Test – Metal Gear Solid Delta Snake Eater : le revival d’un classique qui a mal vieilli

Franchise iconique de Konami, Metal Gear Solid revient d’entre les morts, le temps d’un remaster avec Metal Gear Solid Delta, l’adaptation sur les consoles de nouvelle génération du troisième volet de la saga, sorti en 2004 sur PS2.

Après nous avoir livré une compilation des trois premiers Metal Gear Solid dans leur forme originelle ainsi que des deux premiers Metal Gear, Konami nous livre donc cette fois un remaster du troisième volet sous l’Unreal Engine 5. Pourquoi dans ce cas précis on parle de remaster et non pas de remake ? Car à l’exception des graphismes, qui ont été remis au goût du jour, et de quelques améliorations côté gameplay, rien n’a changé. Ce remaster se veut d’une fidélité extrême au matériau d’origine.

Cet épisode est beaucoup plus orienté action que ses prédécesseurs.

Derrière ce projet ambitieux, on retrouve Virtuos, à qui l’on doit récemment l’excellent remaster / remake de The Elder Scrolls VI: Oblivion. Un studio qui brille lorsqu’il s’agit de remettre au goût du jour un classique et qui maîtrise parfaitement l’Unreal Engine 5. Reste que, même avec un excellent CV, certains défis peuvent s’avérer plus coriaces que d’autres. Vu l’aura qui entoura la saga et “l’œuvre de Kojima”, ce n’était certainement pas une mince affaire. D’autant plus que MGS 3 fait partie des épisodes les plus controversés de la saga. Demandez à un fan son épisode préféré, et il vous répondra certainement MGS 1 ou MGS 2. Le pire ? Survive, sans l’ombre d’un doute. Les avis sont plus contrastés pour MGS 3, 4 et 5. Ce troisième épisode de la série était le premier à prendre ses distances avec le gameplay des deux premiers volets, très orientés infiltration. MGS 3 intégrait en effet une composante survie qui n’a pas forcément plu à tous les publics. Sa structure posait également question. Sans parler du scénario, qu’on aime ou qu’on déteste.

Les échanges radio vous avaient manqué ? Nous non plus…

L’histoire prend place cette fois en pleine Guerre Froide. Dans la peau de Naked Snake, un agent parachuté dans la jungle soviétique pour exfiltrer un scientifique soviétique, le joueur va se retrouver face à l’unité Cobra, un groupe de soldats aux capacités surnaturelles. Autant vous le dire tout de suite : les cinématiques représentent la moitié du temps de jeu environ. MGS 3 a toujours été pensé avant tout comme une aventure cinématographique. L’ennui, c’est que malgré des débuts prometteurs et un casting de haute volée, il est très difficile en 2025 d’accrocher à cette intrigue qui a tendance à s’alourdir inutilement et accorder beaucoup trop d’attention à des détails inutiles. Pas mal de choses ont également très mal vieilli : l’humour de Kojima, les cartes érotiques à récupérer un peu partout, la façon de raconter une histoire ou les appels radios, verbeux et souvent très ennuyeux.

MGS 3 introduit de nouveaux mécanismes de survie… pas forcément intéressants.

Pad en main, on se rend également très vite compte que Delta est un jeu ancré dans une autre époque. Le jeu se positionne toujours comme un titre d’action / infiltration mais les nouveaux contrôles ont tendance à favoriser l’action. Les développeurs ont choisi d’intégrer deux types de contrôles avec une vue à l’ancienne, avec une caméra fixe et une vue éloignée, qui reproduit les contrôles de l’époque et un système de jeu modernisé avec une caméra au-dessus de l’épaule (voire à la première personne si vous le préférez) et une ergonomie modernisée. Les contrôles “legacy” ont très mal vieilli. Le gameplay parait atrocement rigide et il faut l’avouer certains passages peuvent se révéler très pénibles. A l’inverse, le mode “nouveau style” modernise brillamment la formule tout en simplifiant le challenge – un peu trop ! Car avec ce nouveau mode de tir, difficile de rater les headshots, de “rater” un serpent ou une araignée ou d’échouer lors des combats de boss. La modernisation des commandes a considérablement abaissé le niveau de difficulté du jeu. Et c’est bien dommage car d’un coup, la partie survie du jeu, qui n’était déjà pas fantastique à l’époque, parait presque totalement inutile aujourd’hui. Dans MGS 3, le joueur devait “chasser” dans la jungle – ou du moins ramasser champignons, fruits et tuer les serpents et caymans qu’il croisait pour récupérer un peu de nourriture. Nourriture qui servait à booster sa jauge d’endurance. Dans le même ordre d’idée, MGS 3 intégrait un nouveau concept en abandonnant les packs de santé. En cas de blessure, le joueur devait accéder à un menu dédié pour se soigner : retirer la balle, nettoyer la plaie, panser… Un concept très séduisant sur le papier mais atrocement répétitif et ennuyeux à répétition. Quelques idées étaient à l’inverse joliment exploitées, à l’image du camouflage. Dans MGS 3, le joueur pouvait augmenter son camouflage en changeant de peinture faciale et de costume, selon les environnements traversés. Tout cela n’a plus vraiment d’importance dans Delta, puisque le joueur se transforme en une véritable machine à tuer.

