Test – Hotel Barcelona : le dernier délire de Suda51

Collaboration inattendue entre Swery, le scénariste de Deadly Premonition 1&2, et Suda51, le créateur génial de No More Heroes, Killer is Dead et Shadows of the Damned, Hotel Barcelona était l’un des jeux indés les plus attendus de la rentrée. Malgré un casting de haute volée, le titre a toutefois beaucoup de mal à séduire…

Il faut bien l’admettre, il est plutôt rare que Goichi Suda, alias Suda51, le fondateur du studio Grasshopper Manufacture, se plante. Depuis une vingtaine d’années, le créateur a multiplié les succès critiques, avec Killer7 tout d’abord sur GameCube, puis des jeux iconiques comme No More Heroes (Wii), Sine Mora (Xbox 360), Shadows of the Damned (PS3 & Xbox 360), Killer is Dead (PS3 & Xbox 360), ou encore Lollipop Chainsaw (PS3 & Xbox 360). Depuis une dizaine d’années toutefois, la qualité de ses productions s’est effondrée. On pense au très décevant Travis Strikes Again mais aussi au troisième et dernier volet de la saga No More Heroes. Alors, forcément, on était curieux de voir ce qu’il allait réaliser avec Hotel Barcelona, une collab’ avec le scénariste complètement zinzin de Deadly Premonition.

Une grosse partie du gameplay repose sur l’usage des “fantômes”.

Et côté scénario, le jeu ne déçoit pas. L’histoire d’Hotel Barcelona nous place dans la peau de Justine, une marshal fédérale novice, qui atterrit dans un hôtel isolé en forêt après un accident de voiture. Ce palace luxueux, inspiré de The Shining, abrite les Sept Tueurs Slasher – des psychopathes américains iconiques réinventés en abominations : un clown cannibale, un requin cybernétique, une entité alien. Piégée dans une boucle temporelle, Justine va s’aider de ses fantômes – des échos spectraux de ses vies passées qui influencent le monde des vivants – pour progresser. Globalement, le scénario du jeu est plutôt plaisant, les dialogues sont savoureux mais on reprochera toutefois à ce titre un rôle principal assez creux. Justine manque atrocement de personnalité et d’expérience, et ça fait forcément un personnage beaucoup moins savoureux qu’un vieux flic torturé. On regrette aussi amèrement que le scénario ne soit pas plus barré. Avec de tels personnages aux commandes, on aurait pu s’attendre à quelque chose de plus fou, niveau mise en scène.

Les dialogues sont plutôt décalés.

Pad en main, le jeu se présente comme un hack ‘n slash en 2.5D très mal fignolé – pour ne pas dire franchement amateur. La particularité, c’est qu’il emprunte beaucoup d’éléments au genre des roguelites, avec des runs à répétition et une évolution du personnage pour se simplifier la tâche. L’arme principale de Justine pourra ainsi s’améliorer avec le sang collecté. Le jeu est volontairement bourrin avec un rythme frénétique, et ça colle d’ailleurs assez mal au côté très punitif des attaques adverses, avec un temps de réaction très serré pour parer les coups.

La grosse originalité du jeu, ce sont ses fantômes. Vous pourrez invoquer jusqu’à 3 échos passés. Chacun a ses particularités : un tank qui va distraire les adversaires, un soigneur,… Un concept séduisant qui a le mérite d’ajouter une dose de stratégie au jeu, mais qui induit un rythme lent en début d’aventure – comptez 2 bonnes heures de tutoriel – outch ! Il y a dans ce jeu plein de très bonnes idées : la coopération en ligne, le système de fantômes, le choix des chemins à emprunter, qui vous octroieront différents avantages. L’ennui, c’est que le jeu se révèle être horriblement frustrant entre son style amateur, ses déplacements peu précis, son système d’esquives frustrant, son exploration labyrinthique et son level design peu inspiré. Assez linéaire dans sa première partie, le jeu donne beaucoup plus de liberté par la suite et dévoile petit à petit sa richesse.

Les décors s’inspirent de classiques de l’horreur.

Et sincèrement, on aurait voulu l’aimer, ce roguelite si original. L’ennui, c’est qu’on a trop souvent l’impression de jouer à un petit jeu développé par deux amateurs dans leur garage. Visuellement, le style 2.5D ne convient pas du tout. C’est cringe au possible et les animations semblent sorties d’un autre temps. Le jeu est plein de bonnes idées mais n’arrive pas à les exploiter. La plupart des joueurs lâcheront très vite le pad. Que les fans se rassurent toutefois, le titre n’en demeure pas moins plaisant si vous accrochez au concept des fantômes – les idées sont là, l’univers délirant est là et Hotel Barcelona parvient au moins à s’imposer comme une curiosité qui vaut le coup d’œil ne serait-ce que pour son concept unique.

Conclusion

Collaboration inattendue entre Swery (Deadly Premonition) et Suda51 (Killer7, No More Heroes), Hotel Barcelona est un hack ‘n slash délirant, qui lorgne du côté du roguelite et tire son originalité de son mode coop en ligne et de ses “fantômes”, à combiner pour progresser dans le niveau. Comme dans toutes les productions Suda51, le concept est totalement délirant, le scénario de Swery l’est tout autant. L’ennui, c’est que ce jeu a l’air d’avoir été réalisé par deux amis dans un garage, en l’espace de quelques soirées. Les bugs sont nombreux, les animations sont d’un autre temps et visuellement, cela reste assez moche. S’il n’est pas le plus gros raté du studio, Hotel Barcelona n’est pas non plus l’une de ses plus belles réussites. A vrai dire, c’est même un jeu assez moyen qui a le mérite d’être une jolie curiosité…  

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Hotel Barcelona

Gameplay 6.0/10
Contenu 6.5/10
Graphismes 4.5/10
Bande Son 7.5/10
Finition 6.5/10
6.2

On aime :

L'univers décalé

Des idées originales, notamment les fantômes

La coop

Du cringe à toutes les sauces

On aime moins :

Un personnage principal assez creux

Le côté très cheap du jeu

Les animations

Un gameplay trop imprécis