Parmi les jeux les plus attendus de cette fin d’année, Spider-Man 2 figurait sans aucun doute tout en haut de la liste, aux côtés de Starfield. Et comme le jeu de Bethesda, il ne déçoit pas. C’était la seule exclusivité PS5 first-party de l’année (hors Final Fantasy XVI donc) – et incontestablement l’un des jeux les plus attendus de 2023. Après la déception Miles Morales, Insomniac Games nous livre enfin la suite, la vraie, de Spider-Man. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le studio a vu les choses en grand… La mise en scène est très cinématographique. Si Miles Morales n’était pas un mauvais jeu, bien au contraire même, son contenu très léger et son côté démo technique avaient forcément déçu les fans de Spider-Man, qui s’attendaient avec ce spin-off à un jeu aussi généreux que le premier épisode. Il faut bien l’avouer, Miles Morales tenait difficilement la comparaison. Tout au plus y verra-t-on un prologue à ce second volet, qui a lui le mérite le meilleur des deux mondes puisque le jeu réunit les deux Spiderman dans un seul scénario. L’histoire prend place quelques mois après les événements narrés dans Miles Morales. Nos deux hommes-araignées doivent soudainement faire face à une nouvelle menace qui s’attaque à la ville. Et d’entrée de jeu, on comprend que le studio a revu ses ambitions à la hausse avec un jeu beaucoup plus cinématographique dans sa présentation, qui nous en met plein les yeux avec des séquences d’action musclées, de l’adrénaline et une réelle volonté de rester le plus proche possible du matériau d’origine. Que les fans de Spidey se rassurent donc, Spider-Man 2 est la suite qu’ils attendaient. Plus ambitieux que le premier volet, le jeu joue la carte de la surenchère à tous les niveaux. Plus de séquences d’action, des boss plus titanesques que jamais, plus de costumes, plus de fan service, des invités de marque et quelques brillantes idées. Insomniac Games est à la fois fidèle au matériau d’origine et prend également quelques énormes libertés. Comme dans le premier volet, le rôle de Black Cat est très léger – sa relation avec Peter étant beaucoup plus développée dans les comics -, et surtout nos chers superhéros ont tendance à user et abuser de pouvoirs qu’on ne voit pas vraiment dans les comics, à l’image de l’espère de wingsuit qu’ils sont capables d’utiliser pour se déplacer rapidement dans les airs, de quartier en quartier. Il faut l’avouer toutefois, le costume en question est extrêmement pratique à utiliser, même s’il dénature le gameplay du jeu… Le wingsuit est l’une des principales nouveautés de cet épisode. Vous l’aurez compris, Insomniac a pris les libertés nécessaires pour tenter de rendre son jeu meilleur et surtout lui donner la direction narrative d’un blockbuster, tout en laissant de côté les éléments et personnages qui pourraient déranger dans une production grand public. La démarche est en soi logique. Côté scénario, Spider-Man 2 joue un peu les pots-pourris en glissant un paquet de super-vilains et d’invités de marque dans un scénario à rallonge. Ce n’est pas forcément passionnant de bout en bout, mais ça a le mérite d’être admirablement mis en scène à travers des cinématiques et séquences de jeu variées. Pour autant, difficile de totalement accrocher à ce MCU-bis. Notre principal reproche ici concerne les personnages, souvent très creux, sous-exploités et au faciès dépourvu de la moindre humanité. A quelques exceptions (principalement, les bad guys), le character design n’est pas la force du jeu. Et c’est bien dommage car c’est sans doute là le principal défaut de ce Spider-Man 2, qui manque clairement d’humanité. Côté casting, on apprécie toutefois la présence en particulier de deux super-vilains dans cet opus : Venom, qui prêtera ses pouvoirs à Spidey dans cet épisode, et Kraven le chasseur. Venom et Kraven sont au coeur de cette nouvelle intrigue. Spider-Man 2 reprend la formule de ses prédécesseurs : un vaste monde-ouvert avec comme terrain de jeu New-York, des missions principales, beaucoup d’activités secondaires, un personnage qui évolue en acquérant de nouvelles capacités, un mélange d’exploration, d’action et de mini-jeux… Une formule classique de GTA-like