De nouvelles recherches démontrent que la lutte contre les sites pirates peut diminuer le trafic, mais ne semble pas rediriger les utilisateurs vers les plateformes payantes. Le blocage des sites de streaming illégaux est-il une stratégie payante ? De nouvelles recherches de l’université de Carnegie Mellon en Pennsylvanie démontrent que l’enrayement des sites pirates diminue bel et bien le trafic mais ne profite pas aux plateformes légales. En effet, selon une conclusion de plusieurs études, les utilisateurs de ces sites ne se redirigent pas ou peu vers les services de VOD et de télévision payants après les blocages. L’étude universitaire qui dresse ce bilan a été menée par des chercheurs de la Catolica-Lisbon School of Business and Economics du Portugal et est en lien avec l’université américaine. Pour ce faire, les chercheurs ont complété deux précédentes études britanniques. La première avait notamment analysé le blocus local du site The Pirate Bay, l’une des plus grosses plateformes pirate active depuis 2003. Les chercheurs avaient ainsi observé que les utilisateurs de la plateforme s’étaient très vite tournés vers d’autres sites pirates, des VPN et des proxies pour contourner les restrictions. La deuxième étude avait démontré quant à elle la diminution du trafic dès lors qu’un grand nombre de sites pirates avaient été bloqués. Des conclusions limitées La récente étude portugaise confirme ainsi les deux précédentes. Les chercheurs se sont basés sur un échantillon de 100 000 utilisateurs anonymes, donné par un fournisseur de télécommunication. Même constat donc, le trafic diminue lorsque les sites pirates sont bloqués. Pourtant, les chercheurs ont également observé une augmentation de la recherche des termes “proxy”, “VPN” et “DNS” dès la mise en place des restrictions. “Ces chiffres (ceux rapportés par les chercheurs, ndlr) suggèrent que bien que le blocage de sites Web semble avoir été efficace pour éloigner certains foyers du piratage, certains utilisateurs ont appris à contourner les blocages DNS et ont probablement continué à télécharger du contenu à partir des sites Web bloqués”, analysent-ils. Toutefois, les conclusions de ces études semblent restreintes. Par exemple, les résultats se limitent principalement au piratage via BitTorrent. Or, il existe d’autres options pour les utilisateurs, notamment les IPTV. Grâce à ses petits boîtiers branchés à un téléviseur, n’importe qui peut avoir accès à des centaines de chaînes et même à des grosses plateformes de VOD comme Netflix ou Disney +. Le tout, pour une quinzaine d’euros par mois seulement. Les IPTV sont d’ailleurs souvent attaquées par les fournisseurs d’accès à internet (FAI) et les institutions. Pour rappel, selon une étude de l’Alliance audiovisuelle contre la piraterie (AAPA), plus de 450 000 belges ont utilisé des IPTV illégales en 2022, soit 5,4% de la population.