Observé du coin de l’oeil par les amateurs de Souls-likes, Hell is Us était considéré par beaucoup de joueurs comme un titre à très gros potentiel, qui aurait par ailleurs très bien pu avoir l’effet d’un pétard mouillé à sa sortie. Explications. Studio relativement méconnu, Rogue Factor livre avec son Hell is Us son premier projet ambitieux. Annoncé en 2022, le titre rejette les conventions modernes pour livrer le joueur à son propre sort. Pas de map ni de waypoint, c’est à vous de vivre votre aventure, à l’ancienne, en obtenant des détails auprès des PNJ, pour savoir où se rendre et que faire… Un curieux mélange de genres qui tire ses inspirations de titres comme Death Stranding et Dark Souls qui sera décidément resté très discret jusqu’à sa sortie. Le design des ennemis est franchement effrayant. Le titre se distingue des autres productions du genre par son univers très sombre, qui lorgne du côté du post-apocalyptique. Dans la peau d’un de Rémi, le joueur va découvrir le sort de son pays natal, Hadea, une nation qui semble inspirée des pays des Balkans, ravagé par la guerre et envahi par des créatures surnaturelles, les Hollow Walkers. Le récit tire assez ouvertement son inspiration de Death Stranding avec une intrigue très cryptique. L’univers, ancré dans une esthétique des années 90 avec des costumes rétro et des environnements dévastés, est visuellement frappant. Et il faut bien l’avouer, on est porté par ce récit, même si on a souvent l’impression d’être noyé par les informations en début d’aventure. Attendez-vous à être parfois assailli de toute part ! Le jeu en lui-même se présente comme un jeu d’aventure qui mélange les éléments clés de ses deux inspirations : des combats hardcore au corps à corps inspirés des souls-likes et une partie aventure plus basée sur l’exploration et le narratif, comme Death Stranding. Attention toutefois à ne pas vous faire un film dans votre tête : le jeu n’est pas un open world et donne une liberté très mesurée. Il reste par essence linéaire avec une structure en niveaux. Alors oui, on est largué dans les niveaux sans carte ni navigation, mais en définitive l’expérience n’est pas si hardcore que ça, puisqu’on ne suit généralement qu’une ou deux quêtes à la fois dans des niveaux pas si vastes que ça, avec une construction assez naturelle. Pour trouver leur chemin, les joueurs devront toutefois s’appuyer sur les dialogues des PNJ et des indices environnementaux. Une approche nostalgique, qui a du charme, mais qui pourrait toutefois déplaire à certains joueurs. Comme on l’a dit, l’exploration y joue une part centrale, mais pas que, car le joueur devra aussi résoudre quelques puzzles assez simples en alignant par exemple des symboles, et affronter des créatures redoutables qu’on croirait sorties d’un film d’horreur. L’action est présente, mais comme dans Death Stranding, on passera tout de même une grosse partie de notre temps à nous promener, obtenir des indices et admirer les superbes panoramas. Les paysages sont plein de charme. Côté combats, on affronte des ennemis effrayants à l’arme blanche. Vous aurez le choix entre plusieurs armes, de l’épée à la lance en passant par la hache, toutes évolutives. L’originalité vient du fait que vous pourrez utiliser des drones pour vous aider, par exemple pour distraire un ennemi pendant que vous l’attaquez, ou l’attaquer avec vous. Les combats sont efficaces mais assez répétitifs face à des ennemis par très intelligents et très redondants. La caméra a par ailleurs tendance à être capricieuse et rendre les combats assez chaotiques. C’est sans doute le point où le jeu convainc le moins d’ailleurs, avec des affrontements qui manquent de profondeur, de technicité et de diversité. Rassurez-vous toutefois, c’est loin d’être mauvais, mais par rapport à un Dark Souls il y a tout de même un gap significatif. Reste que, si le jeu n’est pas aussi mémorable qu’on l’aurait espéré, il n’en reste pas moins un titre très plaisant à parcourir avec sa narration efficace, son univers mystérieux, ses très jolis graphismes et ses décors splendides. C’est sans doute là son plus gros atout : le titre nous plonge dans un univers SF plein de charme, avec des paysages bucoliques, une atmosphère pesante et des bruitages qui nous immergent parfaitement dans l’ambiance du jeu. Conclusion Nacon et Rogue Factor nous livrent un jeu d’aventure à mi-chemin entre Death Stranding et Dark Souls, qui séduit par son univers sombre, son intrigue mystérieuse et ses superbes paysages. Si la partie combats déçoit un peu, en raison notamment d’un manque de profondeur tactique et d’une caméra souvent mal placée, le titre se révèle agréable à parcourir avec son système de progression unique, qui repose sur les dialogues avec les PNJ. Pas de carte ni d’indicateur à l’écran : il faudra progresser seul, comme un grand. Et la formule est plutôt séduisante, d’autant plus que les dialogues sont réussis et l’intrigue cryptique. Ce n’est pas le jeu de l’année mais Hell is Us n’en reste pas moins une bonne surprise, surtout au prix auquel il est vendu (moins de 40€)