en somme. La force du jeu, ça reste bien entendu ses combats et ses séquences d’action. Spider-Man 2, c’est avant tout un beat them all brutal et extrêmement bien fichu, dans lequel on ne matraque pas un bouton, mais on alterne plutôt les attaques spéciales. le joueur se voit souvent donner la liberté d’une attaque frontale ou d’une infiltration. Auquel cas il pourra tranquillement mettre KO ses adversaires les uns après les autres en se faufilant dans leurs dos. Clairement, les séquences d’infiltration sont moins réussies. L’IA n’est pas du tout au point, le jeu a tendance à être trop facile et surtout, on n’a pas beaucoup de diversité dans ces séquences de jeu qui se réduisent trop souvent à tisser une toile en hauteur pour éliminer tout à tour chaque ennemi en attendant calmement qu’ils passent en-dessous de la toile. Du coup, on aura tendance à privilégier les combats, qui sont funs, parfois assez techniques mêmes, et qui nous en mettent surtout plein les yeux niveau mise en scène. Alors oui, le sens de l’araignée a tendance à nous faciliter un peu trop la tâche. Une alerte et hop, on appuie sur le rond pour effectuer une parade… Mais quel fun se dégage des affrontements. Les super-attaques sont nombreuses, évoluent au cours de l’aventure et interchangeables. Elles vont du coup de poing explosif pour Morales à l’attaque avec des griffes en métal pour Spidey. Comme dans les précédents épisodes, il est aussi possible de mettre K.O. un adversaire d’un seul coup après avoir enchainé des combos, en pressant simplement sur deux touches. A utiliser de préférence pour éliminer les ennemis les plus retords. S’il y a un reproche à adresser au jeu dans sa partie combat, c’est sans doute le manque de diversité entre les deux personnages, qui se ressemblent au final beaucoup. Leurs pouvoirs ne sont pas assez exploités. Et même la symbiote, qui ajoute pourtant de nouvelles attaques au personnage de Peter Parker, ne change finalement pas grand chose à la donne. Que vous jouiez plus Peter ou Miles, vous n’aurez pas vraiment l’impression de vivre une aventure différente, et c’est bien dommage. La symbiote n’apporte finalement pas beaucoup au gameplay… De façon générale, c’est toutefois surtout à travers ses combats de boss, admirablement mis en scène, que le jeu brille le plus. La séquence d’ouverture donne le ton. Insomniac maîtrise les codes du cinéma avec maestria. Le jeu nous en met plein les yeux alternant séquences de parkour, de courses poursuites, combats, fuite, QTE… Jusqu’à un bouquet final explosif. Et ce second épisode fait encore davantage exploser le compteur en enchainant les séquences d’anthologie. L’ennui, c’est qu’entre ces missions principales, on a l’impression de rejouer à Miles Morales, qui était déjà une redite du premier volet. Les missions secondaires sont atrocement creuses : elles enchainent les combats ultra-répétitifs, les mini-jeux si médiocres qu’Insomniac a même glissé une option pour les zapper, et les séquences narratives à rallonge. L’open world de Spider-Man 2 a beau être réussi, on a cette désagréable impression de rejouer pour la troisième fois au même jeu. C’est un fait, Spider-Man 2 n’a d’intérêt que pour son histoire principale. Sauf si, bien sûr, vous aviez zappé le premier volet. Excellent beat them all, le jeu ne se montre être qu’un open-world très moyen. Ceci étant dit, cela ne veut pas dire que les activités secondaires sont toutes à jeter. Tout d’abord, parce que la ville est toujours aussi vivante et brille par sa diversité. La carte du jeu est gigantesque (2x plus grande que dans l’original !) et on prend un réel plaisir à se balader dans les rues de New-York, que ce soit à pied, en tissant sa toile ou en volant dans les airs. D’autant plus qu’Insomniac ne vous forcera plus à activer les tours de la ville, comme c’était le cas auparavant. Un choix intelligent dans la mesure où la “formule Ubisoft” commence légèrement à nous taper sur les nerfs. Autre très bon point : l’évolution des personnages. Il y a dans ce Spider-Man 2 un paquet de trucs à récupérer aux quatre coins de la ville, qu’il s’agisse d’expérience pour débloquer de nouveaux pouvoirs pour chacun des deux personnages ou pour