Gloomy Eyes, ce nom vous dit peut-être quelque chose et pas sans raison puisqu’il s’agit de l’adaptation en jeu classique d’une trilogie VR animée qui a fait son petit buzz à l’époque. Développé par le studio belge Fishing Cactus en collaboration avec ARTE France, ce puzzle-game s’inspire assez ouvertement de l’oeuvre de Tim Burton, en nous plongeant dans un monde où un zombie et une humaine défient les interdits pour ramener la lumière. Avec Gloomy Eyes, le petit studio belge Fishing Cactus livre l’un de ses projets les plus ambitieux, et l’un de ses rares jeux consoles. Ils ont choisi d’adapter une oeuvre en réalité virtuelle sortie en 2019, en un jeu type puzzle-game classique. Pourquoi cette oeuvre en particulier ? Tout d’abord, parce qu’elle avait reçu un accueil critique très chaleureux, en étant notamment primée au festival de Sundance. Ensuite, parce qu’avec son esthétique burtonienne et son univers atypique, Gloomy Eyes avait un énorme potentiel. Visuellement, le jeu est superbe. Le jeu nous plonge dans un monde dans lequel le soleil, las de l’humanité, s’est caché, plongeant le monde dans une nuit perpétuelle. Les morts se relèvent en zombies, chassés par les vivants dans un conflit sans fin. Au cœur de cette obscurité, Gloomy, un jeune zombie, et Nena, une fille humaine, nouent une amitié interdite. Une histoire qui aurait très bien pu être écrite par Tim Burton himself, auteur duquel les créateurs de Gloomy Eyes se sont d’ailleurs inspirés pour character design et l’univers graphique. Mélangeant macabre, horreur et amitié, le titre se veut une petite prod’ indé qui sort des sentiers battus. Attention toutefois à ne pas vous méprendre, vous n’êtes pas ici face à un jeu d’aventure mais un puzzle game qui vous plonge dans des dioramas rotatifs. Tout repose sur ce seul et unique concept. On dirige zoomy du bout du stick dans des niveaux artistiquement superbes, qui font office de puzzles. Il faudra y activer des interrupteurs, récupérer des objets, en lancer pour désactiver par exemple une lampe… Des interactions basiques qui donnent l’impression de jouer à une oeuvre qui est avant tout visuelle. Car si l’univers du jeu, son esthétique, sa bande son, nous ont séduit dès la première minute de jeu, il faut le savoir, le gameplay est son plus gros défaut. Certes, l’idée de contrôler deux personnages, Gloomy et Nena est séduisante. On doit passer de l’un à l’autre pour résoudre des puzzles environnementaux. Gloomy, sensible à la lumière, peut lancer des os pour éteindre des lampes ou distraire les zombies, tandis que Nena, agile dans l’ombre, manipule des objets ou affronte les cultistes humains. Les deux idées se complètent à merveille – le jeu aurait d’ailleurs pu être plus agréable à jouer en coop mais les développeurs ont, tout comme dans un Brothers, choisi la voie du jeu solo. L’ennui, c’est qu’en dépit de très bonnes idées, on tourne vite en rond et la formule se veut avant tout contemplative. Les énigmes sont relativement faciles à résoudre, quelques rares séquences d’action viennent heureusement ponctuer l’aventure. La gestion de la caméra est toutefois chaotique puisqu’il n’est pas possible de la contrôler soi même et que celle-ci a tendance à ne pas toujours offrir le meilleur angle. Dans notre aventure, on a aussi rencontré quelques bugs. Les niveaux sont également très courts et ont un level-design assez torturé… Bref, vous l’aurez compris, l’expérience est mitigée – et de surcroit assez courte. C’est sans doute ce qui explique son tarif de 20€. Les quelques énigmes sont globalement trop faciles à résoudre. Ceci étant dit, si le gameplay du jeu est très moyen, il n’en mérite pas moins le détour pour son univers sombre, son scénario plaisant et ses superbes dioramas. Son, esthétique est clairement son plus bel atout. Gloomy Eyes est une merveille. Les décors sont chargés de détails, réalisés en claymotion, comme dans le film The Nightmare Before Christmas, et regorgent de détails macabres – squelettes dansants, lucioles éthérées. C’est l’un des plus beaux jeux indés réalisés avec l’Unreal Engine. Et juste pour ça, il mérite le coup d’oeil. Conclusion Développé par un petit studio belge, Gloomy Eyes est une expérience avant tout narrative qui nous plonge dans un univers Burtonien plein de charme. Visuellement à couper le souffle, le jeu exploite parfaitement le potentiel de l’Unreal Engine. On se croirait tout droit plongé dans le film The Nightmare Before Christmas. Son character design et ses superbes dioramas, chargés de détails valent le détour à eux seuls. L’ennui, c’est que le gameplay ne suit pas. Le concept de puzzle-game est très basique et malgré quelques bonnes idées, on s’ennuie vite devant ce divertissement finalement très contemplatif. Dommage.