L’IA est-elle vraiment prête à lancer seule des cyberattaques sophistiquées ou reste-t-elle un outil entre les mains d’humains mal intentionnés ? Pour Vincent Defrenne, co-fondateur de la société de cyber sécurité NVISO, une chose est sûre : les prochains défis seront d’une ampleur inédite. Fantasme de science-fiction il y a une quinzaine d’années, l’intelligence artificielle fait aujourd’hui largement partie de notre quotidien avec les ChatGPT et autres Copilot. Capable d’organiser un voyage de A à Z ou encore de corriger une rédaction en moins de 5 minutes, l’IA est un outil précieux qui, mis entre de mauvaises mains, peut avoir des conséquences dévastatrices. Pour Vincent Defrenne, co-fondateur de la société NVISO, il est toutefois important de se rendre compte que « l’IA dans la cybersécurité, c’est beaucoup de mythes, quelques promesses et peu de réalités ». Fondée en 2013 par six Belges, NVISO est un cabinet de conseil en cybersécurité dont l’objectif est d’apporter une expertise en cybersécurité de niveau mondial en Belgique et plus globalement en Europe. « Toute notre entreprise s’est construite autour de l’amour de l’expertise. » Selon lui, l’IA est encore loin d’être capable, à elle seule, de créer des attaques très complexes et de les déployer à grande échelle sans l’appui d’un humain. « L’IA aide déjà dans l’analyse ou la détection d’attaques, telles que le phishing, mais on n’en est pas encore aux cyberattaques autonomes. Elle est très utile dans des métiers très répétitifs, structurés, comme la détection d’activités suspectes. Elle peut, certes, assister dans la préparation d’une attaque, mais le cœur technique d’une attaque reste très majoritairement humain. Je serais très surpris d’apprendre qu’un malware circulant aujourd’hui a été intégralement créé par une IA. Mais les choses changent, et je dirais peut-être autre chose dans quelques années, peut-être même quelques mois. » Vincent Defrenne, co-fondateur de la société NVISO Les deepfakes au cœur des préoccupations Cela ne veut donc pas dire que l’IA n’occupe pas une place importante dans les attaques cyber d’aujourd’hui. Ainsi, on entend de plus en plus parler des deepfakes, ces vidéos générées artificiellement qui reprennent le visage d’une célébrité et lui font dire n’importe quoi. « C’est sans doute l’exemple le plus courant de l’emploi de l’IA dans une cyber attaque. En deux ans, les cas de fraudes se reposant sur des deepfakes sont passés d’anecdotiques à quotidiens. Si notre entreprise a le pouvoir de les utiliser pour sensibiliser, alors un pirate peut le faire pour extorquer. En revanche, là aussi, l’humain reste indispensable pour concrétiser l’attaque. » La stratégie Digital Wallonia 2025-2029 souligne d’ailleurs l’importance de l’IA dans la cybersécurité, avec pour mission première la sensibilisation. « Digital Wallonia est un moteur qui prend des initiatives et apporte une vision globale. C’est une vraie réalisation wallonne qu’on ne souligne pas assez », poursuit M. Defrenne. « L’Agence du Numérique, qui est un acteur central dans la mise en œuvre de Digital Wallonia, met en place des initiatives structurantes pour le numérique et pour la cybersécurité. D’ailleurs il n’y a pas d’équivalent en Flandre. La Wallonie n’a pas à rougir : elle fait bien mieux que la Flandre en matière de cybersécurité, avec une réelle volonté politique en la matière. » Une Cyberweek qui rassemble NVISO sera d’ailleurs l’un des partenaires de l’Agence du Numérique dans le cadre de la Cyberweek, qui se tiendra le 28 novembre prochain à l’A6K de Charleroi. Lors de cette journée de sensibilisation à la cybersécurité, l’accent sera notamment mis sur l’intelligence artificielle et l’aspect communautaire du domaine de la cybersécurité. « La Cyberweek rassemble la communauté et nourrit la réflexion. Face à quelqu’un qui nous veut du mal, la concurrence disparaît : on doit collaborer. C’est là la force de cette Cyberweek. » Vincent Defrenne l’affirme. Selon lui, l’IA sera bien, à l’horizon 2029, le plus grand défi de la cybersécurité. « Le problème, c’est qu’on ne sait pas encore quelles seront les transformations provoquées par l’IA et comme dans tous les métiers du digital, l’incertitude est un défi considérable. »