l’un des deux uniquement, des tenues, des ressources ou des upgrades de santé / vitesse / dégâts et concentration. Tout au cours de l’aventure, vous sentirez la montée en puissance de votre personnage. Les personnages gagnent en puissance tout au long de l’aventure. Spider-Man 2 multiplie également les séquences iconiques, que ce soit le combat d’ouverture du jeu qui en met plein les yeux ou la poursuite de Black Cat, dans l’un des premiers chapitres du jeu, réalisée avec maestria puisqu’il faudra continuellement s’engouffrer dans des failles téléportant le joueur à d’autres endroits de la ville… Visuellement superbe. Si la formule fonctionne avec brio, on ne peut s’empêcher de penser que Spider-Man 2 peine à sortir des sentiers battus. C’est une suite somme toute très classique qui joue la carte du bigger, better, faster mais qui n’apporte pas de nouveauté révolutionnaire, se contentant d’améliorer une recette qui fonctionnait déjà assez bien. Tout ne fonctionne pas toujours aussi bien qu’on l’aurait voulu, l’open-world est vite répétitif et surtout, on ne peut s’empêcher de pester face à la pauvreté des missions secondaires qui ne sont là que pour gonfler artificiellement la durée de vie du jeu. Ceci étant dit, l’aventure principale est déjà très généreuse. Comptez un peu moins de 20h pour en voir le bout. Notre plus gros regret concerne toutefois la technique. C’est bien simple, on n’a pas l’impression que le jeu a évolué visuellement en trois ans. C’est toujours le même moteur, les mêmes effets visuels, et si le ray-tracing apporte beaucoup à l’esthétique, il n’est pas suffisant pour nous faire oublier la pauvreté des modélisations des visages des protagonistes. Par moment, le jeu est très beau. Souvent, c’est en extérieur, quand on regarde à travers les vitrines, qu’on admire son reflet tout en cherchant les détails à travers une vitre… En intérieur, Spider-Man 2 nous en met beaucoup moins dans les yeux. C’est joli, parfois juste correct. On en vient même à se demander si le développement du jeu n’a pas démarré sur PS4. Espérons qu’avec le prochain volet, Insomnia explorera enfin à son vrai potentiel les capacités de la PS5. Par ailleurs, si le jeu brille au niveau de sa bande sonore, avec d’excellentes musiques d’ambiance et doublages (FR et anglais), on ne peut pas en dire autant de la finition, avec beaucoup de bugs graphiques dont parfois des bugs qui vous bloqueront dans votre progression. Il nous est ainsi arrivé à 3 reprises de devoir recharger un checkpoint après être resté bloqué dans les décors… Conclusion Marchant sur les traces du premier volet, Spider-Man 2 joue la carte de la surenchère avec des séquences de jeu mémorables face à des super-vilains emblématiques de l’univers Marvel. Insomniac maîtrise beaucoup mieux la narration et la mise en scène dans ce second volet, qui nous en met plein les yeux et propose un contenu très généreux. La ville est deux fois plus grande que dans le premier volet, on a désormais la possibilité de contrôler deux Spider-Man, l’aventure est longue, les séquences de jeu variées et il y a un paquet d’à côtés. Si on apprécie la présence de plus de 40 costumes à débloquer, on se dit parfois qu’il aurait mieux valu qu’Insomniac concentre ses efforts sur certaines missions secondaires – celles-ci ont tendance à être très nombreuses, très répétitives et peu intéressantes, qu’il s’agisse des crimes à stopper, des matériaux à collecter ou des missions avec narration. Décevant dans sa partie open-world malgré l’abondance de contenu, Spider-Man 2 brille en revanche dans ses combats avec un système d’affrontements peaufiné, des combats de boss gigantesques, de nouveaux mouvements et tenues. Un jeu à grand spectacle qui rappelle un bon gros blockbuster, et qui trouvera sans l’ombre d’un doute son public. Attention toutefois à ne pas être déçu par la réalisation. Visuellement, le jeu n’a que très peu évolué en cinq ans, hors ray-tracing, et la finition laisse de marbre, avec des bugs parfois bloquants rencontrés durant l’aventure. Que les fans se rassurent : si Spider-Man 2 n’est pas une révolution, il s’impose sans difficulté comme la meilleure adaptation de Spider-Man en jeu vidéo.