Il aura fallu pas moins de six longues années pour que les fans de Borderlands 3 aient enfin droit au quatrième volet de la franchise. Gearbox l’avait promis : ce quatrième épisode serait celui du changement. Et le jeu ne déçoit pas… Le studio texan de Randy Pitchford n’a pas chômé depuis la sortie de Borderlands 3, enchainant les extensions, puis un FPS dérivé baptisé Tiny Tina’s Wonderlands en 2022, avant de livrer un spin-off narratif la même année, New Tales from the Borderlands. 3 ans plus tard, Gearbox nous livre enfin la suite de Borderlands 3, qui change les règles du jeu. Clap-Trap reste l’un des personnages incontournables de la série. Et autant vous le dire tout de suite, il y en a du changement, tant dans le ton du jeu que son gameplay et son bestiaire. L’histoire du jeu prend ainsi place six ans après la téléportation d’Elpis (lune de Pandora) en orbite de Kairos, brisant la barrière protectrice de la planète. Vous y incarnez l’un des quatre nouveaux Vault Hunters – Vex la scientifique de combat, Rafa le peacekeeper, Harlowe l’ingénieure high-tech, ou Amon le guerrier – qui ont tous leurs spécificités et pouvoirs, et qui vont mener la vie dure au Timekeeper, un dictateur qui manipule le temps pour imposer sa tyrannie. Cette fois, la menace est alien. Oubliez les badlands, direction des contrées verdoyantes et jungles luxuriantes. Un vrai changement d’univers par rapport aux trois premiers volets. Second changement radical : le ton. Exit les blagues pataudes du troisième volet, l’humour est toujours là mais un peu moins vulgaire. Ca passe du coup un peu mieux, même si tout le monde n’y adhérera pas. Surtout que le jeu fait un peu les frais de la censure avec un ton plus grand public, qui donne l’impression que le studio essaye de séduire une plus large audience et cible un public plus jeune. Borderlands 4 conserve un côté très teenager de superhero movie. Tout va vite, il y a beaucoup d’intervenants et le scénario a été écrit comme celui d’un film à gros budget. L’univers évolue drastiquement par rapport à celui des 3 premiers volets. Côté gameplay aussi, il y a du changement. On est toujours face à un looter-shooter coopératif en monde ouvert, et de facto, la formule évolue peu : on avance avec son escouade de potes en massacrant les nombreux ennemis qui se dressent sur notre chemin. Le jeu se veut open world mais nous dirige fortement dans son aventure, de zone en zone, avec beaucoup de combats en arènes contre des boss. Comme dans les précédents volets, le loot représente une partie prépondérante du gameplay : il y a une abondance, d’objets et d’armes à récolter partout et faire évoluer son arsenal en même temps que son niveau sera essentiel pour tenir face à des ennemis qui grimpent aussi de niveau… Globalement, le jeu a gagné en nervosité par rapport à ses prédécesseurs avec des combats beaucoup plus intenses qui le rapprochent un peu plus d’un fast-FPS. De nouveaux mouvements sont au programme : double saut, glisse, dash, grappin et surtout jetpack pour planer dans les airs. Les combats deviennent d’un coup beaucoup plus verticaux et techniques que dans les anciens volets. De façon générale, le comportement des ennemis a aussi été retravaillé avec des ennemis plus agressifs, qui suivent moins de patterns et vous surprendront assez souvent. Borderlands 4 est plus punitif que ses ancêtres : vous y mourrez plus souvent et devrez recommencer des sections entières du jeu, mais le jeu offre plus de liberté d’action et brille par sa diversité. Le ton rappelle celui d’un film de superhéros. Côté contenu, c’est aussi une vraie bonne surprise avec une quête principale qui avance vite en début d’aventure, mais très vite une abondance de quêtes secondaires qui devraient occuper un bon moment les groupes d’amis. La force du titre reste bien sûr la coopération à quatre, en ligne, avec crossplay, et jusqu’à 2 sur une même console. Le tout est bien pensé avec un système de drop in rapide, des complémentarités dans le gameplay des classes, des combats exigeants. Borderlands 4 est vraiment maîtrisé pour la coop. Comptez un bon 30h avant d’en voir le bout, en prenant votre temps et réalisant quelques missions secondaires. Beaucoup plus en difficile si vous visez le 100%. Les véhicules vous permettent de naviguer rapidement sur la carte. Côté technique, le jeu s’en sort correctement. On s’attendait toutefois à beaucoup mieux pour un jeu Unreal Engine 5. Trop souvent, le cel shading fait office de cache misère. Certains décors restent désespérément vides. D’autres offrent de très jolis panoramas. Globalement, on sent une vraie évolution par rapport à Borderlands 3, mais on n’a pas non plus une claque. Ceci étant dit, cela a un atout : le jeu reste très stable à 60 FPS, il n’y a pas trop de bugs malgré quelques décors qui “pop” à l’horizon. La bande son est à l’image des précédents épisodes épique : dialogues punchy, doublages parfois agaçants, bruitages viscéraux et musique engageante. Ca fonctionne très bien de façon globale, mais ça a tendance à tomber un peu dans le too much. Conclusion Avec Borderlands 4, Gearbox livre une suite parfaitement maîtrisée à Borderlands 3. Le jeu corrige certains défauts de son ainé (ton, finition, répétitivité), tout en apportant quelques nouveautés (décors plus colorés, grappin, gameplay plus nerveux). Le résultat ? Un looter shooter très efficace, qui se joue de préférence à deux ou à quatre et qui remet la série sur les bons rails. Borderlands 3 n’était certes pas un mauvais jeu, mais il faut bien avouer que les 2 derniers volets jouaient fortement la carte de la répétition. Du coup, là on a l’impression de repartir sur de solides bases. Borderlands 4 rate toutefois le coche sur deux points : son ton, trop teenager, qui vise clairement un public trop jeune, et sa réalisation globale, décevante pour un jeu UE5. Le jeu n’est pas forcément laid, mais on en attendait beaucoup plus sur le plan technique. Que les fans se rassurent toutefois, ce Borderlands 4 est une très bonne pioche.