Beaucoup de combats de boss sont ratés.

Ce qu’il est important de savoir si vous n’aviez jamais joué à l’original, c’est que MGS 3 reste en terme de structure très proche de son ancêtre avec un level design extrêmement linéaire et des zones de jeu toutes petites – contrairement à ce que le contexte aurait pu laisser penser… Et c’est sans doute l’une des raisons pourquoi tant de joueurs ont eu du mal avec cet épisode, qui promettait une énorme liberté d’action. On se retrouve catapulté dans une jungle luxuriante avec des tas d’idées géniales sur le papier, mais en définitive, on évolue toujours dans des couloirs et la plupart des idées ne sont jamais exploitées à leur plein potentiel. Dans le même ordre d’idée, il est toujours beaucoup plus facile d’opter pour la solution musclée que de tenter de passer inaperçu… Certes, les ennemis sont bêtes à manger du foin mais le temps d’attente en cas d’alarme reste très long (jusqu’à 1 minute 30 secondes). Alors oui, on retrouve les éléments qui ont fait la gloire de MGS : son célèbre carton, ses différentes armes, ses combats de boss, mais globalement la formule a beaucoup changé entre le 2 ème et le 3 ème volets. En terme de structure et de rythme, MGS 3 est également un piètre jeu, qui vous fait enchainer 30 minutes de cinématiques pour servir ensuite 3 combats de boss à la suite – lesquels sont pour la plupart nettement moins excitants que dans les 2 premiers volets de la série. Globalement, ce qui choque le plus avec MGS 3, c’est d’ailleurs son level-design médiocre, en couloir comme un bon vieux survival horror, et en ligne droite. Peu ou pas de chemins alternatifs, beaucoup de collectibles parfaitement inutiles, et finalement moins de 4h de gameplay.

Beaucoup de choses ont également mal vieilli : certains combats de boss sont si faciles et peu engageants qu’on aurait préféré les voir supprimés, les contrôles manquent vraiment de précision et surtout, chaque changement de zone de jeu induit un temps de chargement de quelques secondes – conséquence à l’époque des limitations techniques de la PS2. C’est là d’ailleurs qu’on sent que ce Delta n’est ni plus ni moins qu’un remaster et non pas le remake tant attendu.

Côté contenu, on reste aussi sur notre faim. Le jeu se boucle aujourd’hui en moins de 8h en facile, 5h si vous passez les cinématiques. La durée de vie grimpera à 12h en difficile, en prenant son temps. Ajoutez à cela un mode théâtre et quelques mini jeux rigolos le temps de deux ou trois parties et vous comprendrez que le fan-service est tout de même très limité. Un mode Missions VR aurait par exemple été bienvenu. Ou un mode combats de boss par exemple. A 80€, l’addition est donc salée pour un remaster très scolaire qui se contente grosso modo d’une grosse refonte graphique. A ce niveau là, le titre est très propre. L’UE 5 fait des miracles en donnant littéralement vie à la jungle : feuillages denses, jeux de lumière dynamiques, et textures détaillées donnent vie à chaque marécage. Il faudra en revanche composer avec l’incontournable choix entre le mode Performance qui garantit un framerate stable à 60 FPS mais des visuels moins léchés et le mode qualité qui garantit cette fois les visuels les plus propres mais un framerate lent (30 FPS) avec quelques chutes de framerate. Pas fameux.

La bande-son déçoit aussi, avec des musiques moins marquantes que dans les deux premiers volets et des compositions remixées. Côté doublages, pas de VF mais une VO sous-titrée en français et une version anglophone.

Conclusion

Excessivement fidèle au matériau d’origine, ce remaster de Metal Gear Solid 3 pour les consoles de nouvelle génération se veut avant tout un hommage au travail de Kojima. Visuellement, le jeu est très joli avec ses décors tropicaux réalisés avec l’Unreal Engine 5. Le remaster conserve tout le contenu original, tout en modernisant le gameplay avec une vue derrière l’épaule, des menus remaniés et une vue à la première personne, qui permet d’enchainer les headshots. C’était une excellente idée en soi. L’ennui, c’est que le jeu est d’un coup beaucoup plus facile… MGS 3 était également critiqué en son temps pour son abondance de cinématiques (elles représentent la moitié du temps de jeu), les éléments de survie qui n’apportaient pas grand chose au gameplay et son level-design très linéaire. Rien de tout cela n’a changé malheureusement avec ce remaster. A 80€, c’est un peu cher payé pour un jeu clivant qui a très mal vieilli malgré sa cure de jouvence. Mais les joueurs qui avaient adoré cet épisode à l’époque seront certainement ravis par le travail réalisé par Virtuos.

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Metal Gear Solid Delta: Snake Eater Metal Gear Solid Delta: Snake Eater

Gameplay 6.0/10
Contenu 5.5/10
Graphismes 8.0/10
Bande Son 6.5/10
Finition 6.0/10
6.4

On aime :

La modernisation des commandes

Une jolie refonte graphique sous l'UE 5

Quelques passages très réussis, surtout dans le dernier quart

On aime moins :

Un gameplay et un level qui ont très mal vieillis

La modernisation a grandement simplifié le jeu

Vendu plein pot (80€)

Les modes Performances et Qualité peinent à convaincre

Presque pas de contenus inédits...