Presque vingt ans après le troisième épisode, la licence Metroid est de retour avec un nouvel opus dans la formule “Prime”. Retro Studios signe une nouvelle aventure à la première personne qui est plus que convaincante. Metroid Prime 4 : Beyond est un projet longuement attendu. Teasé dès 2007 dans la scène post-générique du troisième épisode, le jeu a finalement été officiellement annoncé en 2017 par Nintendo, avant d’être repris à zéro en 2019 et confié au studio qui a réalisé les trois jeux originaux : Retro Studios. L’équipe américaine reprend la formule de l’époque, à savoir celle d’un FPS Metroidvania, pour ce nouveau jeu destiné à la Switch, avec une édition Switch 2 en prime. Comprendre l’intrigue de Metroid Prime 4 ne nécessite pas d’avoir joué aux précédents épisodes. Nous retrouvons Samus lors d’une mission de sauvetage d’un centre de recherche de la Fédération Galactique qui se fait attaquer par des pirates de l’espace ainsi que par Sylux à leur tête, un personnage déjà croisé dans un spin-off. Alors que Samus confronte son ancien ennemi, un mystérieux artefact la transporte sur la planète Viewros, théâtre de ce nouvel épisode. L’héroïne est accueillie par le peuple Lamorn qui s’apprête à cesser d’exister. La mission de Samus est d’apporter le salut à ce peuple, et plus concrètement de trouver cinq clés qui permettront de quitter cette planète et d’emporter leur héritage vers un autre monde. Une intrigue pleine de mystère qui nous demande d’explorer les quatre coins de la planète afin d’en apprendre plus sur l’histoire de ce nouveau peuple alien. Contrairement à beaucoup d’autres épisodes de la licence, Samus croise aussi la route d’autres personnages, des membres de la fédération ayant aussi été transportés sur cette planète. Ces derniers nous accompagnent d’ailleurs brièvement durant plusieurs passages du jeu. Une aventure à la durée de vie proche des précédents Prime puisque Beyond prendra au moins une quinzaine d’heures, et environ le double pour terminer le titre à 100%. La mise en scène sait mettre Samus en valeur. La première chose qui frappe en jouant au jeu se trouve être ses nombreuses qualités techniques. Ce test ayant été réalisé sur la version Switch 2, nous ne pouvons pas nous prononcer sur les performances et les visuels du jeu sur la Switch originale. La nouvelle console de Nintendo permet cependant au titre de s’afficher en 4K et en 60 fps, ou en 1080p à 120fps. Dans les deux cas, le titre tourne à merveille et se permet également d’être bluffant visuellement. Tout n’est pas parfait, certaines textures laissent à désirer, mais Retro Studios réussit à offrir un rendu impressionnant à de nombreux moments du jeu. La bande-son est également une belle réussite, reprenant le style de la trilogie Prime, mais en y ajoutant des touches originales comme la présence plus prononcée de guitare électrique. Metroid Prime 4 : Beyond ne s’éloigne pas tant de ses prédécesseurs. Il s’agit toujours d’un FPS qui a la structure d’un Metroidvania, à savoir que les zones sont labyrinthiques et que l’on débloque de nouveaux pouvoirs qui permettent de les explorer de plus en plus en profondeur. Cette approche peut dérouter puisqu’elle implique forcément la présence plus prononcée d’exploration et de réflexion durant notre aventure. Il ne faut pas s’attendre ici à un gameplay aussi dynamique qu’un Doom, Metroid Prime 4 propose bel et bien des combats, mais c’est un jeu bien plus lent qui mise sur d’autres choses comme son atmosphère mystique et parfois inquiétante, et son univers très travaillé (dont on saisit tous les détails grâce à notre capacité à scanner la majorité des objets et décors). Le gameplay reste très proche des épisodes précédents. Le titre propose tout de même quelques nouveautés, comme l’utilisation de pouvoirs psychiques qui donnent lieux à tout un tas d’énigmes. Mais