C’est devenu presqu’une habitude pour les joueurs Xbox, privés de quelques titres “temporairement” en raison d’exclusivités temporaires négociées par Sony pour sa PS5. Un an presque jour pour jour après être sortis sur PS5, ces mêmes jeux débarquent sur Xbox. Après Godfall, Bugsnax et Kena, place donc à Silent Hill 2. Icône intemporelle pour toute une génération, Silent Hill partage avec Resident Evil le titre de précurseur du survival horror. Le deuxième volet, qui fait ici l’objet de ce remake, reste d’ailleurs le chouchou incontesté de la franchise. Que l’on soit fan ou allergique au genre, difficile de garder son sang-froid devant Silent Hill. La saga a illuminé les ères PlayStation et PS2 avec des perles aujourd’hui mythiques. Silent Hill 2, régulièrement sacré meilleur opus, avait eu droit à un remaster HD en 2012, vite taxé de tiédeur. Peu importe, Konami a vu plus grand cette fois en s’alliant à Bloober Team, experts du survival horror (The Medium, Observer, Layers of Fear), pour signer l’un des remakes les plus aboutis de la décennie. L’intrigue, 90 % des puristes la connaissent par cœur. On glisse dans la peau de James Sunderland (un sosie flagrant de Leon S. Kennedy de Resident Evil), un type parti traquer son épouse supposée disparue. Sa quête le conduit droit dans les ruines embrumées de Silent Hill. C’est là le sel de la série : immersion dans une cité noyée de brume éternelle, théâtre d’événements occultes qui ont mué ses résidents en monstres sanguinaires. Aux commandes de notre avatar, on pare aux assauts de ces abominations tout en démêlant les énigmes. Bloober Team a réalisé un sans-faute sur la technique, surtout graphiquement. L’Unreal Engine 5 opère des prodiges : Silent Hill n’a jamais été aussi sublime, avec un brouillard plus oppressant, des jeux de lumière hallucinants. Au premier coup d’œil, ça semble un poil épuré, mais en zoomant sur les façades ou en pénétrant les édifices, c’est le festival de détails hyper-réalistes. Les intérieurs grouillent d’objets qui respirent la vie, boostant ce malaise d’isolement traqué par l’invisible. Une terreur viscérale, dopée par les masterpieces d’Akira Yamaoka. Si son blaze vous parle, c’est qu’il a signé toute la série Silent Hill, plus The Medium et Lollipop Chainsaw. Ses pistes glacent le sang au bon moment et émeuvent aux révélations sur James et son background. Seul hic : James cause toujours en VO anglaise. Mauvaise pioche pour les réfractaires à l’anglais sous-titré. L’ambiance est au rendez-vous. Au-delà des décors à couper le souffle, les modélisations de bestioles, héros et vilains époustouflent. L’Unreal Engine 5 rivalise sans peine avec le RE Engine de Capcom. James est le clone de Leon, de la tignasse à la foulée – on y reviendra. Quant aux animations faciales, un sans-faute absolu : expressives à bloc, elles transmettent les tourments des persos via des mimiques ultra-fines. Côté polish, par contre, le jeu patine un brin avec ses bugs. Outre des interactions capricieuses (alignement précis requis entre perso, cam et viseur), on déplore des baisses de fps en mode Performance et des plantages francs. Un futur patch devrait astiquer ça, mais pour l’instant, c’est du vu et revu sur la même config. Dans un remake, les visuels passent au niveau supérieur, mais le gameplay suit le mouvement. Adieu la cam en vue de dessus mouvante de l’original ; bonjour un OTS (over-the-shoulder) serré, boostant l’immersion – clé de voûte du survival horror. Point d’attention : le character design de ce remake frustre. Bloober Team a aussi viré plus action, au risque de diluer le pur survival. Les frissons et jump scares sont au rendez-vous, mais les hordes d’ennemis gonflées impliquent plus de bastons qu’avant. Et là, le remake pêche encore un peu face aux mastodontes Resident Evil, même si l’écart reste ténu. James traîne des pieds, sa lenteur agace, ses esquives relèvent du pile ou face. Les affrontements ? Corps-à-corps en spam R2 avec esquive foireuse, et visée firearms mollassonne imprécise. Concernant le reste du gameplay, on se retrouve avec peu ou prou le même titre qu’à l’époque, à une différence près : la durée de vie. Là où l’histoire du jeu original se terminait en près de 8 heures, ce remake double la mise avec plus de 15 heures de durée de vie. Comment les développeurs y sont-ils parvenus ? En rallongeant de nombreuses séquences qui ne duraient auparavant qu’une vingtaine de minutes et qui, aujourd’hui, dépassent l’heure de jeu. Les énigmes, toujours très bien ficelées, requièrent également tout notre engagement et notre réflexion. Une durée de vie doublée, mais ce n’est certainement pas grâce aux collectibles que l’on récoltera durant notre aventure. Si, parfois, cela peut vite devenir éreintant lorsqu’il y en a de trop, leur absence se fait terriblement ressentir dans ce remake. Nous aurions ainsi beaucoup apprécié avoir à amasser quelques items dans notre aventure, pour agrémenter le tout, et pas uniquement ces documents que l’on retrouve qui en disent plus sur l’univers. Une chose est certaine, si vous l’aviez raté sur PS5 ou PC, vous n’avez plus aucune raison de passer à côté sur Xbox ! Conclusion Bloober Team livre un remake très réussi de l’excellent Silent Hill 2. Si on pourra lui reprocher un character design pas très réussi, le titre supplante en tout point l’original, avec une durée de vie doublée, un scénario mieux narré et un gameplay modernisé. Angoissant, le jeu édité par Konami est un formidable retour en force pour la franchise et surtout le meilleur épisode de la saga.