Née en même temps que les premiers smartphones capables de prendre des photos de qualité, la “smartphonographie” commence petit à petit à faire parler d’elle comme art à part entière. En Belgique, les exposants se comptent encore sur les doigts d’une main, mais l’arrivée de capteurs de 8-10 et même 13 mégapixels semble changer les choses… “Smartphonographie”, “iphoneographie”, “phonographie”… Nombreux sont les termes pouvant définir l’utilisation d’un smartphone pour une prise de vue. En réalité, tout le monde ou presque pratique cet art sans s’en rendre compte, que ce soit pour se prendre en photo, ramener quelques clichés de ses vacances ou photographier ses amis et sa famille. Mais la “vraie” smartphonographie se fait généralement dans un but artistique. En Belgique comme à l’étranger, il n’y a que quelques poignées d’irréductibles artistes qui tentent d’en faire une discipline à part entière. On pourrait en effet se demander pourquoi utiliser l’appareil photo d’un smartphone quand on a à disposition un Reflex? En réalité, les faiblesses du smartphone sont également ses plus grandes forces. Par exemple, sa faible tolérance à une forte luminosité permet de créer des effets visuels superbes. Les déplacements, manipulations et retardements permettent également d’appliquer divers effets visuels qu’il serait difficile de reproduire naturellement avec un compact ou un reflex. Idéalement, la smartphonographie n’implique pas de retouche, mais tous les artistes n’ont pas la même conception. C’est la raison pour laquelle beaucoup estiment qu’utiliser des applications comme Blender ou Instagram permet justement de différencier davantage encore la smartphonographie de la photographie. De plus en plus, la smartphonographie adopte le format carré des clichés pris avec Instagram. Certes, tous ne s’accordent pas sur cette généralité, et les effets visuels d’Instagram ne font pas non plus l’unanimité, mais la tendance est belle et bien réelle. Comment faire de belles photos avec un smartphone? Il y a quelques mois, nous rencontrions Stephan Vereecken, un passionné d’iphoneographie qui exerce son talent dans son petit atelier à Bruxelles. L’artiste nous avait expliqué sa passion pour cette nouvelle forme d’art et ce qui l’avait poussé à s’y jeter corps et âme. Après quelques années d’utilisation commune, il avait décidé de commercialiser certaines de ses oeuvres à travers des produits dérivés. Il nous avait également donné quelques conseils pour faire de belles photos avec son smartphone: – Prendre son temps : tout comme avec la photographie, il est important de pouvoir prendre son temps pour le cadrage, pour que la scène soit dégagée, pour que la luminosité soit optimale et pour que l’image soit à niveau. Il s’agit de capturer le bon moment avec un appareil qui n’est pas toujours évident à utiliser. Ne pas hésiter donc de prendre plusieurs séries de clichés pour être sûr du résultat… – Ajouter des effets naturels : les capteurs des smartphones sont moins puissants que ceux des appareils photos traditionnels. Pour faire de beaux clichés, il importe donc d’ajouter des effets naturels, que ce soit avec un retardateur de photo, avec un déplacement, une manipulation ou en jouant tout simplement avec la luminosité. Le résultat final s’affichant sur l’écran du smartphone, on peut très souvent être fixé de la qualité d’une image avant la prise de vue, et donc rectifier en temps réel le cadrage pour l’ajout de l’effet. – Jouer avec les réglages : Tous les terminaux ne le permettent pas mais lorsque c’est le cas, autant sauter sur l’occasion. Lorsque c’est possible, jouez manuellement avec la balance des blancs, la valeur d’exposition, l’ISO, le mode de mesure, le contraste, la saturation et la mise au point. Si votre smartphone n’intègre pas ces options par défaut, tentez de les reproduire avec une application de retouche photo comme Blender ou Instagram, en ajoutant des effets. – Chercher le détail : Un Reflex permet de capturer de nombreux détails sur un seul cliché. Pas un smartphone. Par conséquent, il peut être intéressant de se focaliser sur un plan plus limité, pour que le panorama sur lequel on se concentre contienne plus de détails. Avec un peu d’imagination, il est possible de réaliser de superbes clichés d’une façade en se concentrant uniquement sur une partie du bâtiment, plutôt que de chercher à capturer l’intégralité de la structure. Quel appareil choisir? Les smartphones évoluent très vite. Si la norme était de 5 mégapixels pour l’appareil photo embarqué il y a deux ans, elle est désormais de 8 mégapixels, et elle ne devrait pas tarder à passer à 13 mégapixels. L’appareil équipé du meilleur capteur ne remporte pourtant pas nécessairement le bras de fer puisque les applications jouent également pour beaucoup. Une photo prise avec Instagram fait toujours son petit effet, pour peu qu’on choisisse le bon filtre. Certains appareils, comme le Nokia 808 Pureview ont même été conçus avec l’objectif de proposer un smartphone capable de prendre des photos de très grande qualité. 808 Pureview, 37 mégapixels © Etienne Froment Quelques exemples de smartphonographie © Stéphane Vereecken © Stéphane Vereecken © Jennifer Bracewell © Valeria Bigotti © Valeria Bigotti