Au coeur des turbulences numériques mondiales, la Belgique érige un rempart stratégique : une Force Cyber pensée pour aider à garantir la résilience du pays face à des attaques toujours plus hybrides et imprévisibles. À mesure que les attaques hybrides se multiplient et que les technologies évoluent à un rythme effréné, la Belgique découvre une évidence : sa résilience numérique dépend autant de sa Défense que de ses entreprises, chercheurs, administrations et citoyens. C’est notamment pour cette raison qu’en 2022, la Défense a lancé le Cyber Command, intégré au Service Général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS) et pensé comme l’embryon d’une future nouvelle composante. Cette évolution trouve son aboutissement en juillet 2025, avec la création officielle de la Force Cyber, désormais chargée des opérations militaires dans le cyberespace. « La Force Cyber est effective et fonctionne au sein du service de renseignement », nous explique son commandant, le Général-major Pierre Ciparisse. « Il est toutefois important qu’elle poursuive sa mutation car avec la technologie, il n’y a jamais de moment où l’on peut se dire : “on a fini, on est prêts”. La force va continuer à se construire sur les prochaines années. La Défense acquiert constamment du nouveau matériel, comme le F-35 ou l’avion pilotable à distance le MQ-9, qui sont fortement connectés et qui doivent être protégés. » Quatre missions principales Au quotidien, la Force Cyber collaborera à la résilience de la société belge dans son ensemble. Sa mission tourne autour de quatre piliers : protéger, défendre, collecter et combattre. « Nous protégeons des attaques externes et nous réagissons en cas d’attaque sur les réseaux militaires. Dans le cadre de nos missions de renseignements, nous collectons des informations. Enfin, nous combattons l’ennemi dans le cyberespace afin de faciliter le travail des autres forces », détaille le Général-major. Ces quatre missions ont pour objectif commun de collaborer à la résilience de la Belgique face aux menaces du numérique, comme celles vues en Ukraine depuis le début de la guerre. Général-major Pierre Ciparisse – Commandant de la Force Cyber Pour ce faire, le Général-major compte sur une collaboration de chaque instant entre la Défense et les acteurs civils. Le Général insiste : la Force Cyber travaille avec un ensemble de partenaires civils indispensables. Police, parquet, Centre pour la Cybersécurité de Belgique, ambassadeur cyber, mais aussi et surtout entreprises et chercheurs, tous revêtent une importance capitale dans la lutte contre la menace cyber. « Cette coopération est essentielle car le cyber est un des vecteurs de la guerre hybride exploité par des acteurs malveillants », appuie le Général Ciparisse, qui ajoute toutefois que « l’identification des attaquants reste compliquée ». La Belgique dans le top 10 mondial La Belgique est un très bon élève sur la scène européenne sur le plan du respect des réglementations européennes, à tel point qu’elle « se classe dans les 10 nations les plus sûres au monde du point de vue cyber. La Belgique est même le premier pays d’Europe à avoir transposé NIS2 ». NIS2 impose aux infrastructures critiques (énergie, télécom, transport, hôpitaux…) de se protéger et d’être capable de fonctionner même en cas de crise majeure. Le Général-major va plus loin puisque, selon lui, NIS2 apporte une culture commune de prévention, « comme une assurance ». Le Général Ciparisse se réjouit également de la tenue prochaine de la Cyberweek, le 28 novembre, servant à « démontrer qu’une région peut dynamiser son activité autour d’un sujet technologique. Elle permet de réunir tous les acteurs de la cybersécurité pour échanger, créer du lien, partager de l’expertise et augmenter finalement la connaissance de l’ensemble. Elle sert à renforcer le tissu local, contribuant directement à la résilience belge ». Et de conclure en paraphrasant le général américain Stanley McChrystal : « La cybersécurité, c’est l’affaire de tous. “Il faut un réseau pour défendre un réseau”».