C’est la sortie surprise de cet été. Lors du QuakeCon, Nightdive Studios a annoncé la sortie immédiate d’une compilation rassemblant Heretic et Hexen ainsi que toutes leurs extensions. Ces titres, développés à l’origine par Raven Software sur une version modifiée du moteur de DOOM, avaient redéfini le genre en mêlant action frénétique et univers de dark fantasy. Nightdive Studios s’est forgé une réputation en or dans la remasterisation de classiques du FPS. On leur doit les remasters de DOOM I + II, Quake II ou encore System Shock 2. Avec Heretic + Hexen, le studio relève un défi de taille : ressusciter deux jeux cultes, sortis en 1994 et 1995, qui ont marqué l’Histoire par leurs innovations (système d’inventaire, visée verticale, classes de personnages). Et, surprise pour les fans, il y a du nouveau contenu au programme ! Incarner un mage, c’est fun ! Heretic + Hexen nous plonge dans des mondes médiévaux sombres, où la magie et l’horreur règnent en maître. Dans Heretic, vous incarnez Corvus, un sorcier luttant contre les forces démoniaques du dieu maléfique D’Sparil. L’histoire, fidèle à son époque, est minimaliste mais efficace : des introductions textuelles et des environnements oppressants plantent un décor de fantasy gothique, où chaque niveau semble hanté par une menace surnaturelle. Hexen, sa suite spirituelle, va plus loin en proposant trois classes jouables (guerrier, clerc, mage) et une narration plus complexe, centrée sur les Serpent Riders, des entités maléfiques semant le chaos dans le monde de Cronos. Les deux nouveaux épisodes, Heretic : Faith Renewed et Hexen : Vestiges of Grandeur, prolongent cette ambiance avec neuf niveaux inédits chacun, respectant l’esthétique et le ton des originaux sans chercher à réinventer la roue. L’univers est un savant mélange de Dungeons & Dragons et de folklore horrifique, avec des donjons labyrinthiques, des créatures grotesques et une atmosphère pesante. Le gameplay de Heretic + Hexen est un retour aux sources du FPS, avec une formule qui privilégie l’action brute et l’exploration. Heretic propose un run-and-gun dans la pure tradition de DOOM, où vous enchaînez les niveaux en éliminant des hordes d’ennemis à coups de bâtons enchantés, d’arbalètes magiques et de sorts dévastateurs.. Les mécaniques sont simples : pas de visée précise, pas de rechargement, juste un viseur et une gâchette. Hexen complexifie la donne avec ses hubs interconnectés, ses énigmes environnementales et son système de classes, où chaque personnage (guerrier, clerc, mage) dispose d’armes et de styles de jeu distincts. Le guerrier mise sur la force brute, le clerc sur un équilibre entre magie et combat, et le mage sur des sorts à distance, offrant une variété bienvenue pour l’époque. Nightdive Studios a peaufiné l’expérience sans trahir ses origines. Les améliorations incluent un carrousel d’armes pour un accès rapide, des hotkeys pour les objets (une révolution pour Hexen), et une option d’armes renforcées qui réduit la sensation d’ennemis trop “spongieux”. La visée verticale, révolutionnaire en 1995, est désormais fluide grâce à un support moderne des contrôleurs, et un système de marqueurs de quête sur la carte automatique corrige l’un des principaux défauts de Hexen : son exploration parfois frustrante. Ces ajouts rendent les jeux plus accessibles, mais les puristes peuvent désactiver ces options pour retrouver l’expérience originale. Le jeu tourne désormais en 4K et 120 FPS. Les combats restent exigeants, avec des ennemis nombreux et des ressources limitées. En particulier les boss. Les nouveaux épisodes conservent cette difficulté croissante. Comparé à des titres modernes comme DOOM Eternal, qui mise sur une mobilité frénétique, ou Shadow Warrior 3, qui intègre des éléments de parkour, Heretic + Hexen reste ancré dans une approche minimaliste : courir, tirer, explorer. Une simplicité qui plaira aux amateurs de jeux nostalgiques. Alors bien sûr, tout cela a furieusement vieilli. Les niveaux sont atrocement linéaires dans Heretic, plus labyrinthiques dans Hexen. Les mécanismes sont répétitifs aussi : activer un interrupteur, obtenir une clé pour avancer. Et techniquement, ça a salement vieilli, même si ça garde un certain charme. Contrairement à un Doom on ne recommanderait toutefois pas ce Heretic + Hexen à tout un chacun mais plutôt aux vrais passionnés de FPS rétro. Il faut l’avouer, Nightdive les a choyés avec deux campagnes inédites, l’ajout de l’extension d’Hexen, du multijoueur en ligne jusqu’à 16 joueurs, le support des mods, des améliorations de gameplay… Autant dire que pour 15€ environ, on en a largement pour son argent. On regrette toutefois que les développeurs n’aient pas davantage retravaillé l’esthétique du jeu, car de facto, les 2 titres ont vieilli. Certes, le pixel art a son charme et oui, le jeu a été optimisé avec un affichage 4K en 120 FPS. Mais côté graphismes à proprement parler, presque rien n’a changé. On aurait aimé un travail plus substantiel sur la technique. La bande-son, remaniée par Andrew Hulshult (DOOM Eternal), est à l’inverse un des points forts. Les pistes originales, déjà emblématiques, alternent avec des remixes modernes qui amplifient l’ambiance oppressante. Les bruitages, des cris des monstres aux éclairs magiques, sont percutants et nostalgiques. Les puristes peuvent basculer vers la bande-son d’origine via un menu dédié, une attention qui témoigne du soin apporté par Nightdive. Conclusion C’est la sortie surprise de cet été. Xbox a confié à Nightdive Studios les remasters de Heretic et Hexen, deux FPS légendaires de l’ère des 16/32 bits qui s’étaient distingués par leur gameplay mêlant magie et combats au corps à corps dans un univers dark fantasy. Et pour les fans, il s’agit d’une formidable surprise car non seulement ils pourront redécouvrir ces deux classiques en 4K et 120 FPS, mais ils pourront aussi explorer l’extension originelle d’Hexen et deux extensions inédites (une pour chacun des deux jeux). En plus, on retrouve un mode multi en ligne jusqu’à 16 joueurs. Autant dire que pour 15€, c’est un contenu assez généreux. Ceci étant dit, Heretic + Hexen vise un public de joueurs nostalgiques. Techniquement, ça a beaucoup vieilli. Le leve-design des deux jeux risque également de déplaire aux plus jeunes avec ses mécanismes de clés et d’interrupteurs à activer… Rappelons enfin que si c’est une excellente nouvelle de pouvoir rejouer à ces deux ancêtres du FPS, les deux titres en question ont tout de même moins marqué l’Histoire qu’un Doom ou un Quake…