Test – Rennsport : une sortie de piste qui fait mal

Nouvelle simulation automobile sortie des écuries de Nacon, Rennsport était attendu au tournant par les amateurs d’un genre en perte de vitesse. Le trou béant laissé par l’abandon des séries Projects Cars et Forza Motorsport a de facto ouvert une fenêtre pour un nouvel acteur. Mais avec Rennsport, Nacon aura beaucoup de mal à convaincre…

Parmi les dernières grosses sorties de cette fin d’année, on retrouve Rennsport, une coproduction Teyon (Robocop) et Competition Company, qui ne manquait pas d’ambition. Assez paradoxalement, Nacon n’avait pas fait appel cette fois à son studio spécialisé dans les jeux de course. Très probablement parce qu’il est déjà occupé sur le prochain WRC. Reste que confier un aussi gros projet à un nouveau studio, accompagné dans l’aventure par un studio n’ayant aucune expérience dans les jeux de course, était un sacré pari…

Certains environnements ne sont pas vilains.

Les quelques bandes-annonces dévoilées jusque là avaient présenté un titre prometteur. Les arguments étaient aussi très solides : physique affûtée, visuels UE5 photoréalistes et focus eSports, le titre allait marquer les esprits. Mais dès le premier contact avec Rennsport, on se rend compte qu’il y avait surtout un très bon marketing derrière tout ça. Tout d’abord parce que le jeu ne ressemble en rien à ce qui nous avait été montré. Visuellement, le titre n’est pas toujours vilain. Certains tracés sont même joliment modélisés. Mais dès qu’on rapproche la caméra, les défauts sautent aux yeux : véhicules modélisés à la truelle, décors qui “poppent” à l’horizon, aliasing, absence de reflets dans les miroirs… Ce n’est pas très glorieux. On est même loin du nouveau des autres racesims.

Les reflets dans les miroirs sont atroces.

Si les défauts s’étaient arrêtés là, nous nous serions contentés d’évoquer un manque de budget dans le développement. L’ennui, c’est que Nacon a voulu mettre le char avant les bœufs et cela se ressent dès le premier contact. Car développer un bon netcode et un crossplay monopolise des ressources… Et dès la première partie au volant d’une superbe BMW, c’est le drame. Le “tutoriel” se résume à deux tours de piste, sans aucune indication sur les spécificités du titre. Le joueur a le choix entre trois configurations au pad, avec différentes aides à la conduite. Mais avec sa physique maladroite, son IA qui fait du rentre-dedans et sa prise en main délicate, Rennsport n’est pas un titre très agréable à prendre en main. Il faudra souffrir quelques heures avant de maîtriser la bestiole, qui nous est livrée dans un état très brut, il faut le dire. Le feeling n’est d’ailleurs pas fantastique puisque le véhicule donne une désagréable impression de “glisser” sur la piste. Une chose est certaine : la physique est loin d’être au niveau d’un racesim, même si Rennsport prétend en être un.

D’ailleurs, niveau contenu, ce n’est pas folichon non plus puisqu’on ne retrouve aucun mode solo scénarisé – il faudra se contenter de quelques championnats, sans aucune mise en scène. Au total, on a droit à seulement 13 tracés – 14 dans la version deluxe – et 17 véhicules – 18 dans la version deluxe. C’est peu, très peu même. D’autant plus qu’on ne ressent pas vraiment d’énorme différence entre chaque véhicule…

Les replays sont plutôt réussis.

Inversément, le jeu semble déjà prêt à accueillir son battle pass, est chargé de microtransactions et joue à fond la carte de l’esport – avec des serveurs paradoxalement assez vides. L’idée n’est pas mauvaise en soi, mais encore faudrait-il que le titre soit suffisamment plaisant pad en main pour qu’on ait envie d’y jouer en ligne. Les développeurs auraient clairement dû se concentrer sur la conduite et la réalisation avant d’attaquer l’aspect esport. Et c’est bien dommage car il y avait là une réelle place à prendre pour Nacon. L’éditeur avait déjà commis l’erreur avec le dernier Test Drive, qui s’est certes pas mal amélioré depuis sa sortie, mais reste loin d’égaler son illustre prédécesseur. Nacon a la fâcheuse tendance à être trop ambitieux sur ses projets et Rennsport est sans doute le titre qui fera réaliser à sa direction l’erreur commise.

On notera au passage qu’il est toujours aussi désagréable de devoir créer un compte chez un éditeur pour pouvoir jouer à un jeu. Pour certains joueurs, c’est en soi déjà une raison de ne pas y jouer. Là aussi, Nacon s’entête malgré la polémique autour de la sortie du dernier Test Drive, qui forçait également les joueurs à créer un compte Nacon avant de pouvoir se lancer…

Conclusion

Avec Rennsport, Nacon frôle à nouveau le drame avec un jeu de course axé simulation beaucoup trop ambitieux, qui joue à fond la carte de l’e-sport et des microtransactions au lieu de se concentrer sur l’essentiel. Visuellement, ce n’est pas très glorieux, certains détails (reflets dans les miroirs, décors qui poppent) nous ramènent même deux générations dans le passé. La conduite peine également à convaincre avec des adversaires qui ont tendance à suivre un tracé bien défini et donc à ne pas éviter les collisions, une conduite trop permissive et souvent surréaliste et un petit effet savonnette. C’est bien simple, on a l’impression de jouer à un jeu qui est encore au stade d’alpha. Le contenu n’est pas très glorieux non plus avec seulement 17 véhicules et 13 tracés au compteur, et aucun vrai mode solo… Un faux démarrage qui risque de coûter très cher à l’éditeur. Dommage, car sur le papier, c’était prometteur. 

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Rennsport

Gameplay 2.0/10
Contenu 4.0/10
Graphismes 3.0/10
Bande Son 4.5/10
Finition 2.0/10
3.1

On aime :

Quelques tracés plus réussis que d'autres

La partie esport / online réussie

On aime moins :

Graphiquement très décevant

Un contenu très léger

La conduite maladroite / pas très réaliste

Pas de vrai mode solo

Certains détails qui font mal (reflets dans le miroir, bruitages)