Les smartphones font partie intégrante de notre quotidien. À un tel point que nous pouvons ressentir une véritable peur si notre smartphone disparaît ou cesse de fonctionner. Cette peur a un nom : la nomophobie. Seriez-vous prêt à éteindre complètement votre smartphone et à le mettre dans un placard durant une journée entière ? Si la réponse est “non”, il se peut que vous soyez atteint de nomophobie. À première vue, ce concept peut prêter à sourire, mais il reflète pourtant un mal-être conséquent de notre époque. Le mot “nomophobie” a même fait son entrée dans le Petit Robert, en 2017. Mais que représente ce concept ? Le mot “nomophobie” est la contraction de “no mobile-phone phobia”. Il est donc question d’une peur irrationnelle de ne plus avoir accès à son smartphone. Les causes peuvent être multiples : batterie déchargée, oubli de l’appareil à la maison, absence de connexion. Ainsi, les personnes atteintes de nomophobie vont, dès le réveil, se précipiter sur leur smartphone. De la même façon, une personne atteinte de nomophobie aura du mal à rester sereinement assise durant un long vol, sans accès à une connexion Wi-Fi. En 2020, une étude publiée dans la revue International Journal of Environmental Research and Public Heal a mis en lumière l’ampleur de cette phobie. Cette étude, menée en Australie auprès de 2.838 participants, a conclu que 99,2 % des interrogés présentaient, au moins, une forme légère de nomophobie. Par ailleurs, une forme sévère de nomophobie a été constatée pour pas moins de 13,2 % du panel. Au-delà de l’anxiété ressentie, cette étude a également conclu que les personnes atteintes d’une forme de nomophobie sévère pouvaient adopter un comportement dangereux afin de pouvoir avoir accès à leur smartphone. À l’heure actuelle, la nomophobie n’est pas reconnue scientifiquement comme une maladie distincte. Si l’addiction aux jeux d’argent est reconnue, l’addiction aux smartphones ne l’est pas. Pourtant, nombreuses sont les personnes qui ressentent une réelle anxiété lorsqu’elles n’ont pas accès à leur smartphone. Notons enfin que la nomophobie est à mettre en lien direct avec le concept de FOMO (Fear Of Missing Out), soit une peur irrationnelle de rater une information lorsque nous n’avons pas accès à notre smartphone. Les “dumb phones” comme remède Les personnes atteintes de nomophobie peuvent adopter certaines méthodes pour atténuer progressivement les symptômes de cette addiction, comme : s’imposer des heures d’utilisation dans la journée, supprimer les applications addictives ou encore télécharger une application qui pose des limites d’utilisation. Mais c’est sans doute le succès des dump phones qui démontre le plus une volonté d’une partie de la population de se sevrer numériquement. Pour rappel, un dumb phone est un téléphone “bête”, en opposition aux smartphones (téléphones intelligents). À titre d’exemple, nous avons récemment assisté aux retours du Nokia 3210 et du Nokia 6310. Sur ces téléphones aux fonctionnalités limitées, il est impossible de télécharger Facebook, Instagram, Snapchat ou encore TikTok et son algorithme particulièrement efficace. De ce fait, les utilisateurs n’ont aucune chance de tomber dans ”le terrier de lapin”. Impossible également de téléchargement des applications de e-commerce telles que Temu et ses jeux de casino. En résumé, les utilisateurs de dumb phones sont en grande partie préservés du monde numérique. Au-delà de la nostalgie et de leur mythique solidité, les dump phones se présentent donc comme un véritable remède à la nomophobie. Reste maintenant une réalité qu’il est difficile d’occulter : notre travail et nos relations nous ramènent bien souvent à une connexion Internet. Dans tous les cas, il est sans doute préférable de repenser notre relation au numérique.