Djengo, une jeune startup de covoiturage, lève 500.000 euros

Logo DjengoFin mars, le serial entrepreneur et investisseur José Zurstrassen disait sur ce blog que “il y a, en Belgique, de l’argent pour les startups” alors que des Storify, TwitsPark ou CheckThis, dont nous parlons beaucoup sur Geeko, prennent, ou ont pris, la route des Etats-Unis pour se développer. Un débat s’en était suivi, sur Twitter et Storify, entre ceux qui étaient d’accord avec le cofondateur de Skynet et de Keytrade Bank et ceux qui estimaient que lever des fonds en Belgique n’était pas une sinécure. Si la discussion est loin d’être close – nous y reviendrons bientôt -, il y a chaque semaine des startups qui se font financer en Belgique. Djengo est l’une d’entre elles. Cette jeune entreprise web qui veut développer le covoiturage en entreprise, vient de lever 500.000 euros. Tout a été signé hier matin. Rencontre avec Guillaume Verhaeghe, un des 4 fondateurs de la société.

Djengo team

Le projet est jeune mais il a déjà bien évolué en quelques mois. Nous nous étions rencontrés fin août 2011 et l’orientation de Djengo était différente à l’époque.

Oui, c’est clair. Nous en étions aux prémices de notre entreprise. Si cette idée a germé dans mon esprit il y a un an, un an et demi, nous avons réellement commencé à écrire les premières lignes de code en août dernier. L’idée part du fait que nous avons besoin d’outils collaboratifs pour faire face à l’évolution de notre société. Notamment pour la mobilité. Nous avons donc lancé Djengo qui est un outil qui veut faciliter la mobilité grâce au covoiturage. Avec Anissia Tcherniaeff, Tanguy Goretti et David Jeusette, nous avons dans un premier temps visé tout ce qui était événementiel. Avec des premiers partenaires comme la RTBF, pour sa soirée DJ Expérience, ou surtout Forest National.

Qu’est-ce qui a changé entre temps ?

La première version du site était trop tournée vers des événements ponctuels. Ce qui était une erreur. Djengo propose une innovation technologique pour changer la mobilité mais la première chose que nous devons changer, ce sont les mentalités. Et celles-ci ne se changent pas de temps en temps, l’espace d’un concert. Il nous a donc fallu aller vers quelque chose de plus stable, vers des communautés existantes qui ont l’habitude de faire des trajets recurrents. A savoir les entreprises et les universités. Surtout que ces premières sont prêtes à payer. Ce que nous savions, pour avoir fait des études auprès de diverses grosses sociétés. Début décembre, après trois petits mois, nous avons donc décidé de faire le switch vers les entreprises, délaissant quelque peu le particulier.

Ce n’était pas pour autant un tournant à 180 degrés, si je me réfère à vos dires de l’époque.

Depuis le début, nous savions que nous trouverions plus facilement de l’argent auprès des entreprises. Mais, il faut l’avouer, il était, dans un premier temps, plus facile de s’occuper d’événements ponctuels, tant au niveau technique qu’au niveau de l’image que nous voulions diffuser de notre entreprise. Quand nous nous sommes tournés principalement vers les grosses sociétés, nous avons simplement accéléré un processus prévu de longue date.

Pour aboutir, fin février, à un premier projet pilote.

Nous avons trouvé un premier gros client, IBA à Louvain-la-Neuve, qui nous a directement fait confiance. Entrainant dans son sillage des sociétés comme Pfizer… Pour commencer, c’est vraiment pas mal. Surtout quand on voit les résultats. Ce mardi, nous avons eu notre première réunion d’évaluation du projet pilote et tout le monde semblait ravi. Et même plus, puisque certains veulent étendre le projet à d’autres sites en Belgique. C’est plutôt encourageant je trouve. Excitant même.

Surtout qu’hier matin vous avez finalisé votre levée de fonds. Quelle semaine !

