Les réseaux sociaux représentent pour beaucoup un moyen de partager des moments de leurs vies privées. Bien des parents n’hésitent pas à afficher leur enfant. Pour éviter de montrer leur visage, ils ajoutent un émoji. Une pratique à éviter. Que ce soit sur Instagram, Facebook, X ou autre, divers parents n’hésitent pas à montrer des moments de leur vie privée. Ceux-ci impliquent parfois qu’un enfant soit sur le cliché. Des fois, celui-ci est même mis en scène de manière volontaire. Un anniversaire, une fête de famille, un voyage, un moment précis, les occasions ne manquent pas. Sharenting et vie privée Cette pratique, c’est le “sharenting”. Bien entendu, face à la menace de l’utilisation des images par des personnes malveillantes, les parents en question ajoutent un émoji (souvent pour traduire une émotion) pour couvrir totalement ou partiellement le visage de leur progéniture. Dans l’idée, cela permet de conserver un certain anonymat. Dans les faits, c’est bien plus complexe. C’est Lisa Ventura, une experte en sécurité et fondatrice de Cyber Security Unity, qui en a récemment parlé dans les colonnes de l’Independent. Pour elle, la réponse sur la protection de la vie privée grâce ce petit émoji est simple : non, l’élément qui masque la tête de votre enfant n’offre aucune protection réelle. C’est même plus pour rassurer les parents que pour servir les intérêts de l’enfant. Deux problèmes se posent réellement. Des images qui en disent plus que vous ne le pensez Le premier, c’est l’ensemble des informations que véhicule une image. Vous n’y pensez pas forcément mais un cliché avec un enfant peut donner plusieurs renseignements. L’âge approximatif de ce dernier, la localisation, le jour et l’heure de la photo, etc. Une personne malintentionnée peut par exemple reconnaître un lieu habituellement fréquenté. Si vous ajoutez en plus des détails en commentaires, les liens peuvent être vite faits. En sus, à force de publier des photos de votre enfant, sans un consentement explicite, cela va créer un profil numérique qui pourrait se retourner contre lui plus tard. Il pourrait ainsi être utilisé dans le cadre de railleries. L’I.A. et la reconstruction d’un visage Le second, c’est l’utilisation de l’I.A. Celle-ci ne cesse de gagner en performances. Les algorithmes sont de plus en plus pointus et permettent désormais de reconstituer une partie de l’image avec les éléments qui sont autour. Cela vaut également pour un visage. Ainsi, si l’émoji ne couvre que partiellement ce dernier, l’outil IA peut analyser la forme de la mâchoire et autres traits caractéristiques pour reconstituer le visage en supprimant l’émoji. Même si tout ne sera pas parfait, le rendu peut se rapprocher de la réalité. Cela ouvre également la porte à des deepfakes. Lisa Ventura précise toutefois que lorsque l’émoji est appliqué sur une image, la version de base est écrasée. Les outils ne permettent pas à l’heure actuelle de revenir en arrière à partir du fichier posté. Couvrir complètement le visage permet donc de limiter la qualité de la reconstruction faciale. Toutefois, la combinaison des diverses photos postées permet toujours de recouper les informations et d’obtenir des détails qui nuisent à la vie privée. Que faire alors ? Partager des clichés de son enfant est assez naturel mais il vaut mieux privilégier les liens directs (SMS, mails, conversation WhatsApp…) pour déterminer précisément à qui on transmet la photo. Bien entendu, il faut également sensibiliser les personnes qui les reçoivent pour éviter qu’elles finissent tout de même sur les réseaux sociaux. Dans tous les cas, avant de partager un média, prenez un peu de recul. Regardez ce que l’on voit dessus et les informations que cela pourrait fournir à un parfait inconnu. N’oubliez pas que si beaucoup apprécient de partager des moments de vie, d’autres les utilisent pour vous cibler ou les détournent pour des utilisations non consenties.