Test – Dispatch : un mélange explosif d’humour noir et de tactique

Sorti sous forme épisodique à l’automne, Dispatch s’est rapidement imposé comme l’une des surprises de l’année, porté par un accueil critique exceptionnel et des ventes fulgurantes sur Steam.

Ses épisodes sortaient toutes les semaines, à la manière d’une série télévisée ou d’un jeu Telltale, tout au long des mois d’octobre et de novembre. Très rapidement pourtant, Dispatch est devenu le phénomène de cet automne, à tel point qu’il est nommé dans plusieurs catégories des Game Awards, parmi lesquelles l’Award du Meilleur Premier Jeu Indépendant ou celle du Vote du public. Même sur Steam, le jeu récolte 98% d’évaluations positives sur les 95 000 publiées, et s’est vendu à un million d’exemplaires en une dizaine de jours.

Mais Dispatch, c’est quoi ? Qu’est-ce qui fait le succès de cet ovni vidéoludique ? C’est le jeune studio californien AdHoc qui est derrière le développement du titre. Fondé en 2018 par quatre anciens de Telltale Games, AdHoc Studio va très vite se voir assigner le développement de la deuxième saison de The Wolf Among Us. Celle-ci reste au stade de l’annonce, et le studio s’intéressera très vite à une nouvelle licence : Dispatch. 

Dispatch est un jeu d’aventure graphique à choix multiples qui intègre une composante de gestion/stratégie. Vous êtes dans la peau de Robert Robertson, un héros raté qui intègre le Service de Dispatching Héroïque (SDH) en charge de l’attribution des missions à divers super-héros et super-vilains ratés. Au fur et à mesure des 8 épisodes, vous parlerez avec ces personnages hauts en couleur. Phénomaman est LA star, qui se pense indispensable en toutes circonstances avec ses gros muscles. Invisimeuf est la seconde vraie protagoniste de l’histoire, capable de devenir invisible mais au caractère bien trempé, on l’appelle même “Invisipute”. Il y a aussi Sonar, un homme chauve-souris (non, ce n’est pas Batman) qui possède des compétences intellectuelles hors-normes.

Visuellement, Dispatch est superbe. Il fait partie des plus beaux jeux sous forme de “comic/anime”.

Au total, on dénombre 11 héros ou méchants repentis qu’il est possible d’envoyer en mission et avec qui entretenir de bonnes relations pour les garder de votre côté. Pour garder une bonne relation avec eux, tout au long de l’histoire, vous aurez des choix de dialogues à faire. Le titre nous dit alors que “le personnage s’en souviendra”, synonyme, qu’à la manière des jeux Telltale, le personnage en question vous en reparlera tôt ou tard. Alors, certes, certains choix sont réellement évoqués plus tard, comme la décision d’embrasser ou non une héroïne. Mais bien souvent, on se rend compte que les choix faits n’ont pas de réels impacts sur l’histoire. Ce n’est en soi pas bien gênant, mais c’est dommage que, pour cette première saison, les développeurs n’aient pas voulus accentuer davantage encore ce curseur…

Qu’à cela ne tienne, cela ne nous empêche pas de profiter de l’excellente écriture des scénaristes de la “série”. Des tous premiers instants du premier épisode jusqu’à la conclusion de cette première saison, les scénaristes dévoilent un habile talent d’écriture, tantôt touchante, tantôt piquante, tantôt très drôle. Le jeu fourmille de blagues en-dessous de la ceinture, et si certains pourraient avoir un trop-plein, on n’a jamais soufflé d’exaspération face à l’écriture des blagues. Alors oui, on voit des sexes, oui la série est souvent border-line, mais c’est un parti pris assumé que l’on apprécie énormément à la rédaction. Cette écriture est par ailleurs sublimée par un doublage exquis réalisé par des acteurs de très grand talent. Il n’y a pas de doublage francophone, mais on préfère justement ne pas en avoir. Dispatch se déguste en anglais, avec des sous-titres en français quelque fois approximatifs mais rien de vraiment grave.

La gestion des héros et des catastrophes où les envoyer est très appréciable.

On évoquait plus haut la partie relationnelle du jeu, avec des dialogues et réponses à choix multiples, mais Dispatch c’est aussi une habile gestion de héros à envoyer sur des “catastrophes” en ville comme un dispatching, d’où le nom du jeu. Votre équipe est composé de huit héros qui disposent chacun de capacités spécifiques en combat, en vigueur, en mobilité, en charisme et en intelligence. Il vous incombe alors d’envoyer le(s) bon(s) héros sur la bonne mission en fonction des besoins de la mission. Ainsi, une mission nécessitera un héros ayant une très bonne élocution, tandis qu’une autre requerra de la force. Ces besoins ne sont jamais explicites, il faudra lire le descriptif de la mission, l’analyser et estimer, en fonction de la description, qui est le plus apte à réussir son devoir. Plus un héros réussi de missions, plus il gagnera en compétence et pourra déclencher une compétence lui conférant davantage de capacités. Parfois, certains événements viendront perturber une mission, vous obligeant à faire des choix décisifs ayant un impact non négligeable sur le dénouement de celle-ci.

Chaque héros dispose d’une capacité qu’il active quand il enchaîne les bonnes performances.

Dispatch se finissant en une grosse quinzaine d’heures, l’envie d’y retourner et de faire d’autres choix peut être grande après le premier run. Malheureusement, et contrairement aux illustres productions Telltale, Dispatch ne se rejoue pas vraiment. Les dialogues ne peuvent pas être accélérés pour aller plus vite et, les choix n’ayant pas de grand impact sur l’histoire, les embranchements sont difficiles à entrevoir.

Conclusion

Dispatch mérite largement son statut de phénomène, porté par une écriture brillante, des personnages mémorables et une mise en scène qui évoque le meilleur de l’héritage Telltale. La composante de gestion, bien intégrée, apporte une vraie originalité et renforce l’attachement aux héros, même si l’impact réel des choix reste trop limité pour encourager une vraie rejouabilité. Malgré cela, Dispatch s’impose comme une excellente première saison, drôle, audacieuse et parfaitement maîtrisée, qui donne furieusement envie de voir jusqu’où AdHoc Studio compte pousser son univers.

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Dispatch

Gameplay 8.0/10
Contenu 7.5/10
Graphismes 8.5/10
Bande Son 9.0/10
Finition 8.0/10
8.2

On aime :

Une direction artistique digne des meilleurs animes

La gestion des héros et de leurs missions, fun

Une écriture parfaite qui fait toujours mouche

Des personnages attachants

Un doublage ultra qualitatif

On aime moins :

Des choix qui ne semblent pas avoir un grand impact sur l'aventure

Les phases de piratage, répétitives et pénibles

Une rejouabilité pas fameuse

Des sous-titres VF approximatifs par moments