Nous le savions depuis déjà depuis un bon moment mais c’est seulement hier matin que nous avons finalisé officiellement le premier round d’investissement. 500.000 euros ! Cela a pris quatre mois. Si tout le monde nous avait dit que cela prennait 6 mois en général, cela a quand même été fort long. Maintenant, je vais pouvoir me concentrer au développement de la société. Chose que j’ai délaissée – avec succès – à mes cofondateurs ces derniers mois tant je me suis investi pour réussir cette levée de fonds. Maintenant, on peut dire que nous sommes un peu plus tranquilles.

Qui a investi dans Djengo ?

Des investisseurs belges et américains. Mais qui préfèrent être discrets pour le moment. La seule chose que je peux dire c’est qu’ils sont avant tout des partenaires plus que des investisseurs. C’était très important pour nous.

Vous parlez d’un premier round, le deuxième est donc déjà prévu. Qu’en est-il ?

D’ici 12 à 18 mois, on prévoit un deuxième round, en effet. Nous avons l’ambition de devenir un leader dans le secteur de l’innovation en mobilité. Pour cela il faudra trouver quelque 5 millions d’euros. D’ici là, nous allons nous développer en Belgique et à l’international. La Suède est déjà sur les rails, peut-être bientôt la Tchéquie. Djengo est une plateforme très malléable. Il est assez facile de la mettre dans une autre langue.

Vous parlez d’international alors que nous n’êtes qu’au stade du projet pilote en Belgique, n’est-ce pas un peu présomptueux ?

Non, car nous avons déjà de nombreux contacts en Belgique qui, je l’espère, ne demandent qu’à être confirmés. Nous sommes en discussion avec des parcs d’affaires, des zonings et nous avons aussi des rendez-vous prévus avec 4-5 sociétés appartenant au Bel 20. D’ici deux ou trois mois, on devrait commencer à être bien implanté en Belgique.

Comment comptez-vous gagner de l’argent ?

Les grosses entreprises sont prêtes à payer pour qu’on facilite la mobilité de leurs employés. Ca nous le savons depuis le début de l’aventure car, avant de lancer Djengo, on avait déjà rencontré pas mal de dirigeants d’entreprises importantes qui nous avaient dit que la mobilité était, pour eux, un gros problème. Ce sont donc les sociétés qui payent pour leurs employés. Cela revient, pour l’entreprise, entre 3 et 10 euros, par mois, par employé. Ce qui n’est rien si on comptabilise les places de parkings ou les voitures libérées grâce à notre service.

Au départ, votre service s’adressait aux particuliers qui voulaient trouver du covoiturage. Cette voie est-elle complètement abandonnée pour cause de faible rendement ?

Elle est simplement mise de côté. Nous sommes une jeune startup avec des moyens humains limités, il n’est donc pas possible de gérer toutes les problématiques en même temps. Cela ne signifie pas pour autant que nous n’allons pas, à moyen terme, développer la partie destinée aux particuliers. Surtout que celle-ci est une formidable caisse de résonance qui nous aide à nous faire connaître… lorsqu’il y a grève des trains ou des bus, par exemple.

Tout à l’air de se passer pour le mieux dans le meilleur des mondes, à vous entendre.

C’est peut-être un peu exagéré mais c’est vrai que les choses avancent dans le sens que nous voulons. Le plus important étant que les utilisateurs de notre service soient content. Ce qui semble être le cas quand on voit que, chez IBA, 33 % des employés utilisent déjà Djengo de manière récurrente après seulement un mois. En plus, et c’est très important pour nous, Djengo semble être un vecteur de sociabilisation au sein de l’entreprise puisque des personnes qui ne se connaissaient pas se rencontrent lors de leurs trajets de la maison au boulot. Cela étant dit, il nous reste beaucoup beaucoup de boulot pour arriver là où nous le voulons. Mais grâce à notre première levée de fonds, nous allons pouvoir avancer dans la bonne direction.

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