Enorme succès commercial, le premier Elden Ring s’est imposé comme un renouveau pour le genre du Souls-like. Trois ans plus tard, From Software nous livre un spin-off qui prend la forme d’un roguelite coopératif. Un changement de formule qui se veut avant tout une première tentative de percer sur le segment des jeux multijoueurs pour le studio… From Software, c’est le maître incontesté du genre Soulslike. On lui doit des séries aussi emblématiques que Sekiro, Armored Core, Dark Souls ou Bloodborne. Toutefois, c’est bien l’excellent Elden Ring qui a redéfini le genre. Elden Ring était en effet le premier souls-like à oser l’aventure open world. Après le succès de l’extension Shadow of the Erdtree en 2024, Nightreign marque une nouvelle expérimentation du studio. Ce spin-off délaisse l’approche solo pour un gameplay centré sur la coopération, une première pour la série. Même s’il est techniquement possible d’y jouer seul – nous y reviendrons. L’univers d’Elden Ring a toujours autant de charme. Avant d’aller plus loin dans ce test, il est indispensable de revenir sur ce terme expérimentation. Car de facto, il ne s’agit pas de la suite d’Elden Ring. Oui, le jeu prend place dans le même univers et reprend le gameplay caractéristique de son ancêtre, mais la comparaison s’arrête là. Nightreign est bien un jeu à part, qui s’imprègne totalement du style roguelite. Comprenez par là qu’il n’y a pas d’histoire ou d’aventure continue, mais des sessions de jeu courtes en équipe. C’est un roguelite, par essence, on refait donc toujours la même chose. Elden Ring: Nightreign se déroule dans Limveld, une version alternative de Limgrave, ravagée par une « Nightrain », cataclysme plongeant le monde dans une obscurité perpétuelle. Huit Nightlords, des entités monstrueuses, règnent sur ces terres en mutation, et les joueurs, incarnant des Nightfarers, doivent s’unir pour les vaincre. Il ne faudra pas en attendre trop de l’histoire, celle-ci reste cryptique et n’est en définitive qu’une excuse pour nous proposer cette formule unique. Et là c’est le drame, les 3 coéquipiers sont au sol… Nightreign recycle d’ailleurs habilement les assets d’Elden Ring, avec des environnements familiers – ruines, églises, marais – réarrangés de manière procédurale. Côté gameplay aussi, c’est pratiquement un copié collé de l’original, avec quelques légères modifications. Par exemple, votre personnage ne subira pas de blessure en cas de chute. La formule est elle entièrement axée roguelite : l’aventure est divisée en expéditions de 3 jours, chacune durant 15 à 20 minutes. En trio (ou en solo, bien que déconseillé au vu de la difficulté qui n’est pas ajustée et de l’impossibilité de se relever seul en cas de décès), les joueurs choisissent parmi huit Nightfarers, chacun avec une compétence unique, une capacité passive et un ultime. Ces classes, inspirées des archétypes d’Elden Ring et d’autres titres FromSoftware (Bloodborne, Sekiro), offrent une variété tactique, encourageant des synergies en équipe. Comme dans un battle royale, un cercle bleu rétrécit la carte, forçant les joueurs à explorer rapidement, collecter des runes, des armes et à grimper de niveau en tuant des ennemis, avant d’affronter un boss de nuit les deux premiers jours, puis un Nightlord au troisième. Un concept mal expliqué dès le début, qui mènera à beaucoup de frustration pour les joueurs débutants. Car de facto, il est inutile d’espérer vaincre votre premier boss si vous êtes au niveau 3. Il faudra à minima un niveau 6 pour vous faciliter la vie. Et en débutant, vous ne saurez absolument pas quel ennemi peut facilement être vaincu. Vous passerez donc vos 3 premières heures à “tester” en enchainant les morts. Les ennemis sont souvent recyclés d’Elden Ring (Bell Bearing Hunter, Ancient Hero of Zamor), même si on retrouve quelques ennemis inédits aussi. Les combats de boss ont par ailleurs tendance à s’éterniser. A notre plus grand regret. D’ailleurs, vous remarquerez vite que votre progression dépendra en grande partie de vos alliés. Si l’équipe est efficace, vous vaincrez facilement vos ennemis. Si un allié quitte la partie, ou si vous jouez avec deux noobs, ça tourne à la catastrophe… Le mode solo, mal équilibré, prive les joueurs de la mécanique de revive, rendant l’expérience extrêmement punitive. A vrai dire, ça ne vaut même pas la peine de s’y essayer, sauf si vous avez fini Elden Ring sans mourir une seule fois. Les patchs 1.01 et 1.01.1 ont amélioré la balance solo, mais l’absence de mode duo au lancement (promis pour un futur patch) reste un point noir. C’est là l’autre défaut du jeu, il faudra absolument y jouer à 3 et pas à 2. En attendant la mise à jour en tout cas. Les ennemis, environnements, sont abondamment recyclés. Nightreign est en soi un jeu coop très solide et plaisant à parcourir, une fois qu’on a compris le concept. Il n’est toutefois pas facile de s’y plonger avec le peu d’explications qui sont données en début de partie. Ce qui faisait le charme d’Elden Ring est également sacrifié : l’exploration, l’univers d’exception, ses magnifiques paysages… Le monde est généré de façon procédurale, la progression est “rushée” par le concept de nuit, et l’ensemble du jeu est mal équilibré. Plus surprenant encore, bien qu’il s’agisse d’un jeu multijoueur, Nightreign n’est pas crossplay, pour le moment. Sur le plan technique, rien n’a évolué depuis le premier Elden Ring. Le jeu a une patte graphique jolie, mais tient mal la comparaison avec les dernières productions. Il n’a également pas le charme de son ainé avec des paysages beaucoup moins travaillés. Il en va de même pour la bande sonore, qui a beaucoup moins de personnalité que celle de l’original. Conclusion Plus proche d’une première expérience qui entrouvre les portes du multijoueur pour Elden Ring, Nightreign est un jeu 100% coop (ne l’essayez pas en solo, vous abandonnerez probablement très vite), qui se révèle très frustrant pour les débutants en raison d’un manque d’explications sur son concept. Ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas d’un jeu d’aventure classique à la sauce Souls-like. Mais bien d’un roguelite répétitif par essence qui propose de se lancer dans des sessions de jeu d’1h environ. Pas très accessible pour les nouveaux venus, le jeu n’est également jouable qu’à 3. Un mode duo arrivera, mais pour l’instant, il faut se contenter du trio… Il n’en reste pas moins que l’expérience coopérative est efficace, une fois le concept maîtrisé. On prend un réel plaisir à massacrer tout ce qui bouge en équipe et à grimper en niveau jusqu’au prochain affrontement. Dommage que le titre n’intègre pas de crossplay et qu’il soit vendu 39,99€ tout de même. Un tarif finalement élevé pour un jeu qui recycle abondamment le contenu d’Elden Ring et qui se veut avant tout expérimental. Pas mauvais ni remarquable, ce spin-off d’Elden Ring a le mérite de proposer pour la première fois une expérience en coop dans l’univers du jeu.