C’est probablement le come-back le plus inattendu de l’année. Développé par un petit studio indépendant, ce nouvel épisode en 2D de la franchise Ninja Gaiden offre à la série de Koei Tecmo un retour en grâce, avec le très attendu Ninja Gaiden 4, qui sortira plus tard cette année. C’est au studio The Game Kitchen, auteur de Blasphemous, et à l’éditeur Dotemu que l’on doit cette suite inattendue au premier Ninja Gaiden. Utilisant Unity, Ragebound mise sur un pixel art somptueux et un gameplay old school pour séduire les joueurs nostalgiques. Ragebound se déroule parallèlement aux événements du Ninja Gaiden original de 1988. Ryu Hayabusa, parti en Amérique pour honorer la volonté de son père, laisse son village vulnérable. Une brèche entre les mondes humain et démoniaque libère une armée de créatures, et Kenji Mozu, jeune ninja formé par Ryu, prend les armes pour défendre son foyer. Dans son aventure, il sera rejoint par Kumori, une assassine du clan rival Black Spider. Et il faut bien l’avouer, en général, le scénario de ce type de production à petit budget n’est pas franchement le fort du jeu, mais Ragebound est l’exception qui confirme la règle. L’histoire nous est racontée à travers des cinématiques stylées empruntant l’esprit des années 90 et des dialogues soignés. Pas trop nombreux, ni en nombre insuffisant. Mieux, le lore du jeu est joliment développé avec des personnages inédits. Esthétiquement, le jeu est fidèle à l’original. Côté gameplay, on est face à un épisode en 2D très classique dans sa construction rétro, qui mélange séquences de plates-formes, combats et résolution de micro défis chronométrés. The Game Kitchen a reproduit la formule originale en apportant quelques petites nouveautés. Par exemple, vous pourrez alterner entre les personnages de Kenji, le ninja qui combat au corps à corps et Kumori, plus agile, qui combat principalement à distance. Quelques nouveautés viennent aussi dynamiser le gameplay avec par exemple les attaques aériennes qui permettent de rebondir sur un ennemi tout en éliminant pour se déplacer dans les airs, un système de sacrifice de santé qui vous permet d’entamer votre barre de vie pour charger une attaque et éliminer un ennemi puissant en un seul coup et des hyper. Plus surprenant : on retrouve aussi une boutique dans laquelle vous pourrez acheter des bonus ou malus avec les scarabées d’or collectés. Parmi ces bonus, on retrouve par exemple une option pour regagner de la santé à chaque ennemi terrassé ou avoir sa barre de santé rechargée à chaque point de sauvegarde. Les malus apportent une touche intéressante aussi : vous pourrez par exemple faire disparaître les orbes de vie dans les niveaux pour gagner un rang en fin de niveau, ce qui vous permettra d’obtenir une meilleure note… Vous pourrez combiner 2 malus ou bonus, selon vos envies, pour vous faciliter la vie ou au contraire accentuer la difficulté… Le gameplay est rapide et exigeant. Si vous chutez dans un trou, c’est la mort. Néanmoins, vous ne devrez pas recommencer tout le niveau car il y a de nombreux points de sauvegarde disséminés dans chaque niveau. Les combats sont aussi techniques que nerveux. Un seul coup vous permettra d’éliminer un ennemi de base. Mais quelques coups vous mettront aussi K.O. Les réflexes sont donc mis à rude contribution. Les niveaux, structurés et linéaires, jugent les performances sur le temps, les kills, et les combos, avec des notes jusqu’à S. Les combats de boss vous en feront voir de toutes les couleurs. Surprise, The Game Kitchen a même intégré une partie “puzzle” ou défis. Concrètement, votre personnage se retrouvera bloqué face à une porte à plusieurs reprises et devra passer dans le monde spectral dans la peau de Kumori. Ces sections s’apparentent à des défis dans lesquels aucune erreur n’est permise. Il faut aller très vite, mémoriser les emplacements des ennemis à éliminer et appuyer dans les temps sur l’interrupteur qui débloquera la porte. Autre agréable surprise : les combats de boss sont extrêmement exigeants, et plutôt inventifs. Il faudra mémoriser leurs attaques pour espérer s’en tirer. Punitif tout en restant accessible, Ragebound modernise brillamment la formule des Ninja Gaiden à l’ancienne et parvient à agréablement nous surprendre tout au cours de son aventure, que ce soit par la richesse de ses combats de boss, la diversité de ses séquences de jeu ou son scénario prenant. La campagne principale vous tiendra scotché à votre pad une dizaine d’heures. Les collectibles (six par niveau, souvent bien cachés) et les défis optionnels (finir sans être touché, tuer Ryu dans le tutoriel) boostent la rejouabilité. Seul petit reproche qu’on pourrait finalement lui adresser : que son personnage principal, Kenji ne soit pas tout à fait à la hauteur de l’univers du jeu. Kumori a beaucoup plus de charisme et de poids dans cette aventure. Côté technique, le jeu joue habilement sur la fibre nostalgique des gamers. Le jeu est réalisé en pixel art et est globalement fidèle à l’esthétique de l’original, même si on aurait aimé un peu plus de détails peut être dans la modélisation des personnages et de certains décors. La bande-son, mélange de riffs électriques et de mélodies rétro, évoque les classiques arcade tout en restant moderne. Conclusion Franche réussite, Ninja Gaiden: Ragebound parvient à moderniser la formule des anciens épisodes de la saga, en 2D, avec un gameplay beaucoup plus complexe. Tout en restant très accessible, le titre devrait parvenir à séduire les fans avec son gameplay agressif et très nerveux. La formule a beaucoup évolué depuis la NES avec un scénario solide, un gameplay enrichi et un lore beaucoup plus développé. Tout en conservant l’essence de la série, le studio est donc parvenu à brillamment moderniser la formule. Seule ombre au tableau, le tarif risque de paraître élevé pour “un petit jeu indépendant”. Mais croyez-nous sur parole, parmi les revivals, Ninja Gaiden Ragebound est de loin l’un des meilleurs.