IBM a dévoilé ce mardi 10 juin des avancées majeures dans le domaine de l’informatique quantique, ouvrant la voie à la commercialisation du premier ordinateur quantique d’ici 2029. Baptisé Starling, cet ordinateur promet une puissance de calcul 20 000 fois supérieure aux systèmes quantiques actuels, capable de résoudre des problèmes complexes inaccessibles aux ordinateurs classiques. Les ordinateurs quantiques souffrent aujourd’hui d’un taux d’erreur élevé, ce qui limite fortement leur usage. IBM a mis au point une méthode innovante basée sur un code de correction d’erreurs (LDPC) et des techniques de détection en temps réel. Cette approche permet d’identifier et de corriger les erreurs instantanément, rendant les calculs plus fiables. « Nous pensons avoir résolu les questions scientifiques essentielles. Désormais, nous nous concentrons sur l’assemblage des composants », a déclaré Jay Gambetta, vice-président de l’informatique quantique chez IBM, dans une interview à l’AFP. Ce bond technologique positionne IBM comme un leader dans la course mondiale à l’informatique quantique. IBM prévoit de franchir plusieurs étapes clés. D’ici 2026, l’entreprise vise à produire un processeur quantique capable à la fois de stocker des informations et d’exécuter des opérations logiques, constituant le cœur du futur Starling. Ce dernier, attendu pour 2029 dans le laboratoire de Poughkeepsie (États-Unis), devrait révolutionner des secteurs comme la médecine, l’énergie et la finance. « Starling résoudra des problèmes concrets et ouvrira des perspectives immenses pour les entreprises », a affirmé Arvind Krishna, PDG d’IBM. À plus long terme, IBM planche déjà sur Bluejay, un successeur prévu pour 2033, dix fois plus puissant. Les ordinateurs quantiques promettent de modéliser des phénomènes complexes, comme les interactions moléculaires pour concevoir de nouveaux médicaments ou matériaux, ou d’optimiser des solutions logistiques et financières. Ils pourraient également doper l’intelligence artificielle en développant des modèles plus proches de la cognition humaine. Cependant, Mark Horvath, analyste chez Gartner, tempère l’enthousiasme : « C’est une avancée significative, mais les applications réelles restent théoriques, et des obstacles subsistent. » IBM n’est pas seul dans cette course. Google a présenté en décembre 2024 sa puce quantique Willow, vantant un taux d’erreur réduit, et table sur un ordinateur quantique opérationnel d’ici cinq ans. Microsoft, avec sa puce Majorana 1, évoque un délai similaire, bien que des doutes persistent sur l’état d’avancement de ses travaux. En Belgique, des institutions comme l’IMEC (Louvain) explorent également l’informatique quantique, renforçant l’écosystème européen. IBM, qui a investi 30 milliards de dollars dans la R&D aux États-Unis, dont une part pour le quantique, revendique déjà un milliard de dollars de revenus dans ce secteur, malgré des usages encore limités. « Nous redéfinissons l’avenir de l’informatique », affirme Jerry Chow, directeur des systèmes quantiques chez IBM. Avec Starling, l’entreprise centenaire entend non seulement surmonter les défis techniques, mais aussi démocratiser une technologie aux implications révolutionnaires. Si les obstacles restants sont surmontés, 2029 pourrait marquer l’avènement d’une nouvelle ère pour l’informatique mondiale. avec AFP