Test – Ninja Gaiden 4 : un retour signé PlatinumGames

Suite inattendue d’une saga qu’on pensait enterrée à tout jamais, Ninja Gaiden 4 était l’un des jeux les plus attendus de cette fin d’année, le résultat d’une collaboration improbable entre le propriétaire de la licence Tecmo-Koei, l’éditeur Xbox Games Studios et le studio de développement PlatinumGames.

L’existence même de Ninja Gaiden 4 est un petit miracle. D’une part, parce que le troisième volet de la série n’a pas connu un énorme succès et il était dès lors peu probable qu’une suite voit le jour. Ensuite, parce que depuis l’annulation de Scalebound, le raté de Platinum Games pour les studios Xbox, il était peu probable que les deux collaborent à nouveau un jour. Enfin, parce que depuis des années déjà, Tecmo Koei s’était plutôt rapproché des studios PlayStation avec l’exclusivité de plusieurs titres. Mais le miracle s’est bien produit.

Visuellement, le jeu est très réussi.

Et il faut l’avouer, l’année 2025 a été une année chargée pour les fans de la saga, entre la sortie du remake de Ninja Gaiden 2 et la sortie de l’épisode en 2D, Ragebound. Ninja Gaiden 4 parvient-il à atteindre le même niveau d’excellence que son spin-off en 2D ? A notre plus grand regret, la réponse à cette question est non.

Il fallait s’y attendre, le fait que PlatinumGames soit aux commandes du titre a forcément impacté le développement du jeu… Si vous vous attendiez encore à un Ninja Gaiden classique, vous risquez d’être déçu car ce Ninja Gaiden 4 n’a plus grand chose en commun avec ses ancêtres.

Côté univers tout d’abord, on abandonne presque totalement le folklore nippon pour un Tokyo futuriste qui n’a pas grand chose à offrir en dehors d’environnements gris et tristes. Certes, visuellement, le jeu est très réussi avec une explosion d’effets visuels, des modélisations soignées et des décors gigantesques, mais ceux-ci n’ont pas le charme des décors de Ninja Gaiden 1 ou 2. Le casting a également évolué. Exit Ryu Hayabusa – même si vous le jouerai un peu à la fin de l’aventure -, place à un nouveau personnage masqué et sans aucun charme. De façon générale, nous avons d’ailleurs été surpris de découvrir que le jeu mettait si peu en avant son scénario. 2-3 cinématiques entrecoupent les longues séquences de gameplay, l’intrigue reposant sur un timbre poste. Heureusement, le character design reste un point fort du jeu, les personnages sont stylés et admirablement modélisés. On a toutefois pas l’occasion de s’y attacher ni d’en apprendre plus sur le background des boss…

Artistiquement, le jeu est toujours aussi réussi.

Pad en main, le joue souffle le chaud et le froid. La bonne surprise vient des options d’accessibilité : le titre convient aussi bien aux fans purs et durs qui le feront en difficulté Ninja, qu’aux débutants, avec un mode facile ultra-simplifié dans lequel mourir est pratiquement impossible si ce n’est lors d’une chute. On retrouve tout ce qui a fait le charme des originaux, avec des combats très dynamiques, plusieurs options d’esquives, plusieurs systèmes d’upgrades, des séquences de plates-formes réussies, des combats de boss, et même des séquences de vol, grind et jet-ski.

L’ennui, c’est que la patte PlatinumGames remplace celle de la Team Ninja, avec des combats qui sont non seulement beaucoup trop nombreux mais jouent également dans la surenchère avec des dizaines d’ennemis à éliminer. Le sentiment de répétitivité s’installe vite, au point qu’après 4 ou 5 chapitres seulement, nous avons décidé de ne plus tuer systématiquement tous les ennemis. Le jeu a aussi vite tendance à tomber dans le button smasher, un hack & slash pur jus en lieu et place de son angle plus technique. Oui, le titre reste difficile en difficulté ninja, mais là où dans les précédents volets on pouvait par exemple éliminer certains ennemis en un coup, les adversaires sont beaucoup plus coriaces dans ce quatrième opus, puisqu’ils sont de vrais sacs à PV. Les combats de boss aussi déçoivent – ils sont relativement peu nombreux, moins techniques que dans les épisodes précédents et ont surtout moins de charme.