son plus gros bouleversement vient de notre découverte d’un petit monde ouvert désertique reliant les différentes zones du jeu. Ce dernier peut être exploré grâce à la Vai-O-La, une moto que nous obtenons après quelques heures de jeu. Malheureusement, cette zone ouverte se révèle être une fausse bonne idée. Elle apporte quelques activités annexes bienvenues, mais accentue aussi les quelques soucis du jeu. En plus d’être un peu vide, cette zone rallonge considérablement les nombreux moments si caractéristique du genre où nous devons revenir dans des endroits déjà explorés, ce qui peut être un peu pénible. Malgré un monde qui s’ouvre considérablement au bout de quelques heures de jeu, nous laissant ainsi arpenter cette zone ouverte, la progression reste linéaire puisque soumise à l’obtention des pouvoirs de Samus qui sont nécessaires pour débloquer tout un tas de chemins. Certains moments du titres sont d’ailleurs de véritables passages en couloir inspirés de jeux d’horreur, mais qui ne durent jamais très longtemps. Il est tout de même dommage de voir que le titre n’hésite pas à être trop intrusifs en nous prenant par la main lorsqu’on prend un peu de temps à comprendre où la quête principale veut nous emmener. La zone ouverte est malheureusement plutôt vide. Proposant plusieurs niveaux de difficulté, dont un mode difficile déblocable, Prime 4 ne résistera pas longtemps aux habitués du genre. Le titre propose également une belle flexibilité en termes de contrôles puisqu’il peut être joué classiquement à la manette, en utilisant les contrôles de mouvements des joycons (ce qui permet d’avoir une expérience proche de la maniabilité d’époque sur Wii) ou encore avec le mode souris sur Switch 2. Une dernière option que nous ne conseillons pas à cause de la forme des joycons qui peut donner mal aux mains sur de longues sessions de jeu, malgré une belle détection de mouvements. La formule reste tout aussi solide qu’elle ne l’était il y a vingt ans. L’aventure captive grâce à une progression très fluide, à un level design réussi et à un scénario bien mis en scène, sans parler des combats de boss très réussis qui nous demandent d’être réactifs et précis, tout en apprenant le comportement de ces derniers. Difficile de ne pas ressentir un petit manque d’innovation, en particulier au niveau du gameplay, tant l’approche est la même que celle du troisième épisode, le genre du FPS ayant pourtant subi de nombreuses transformations depuis Prime 3. Cependant, la proposition reste très réussie et Retro Studios prouve à nouveau qu’ils maîtrisent leur formule, et ce même plus de 15 ans après le dernier épisode. Conclusion Il s’est écoulé presque 20 ans depuis Metroid Prime 3 : Corruption. Retro Studios est pourtant de retour avec un nouvel épisode dans cette formule, et prouve à nouveau que l’équipe maîtrise le sujet. Dans Metroid Prime 4 : Beyond, nous retrouvons Samus qui est cette fois perdue sur la planète Viewros, alors que le peuple Lamorn lui demande son aide pour conserver son héritage. Une aventure qui reprend les codes installés au début des années 2000 par le premier Metroid Prime, tout en apportant quelques nouveautés. Beyond propose à nouveau un FPS Metroidvania. Ce mélange de jeu de tir, d’exploration et de réflexion est forcément plus lent que d’autres FPS, mais toujours aussi prenant grâce à un level design bien pensé, un univers travaillé et immersif. Certaines nouvelles idées, comme la zone ouverte centrale à traverser en moto, sont malheureusement peu convaincantes, et le titre a aussi tendance à trop nous prendre par la main. Mais il se montre aussi particulièrement réussi sur ses visuels et sa technique (en particulier sur Switch 2), ainsi que pour sa bande-son. Le titre n’innove pas tant, mais reste une proposition réussie et toujours aussi unique, même vingt ans après les derniers jeux.