Tim Berners-Lee, le créateur du Web, a conçu ce dernier afin que tout le monde puisse l’utiliser gratuitement. C’était avant tout un outil visant à libérer la créativité et la collaboration à l’échelle mondiale. Désormais, son regard sur ce qu’est devenue sa création est très critique. Explications. Depuis sa création, le Web a évolué. Lorsque Tim Berners-Lee a eu l’idée du World Wide Web, il avait 34 ans. Il raconte dans les colonnes de The Guardian comment le projet est né lorsqu’il travaillait au CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire. Son idée était simple même si elle semblait “un peu excentrique”. Il voulait combiner Internet et l’hypertexte, deux technologies préexistantes. En somme, cela permettait d’ajouter des liens à des documents. Pour lui, cela représentait un système de navigation simple pouvant libérer la créativité et la collaboration à l’échelle mondiale. Cet outil devait être accessible à tous gratuitement. C’est pour cela qu’il a convaincu ses dirigeants de placer la propriété intellectuelle du World Wide Web dans le domaine public. Désormais âgé de 70 ans, ce physicien et informaticien britannique critique l’évolution de sa création. Pour lui, le Web actuel ne correspond pas à la vision qu’il avait. Avec les grosses entreprises qui collectent les données et se servent d’algorithmes créant une dépendance et pouvant “nuire à la santé mentale des adolescents”, l’utilisateur n’est plus un client mais un produit. Il va même jusqu’à déclarer que “quelque part entre sa version originale du Web 1.0 et l’essor des réseaux sociaux du Web 2.0, nous avons pris le mauvais chemin”. Ce dernier craint d’ailleurs que l’intelligence artificielle ne fasse que renforcer une évolution du Web faite au détriment de la société. Il lance donc l’alerte en précisant que nous sommes à un nouveau carrefour et qu’il faut éviter de répéter les erreurs passées. Tim Berners-Lee en profite pour présenter Solid, une norme open source interopérable qui permet aux utilisateurs de garder le contrôle de leurs données. En effet, cette dernière laisse aux personnes la possibilité de choisir quelles données elles souhaitent ou non partager. Les applications doivent donc demander un accord. Ainsi, au lieu d’être éparpillées sur les serveurs de plusieurs entités, vos données restent localisées au sein d’un seul endroit dont vous gardez le contrôle.