Le character design est soigné.

Les quelques nouvelles séquences de “course” dans les airs et sur des rails apportent un peu de variété mais ne parviennent pas totalement à convaincre elles non plus, la faute à cette désagréable impression d’être constamment sur un rail et de ne finalement être que le témoin de l’action.

Rassurez-vous, si notre test vous parait très négatif jusqu’ici, Ninja Gaiden 4 n’en reste pas moins un jeu d’action efficace. Oui, le jeu a de gros soucis de rythme, la narration est au second plan et Ninja Gaiden 4 n’a pas le charme de ses ancêtres – mais le titre reste plaisant à parcourir. Les combats sont admirablement chorégraphiés, les différentes armes proposées offrent des styles de jeu bien distincts, la mise en scène est dynamique et le gameplay reste fun. Avec son accessibilité, Ninja Gaiden 4 pourrait même séduire un nouveau public. Mais pour les fans, le jeu risque de décevoir, ne serait-ce que par l’absence du casting original – Ryu est certes jouable, mais uniquement au cours de très courtes séquences et Ayana n’apparait que brièvement. C’est tout de même dommage quand on connait le formidable lore de la série…  Le choix du héros est également surprenant puisque les fans demandent depuis très longtemps de pouvoir incarner l’une des kunoichis de la série.

Quelques séquences de jeu arrivent à agréablement nous surprendre.

Alors non, Ninja Gaiden 4 n’est pas le plus mauvais jeu de la série – l’épisode 3 conservera quelques années encore ce titre (mais pas l’édition Razor’s Edge qui avait considérablement relevé le niveau), mais il est tout de même loin d’atteindre le niveau d’excellence des autres opus de la franchise. On retrouve finalement le symptôme MGS Revengeance, avec un jeu d’action fun et décomplexé dans la plus pure tradition des productions PlatinumGames, mais qui prend trop de libertés avec l’univers et le gameplay quitte à se mettre à dos toute la communauté de fans. C’est d’autant plus dommage qu’il y avait là de bonnes idées comme l’introduction des missions secondaires, défis et le scoring qui ajoutent une dose de rejouabilité au titre, déjà costaud niveau contenu avec une aventure longue de 15 à 20h.

Conclusion

Atteint du même syndrome que MGS Revengeance, une autre production PlatinumGames, Ninja Gaiden 4 s’impose comme un jeu d’action nerveux et très théâtral, qui prend toutefois des libertés avec la franchise. Exit Ryu et place à un nouveau héros masqué sans charisme pour cet épisode qui fait finalement plus office de spin-off que de suite. Divertissant, avec ses combats intenses, le titre manque le coche côté narration avec un scénario qui tiendrait sur un timbre poste et un casting décevant. Côté gameplay, le jeu est beaucoup plus accessible que ses ancêtres puisqu’il se rapproche d’un hack & slash, avec ses combats interminables et abondants. On aime beaucoup de choses dans ce nouvel opus : le dynamisme du gameplay, les missions secondaires, les défis, le scoring, et même les quelques séquences “sur rails” qui ont le mérite d’être assez funs. Il y a toutefois également pas mal de choses qui coincent entre l’absence de fan-service, le casting décevant, le scénario minable, les décors futuristes sans âme et la simplification du gameplay. Une chose est certaine : PlatinumGames ne s’en est pas forcément mieux sorti que la Team Ninja à cet exercice…  

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Ninja Gaiden 4

Gameplay 5.5/10
Contenu 6.5/10
Graphismes 8.0/10
Bande Son 6.5/10
Finition 7.5/10
6.8

On aime :

Les missions secondaires, défis, le scoring

Des combats très dynamiques

Les options d'accessibilité

Plutôt joli

On aime moins :

Un scénario minable

Un casting pas très réussi

Des décors sans âme

Une trop grande dimension hack & slash