Nouveau jeu du petit studio belge Warcave, qui nous avait précédemment livré le sympathique War Party, Black Legend nous emmène à la découverte du folklore néerlandais à travers un tactical-RPG ambitieux. Vous vous souvenez peut-être du sympathique War Party, un petit jeu de stratégie sans ambition qui était parvenu à agréablement nous surprendre avec son univers coloré et sa grande accessibilité. Ses créateurs nous reviennent aujourd’hui avec leur seconde création, le bien nommé Black Legend. Basé à Geel, en Belgique néerlandophone, le petit studio s’est lancé dans un projet beaucoup plus ambitieux cette fois avec un RPG tactique au tour par tour, proche d’un X-Com dans son principe, mais dans un univers médiéval-fantastique. La force du jeu, c’est bien sûr son contexte atypique. Le titre nous propose de partir à la découverte d’une ville qui a été frappée par une terrible malédiction. Dans la peau d’un aventurier, il faudra explorer la ville et affronter les cultistes et monstruosités que vous y croiserez avec votre petite troupe de guerriers. Black Legend n’est pas le RPG le plus accessible… Sur le papier, le titre avait tout pour séduire : un gameplay délicieusement old-school, un univers inspiré du folklore néerlandais et une direction artistique très sombre. Dans la pratique, difficile toutefois de ne pas être déçu, dès le premier contact. Tout d’abord, parce que d’un point de vue narratif, le studio ne semble pas avoir fait de gros efforts pour nous immerger dans l’univers de Black Legend. La plongée dans l’univers du jeu est brutale. Peu voire pas d’introduction, on ignore même qui est le personnage que l’on incarne. Et malheureusement, cela ne deviendra pas forcément plus intéressant par la suite… Second choc : esthétiquement, Black Legend est loin de nous mettre une claque. On est certes face à une petite production indépendante, et la direction artistique a certainement son charme, mais les décors du jeu paraissent très pauvres et se ressemblent tous. On ère durant des heures dans de petites ruelles sans vie d’une ville fictive, baptisée Grant – et qui semble s’inspirer de Gand? Les modélisations des personnages, objets et décors sont minimalistes. Au point qu’on en viendrait presqu’à se demander si Black Legend n’est pas l’un de ses rescapés de la précédente génération de consoles. Les bugs sont également nombreux, avec des caméras qui restent bloquées dans les décors du jeu. Mais le plus dérangeant au final, c’est le manque global de personnalité de cette production, à laquelle les développeurs semblent avoir oublié de donner vie. Esthétiquement, le jeu est loin de tirer parti des supports actuels. Côté gameplay, on sent également un cruel manque de personnalité. Lorsque le joueur se déplace dans la ville, le jeu se joue en temps réel. On explore les décors, on interagit avec quelques objets et on voit les ennemis à distance. Dès qu’on s’en rapproche, le combat débute. On doit alors disposer ses forces sur une sorte d’échiquier, et leur attribuer ensuite des ordres à chaque tour. Chaque personnage présent sur l’échiquier pourra réaliser une action chaque tour : se soigner, se déplacer, attaquer au corps à corps, à distance,… Les habitués du genre seront en territoire connu. Et si la formule fonctionne plutôt bien, elle n’a non plus rien d’extraordinaire. Black Legend se montre un peu plus technique qu’on l’aurait imaginé. Il faudra notamment songer à attaquer ses ennemis de coté ou par derrière pour obtenir des bonus d’attaque, profiter des environnements pour se défendre ou attaquer, et utiliser des attaques spéciales en fonction des classes des personnages. C’est assez complet, mais il n’y a rien qui permette au titre de se démarquer des autres jeux du genre. Si ce n’est peut-être la complémentarité des forces sur le terrain, qui forcera le joueur à développer plusieurs stratégies différentes. Dans l’ensemble toutefois, si les combats se montrent relativement techniques, ils sont également horriblement lents, répétitifs et maladroitement mis en scène. La plupart des joueurs devraient ainsi lâcher le jeu après quelques heures seulement, terrassés par la lassitude. L’univers du jeu a son charme, mais il manque cruellement de personnalité. Alors oui, on est ici face à un jeu de niche. Black Legend s’adresse très clairement à un public de passionnés. Il s’agit aussi d’un jeu indépendant à relativement petit budget qui a le mérite d’oser explorer un univers qui n’attirera pas forcément le regard du grand public. Les développeurs du titre y ont très clairement mis de la passion. Pad en main, on n’a toutefois pas du tout la sensation que le titre est fini : que ce soit de l’abondance des bugs rencontrés, la mise en scène minimaliste du jeu ou son esthétique très pauvre. On n’a pas du tout l’impression d’être en face d’un jeu qui mérite d’être vendu 29,99€. Conclusion Très séduisant sur le papier, avec son univers inspiré du folklore néerlandais du XVIIème siècle, Black Legend s’engouffre dans une niche avec son gameplay tactique inspiré des classiques du genre. La formule fonctionne plutôt bien coté gameplay, mais les développeurs semblent avoir totalement oublié de rendre leur jeu fun. Les affrontements au tour par tour sont lents et horriblement répétitifs. Le titre se montre également très répétitif dans sa construction, avec son design peu inspiré et ses décors qui se ressemblent tous. Si sa direction artistique lui donne un certain charme, Black Legend n’en reste pas moins très pauvre visuellement et peine à convaincre sur la durée. Une chose est sûre : il s’agit d’un jeu qui s’adresse à un public de passionnés.