillots, nous ramènent quelques années en arrière avec des graphismes qui ne sont pas vraiment dignes des PS5 et Xbox Series. Conclusion Avec Resistance, on a affaire à une copie ligne de code pour ligne de code de Sniper Elite 5. Les équipes de Rebellion ne semblent pas s’être foulées avec ce sixième opus. Alors, certes, Sniper Elite 5 était un bon jeu dont il convient de souligner les qualités. Qualités qui sont toutes représentées dans ce Resistance, qui fait principalement office d’add-on au précédent épisode plutôt qu’à un tout nouveau jeu. Mêmes qualités, même environnement de jeu (la France), même gameplay mêlant à la fois furtivité et assaut, mais également mêmes défauts qui commencent à devenir lassants. Car si on prend certes notre pied en parcourant Sniper Elite Resistance, on regrettera que les développeurs aient copié un jeu vieux de trois ans et n’aient pas cherché à améliorer la formule ou à la peaufiner. Sniper Elite Resistance a beau être un jeu intéressant, il continue en effet de reprendre les défauts de ses prédécesseurs : moteur graphique vieillot, bugs à tire-larigot, IA aux fraises et gunfights à l’arme de poing ou au fusil d’assaut pas franchement mémorables. Il serait ainsi temps pour les développeurs de se ressaisir et de donner un sérieux coup de neuf à sa franchise qui fête cette année ses 20 ans.