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Collecte de données personnelles : pourquoi nous allons entrer dans une nouvelle ère   

Google a présenté sa vision de la révolution de la recherche en ligne. Bientôt, l’IA sera capable d’effectuer diverses tâches en ligne à votre place. De son côté, Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) perfectionne son IA « conçue pour vous connaître ». À terme, l’intelligence artificielle risque de s’immiscer au plus profond de notre vie intime.  

Vous avez probablement vu passer l’information ces derniers jours, depuis le 27 mai, Meta (Facebook, Instagram) utilise les données publiques de ses utilisateurs pour entraîner Meta AI, son intelligence artificielle. En parallèle, le document permettant aux utilisateurs de Meta de s’y opposer a été largement partagé par les médias et les utilisateurs des services proposés par Meta. Nous avons donc assisté à ce qui s’apparente à une résistance numérique européenne, mais qui semble en réalité quelque peu dérisoire face aux nouvelles technologies qui vont bientôt arriver sur nos ordinateurs et smartphones.  

En effet, l’intelligence artificielle, et ses « agents IA », s’immisce dans la plupart des services numériques que nous utilisons quotidiennement, et, de facto, dans notre intimité. L’objectif de l’intelligence artificielle est maintenant de s’adapter à son utilisateur et d’entrer dans sa vie intime afin de lui fournir les réponses les plus précises possibles. Mais ce travail minutieux mené par l’IA a un prix : une collecte de données personnelles de plus en plus intrusive.    

Google : une révolution de la recherche en ligne (et de la collecte de données)  

Comme le souligne à juste titre le média spécialisé The Verge, Google a une avance notable dans le domaine intelligence artificielle. L’entreprise américaine a accumulé au fil des années un nombre conséquent d’informations personnelles sur ses utilisateurs, notamment via le moteur de recherche Google et son historique de navigation, Gmail, Google Maps, Drive ou encore Google Docs. Et il est maintenant venu le temps pour Google de révolutionner la recherche en ligne, et, par conséquent, la collecte de données.   

Lors de la conférence Google I/O 2025, Google a dévoilé sa vision du futur de la recherche en ligne. Selon l’entreprise américaine, la recherche par saisie de mots-clés laissera bientôt sa place aux réponses sur mesure délivrées par l’intelligence artificielle. Google a notamment dévoilé le Mode IA et son “Personal Context », un mode qui personnalise ses réponses pour chaque utilisateur. Comme l’explique Google, si celui-ci donne son autorisation, l’agent IA, basé sur Gemini 2.5, aura accès à la plupart des services auxquels il est connecté, soit : Gmail, Google Chrome, Drive, Google Maps…  

De plus, le Projet Mariner, intégré au mode IA, permettra à l’IA d’effectuer des tâches à votre place. Il sera par exemple possible de demander à un agent IA d’acheter des places de concert en ligne. Cet agent IA n’aura qu’à puiser dans certains services de Google, où sont enregistrées les données personnelles de l’utilisateur (nom, prénom, adresse, numéro de compte en banque, etc.), afin d’effectuer une tâche à sa place.  

Sundar Pichai, PDG de Google et Alphabet (la maison mère), a illustré les capacités du mode IA par un exemple concret. Il explique : « Il [un ami] part en voyage dans l’Utah et se souvient que j’ai fait ce voyage auparavant. Pour être honnête, je répondrais probablement quelque chose de court et peu utile. Désolé, Felix. Mais avec les réponses intelligentes personnalisées, je peux être un meilleur ami. C’est parce que Gemini peut faire presque tout le travail pour moi, consulter mes notes dans Drive, parcourir les anciens e-mails pour les réservations, trouver mon itinéraire dans Google Docs […] » Le PDG de Google explique par ailleurs que : « l’IA analyse les salutations des précédents échanges, reproduit le ton, le style et le choix des mots de l’utilisateur pour générer une réponse personnalisée ». En résumé, selon Sundar Pichai, l’IA nous permettra d’être de meilleurs amis.  

Enfin, il est légitime de se poser quelques questions de confidentialité concernant le Projet Astra. Pour faire simple, le Projet Astra donne une vue développée et précise à l’intelligence artificielle. Une fois activée, cette IA dotée de la vision est par exemple capable de détecter la marque d’une enceinte audio placée dans une chambre ou de résoudre une ligne de calcul située sur une feuille A4. Grâce au projet Astra, l’IA est donc en mesure de lister avec précisions les éléments présents dans l’environnement intime d’un utilisateur.   

Facebook : au plus profond de votre vie intime 

De son côté Meta (Facebook, Instagram) semble s’orienter dans la même direction avec son intelligence artificielle nommée Meta AI. Là aussi, l’entreprise de Mark Zuckerberg détient un avantage majeur dans le secteur de l’intelligence artificielle. En effet, Meta AI peut s’épanouir sur Facebook et Instagram, soit deux endroits où les utilisateurs partagent délibérément leur vie intime. Pour rappel, Meta détient Facebook (3 milliards d’utilisateurs), Instagram (2 milliards d’utilisateurs) et WhatsApp (3 milliards d’utilisateurs). En décembre 2024, Meta a revendiqué 3,35 milliards d’utilisateurs actifs (au moins une connexion par jour à l’une de ses plateformes) à travers le monde. Autant dire qu’il s’agit d’un terrain propice au développement de l’intelligence artificielle.   

Et Meta semble maintenant mettre plus particulièrement l’accent sur une intelligence artificielle liée directement à notre vie intime. Mark Zuckerberg présente lui-même l’IA comme une proche amie (au sens propre du terme), ou une entité à qui l’on peut confier ses problèmes les plus intimes.  

En mai dernier, lors d’un entretien avec le podcasteur Dwarkesh Patel, le PDG de Meta expliquait à propos des comptes Facebook et Instagram générés par l’IA :« D’ores et déjà, l’une des principales utilisations de Meta AI consiste à parler des conversations difficiles qu’ils doivent avoir avec des personnes de leur entourage. “J’ai un problème avec ma petite amie, aide-moi à avoir cette conversation’”. Ou “Je dois avoir une conversation difficile avec mon patron au travail. Comment puis-je avoir cette conversation ?” C’est très utile ».    

Il précise ensuite : « à mesure que la boucle de la personnalisation se met en place et que l’IA commence à vous connaître de mieux en mieux, ce sera vraiment convaincant ». Par ailleurs, dans un communiqué, Meta n’y est pas allé par quatre chemins en expliquant que son intelligence artificielle est “conçue pour vous connaître”.  

Meta AI est donc en grande partie conçue pour s’immiscer profondément dans la vie intime de ses utilisateurs. Certes, Meta a toujours été intrusif dans la vie personnelle de ses utilisateurs, mais une nouvelle étape semble être franchie, puisque l’intelligence artificielle est maintenant capable de tenir une conversation pour aller chercher des informations (très) intimes, auparavant inaccessibles à travers des photos ou de simples posts écrits.   

L’intelligence artificielle risque donc de s’immiscer profondément dans notre vie intime. Que cela soit sur les plateformes de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), les services de Google (Maps, Drive, Chrome, Docs, Gmail…) ou les outils de Microsoft boostés par son IA Copilot, il sera bien difficile d’y échapper. Au final, le formulaire pour s’opposer à la collecte de données opérée par Meta pour entraîner son intelligence artificielle semble davantage s’apparenter à une goutte d’eau sur un brasier.

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