Dévoilé lors d’un événement Xbox Showcase, The Precinct a immédiatement attiré l’attention des amateurs de jeux d’action en monde ouvert grâce à son esthétique néon-noir et son concept audacieux : incarner un flic dans un univers inspiré de la légendaire saga des GTA. Développé par Fallen Tree Games et publié par Kwalee et Microids, ce titre promettait une immersion dans le quotidien d’un policier des années 80, entre courses-poursuites haletantes et enquêtes sombres. Après une dizaine d’heures à patrouiller les rues d’Averno City, le verdict est contrasté : The Precinct est une expérience résolument emprunte de nostalgie mais plombée par des mécaniques répétitives. Chaque journée de travail débutera ici. Fallen Tree Games, un petit studio britannique, s’est fait connaître avec le très sympathique American Fugitive (2019), un GTA-like en vue isométrique qui rendait hommage aux jeux d’action rétro. Fort de cette expérience, l’équipe, dirigée par Lewis Boadle, a voulu explorer une nouvelle facette du genre avec The Precinct, en plaçant le joueur dans la peau d’un policier plutôt que d’un criminel. Le studio a misé sur une esthétique inspirée des films d’action des années 80 et une approche open world combinant simulation policière et action débridée. Annoncé comme un “néon-noir action sandbox police game”, le titre promettait des courses-poursuites en voiture et hélicoptère, des crimes générés procéduralement et une enquête personnelle sur le meurtre du père du protagoniste. L’histoire de The Precinct vous plonge dans Averno City, une métropole fictive inspirée du New York des années 80, gangrenée par les gangs et la corruption. Vous incarnez Nick Cordell Jr., un jeune flic tout juste sorti de l’académie, déterminé à venger son père, un chef de police assassiné. Ce postulat, bien que classique, sert de fil rouge à une aventure qui oscille entre routine policière et enquête sombre. Le scénario, entièrement doublé en anglais, s’appuie sur des dialogues et cinématiques très génériques, qui semblent d’ailleurs avoir été générés par l’IA. Et il faut le reconnaitre, le scénario de The Precinct n’est pas son fort. Averno City est le véritable joyau du jeu. Ses quartiers, des ruelles éclairées au néon aux parcs délabrés, capturent l’essence des années 80 avec un cycle jour/nuit et une météo dynamique. Les détails – stands de hot-dogs, enseignes de peep-shows – donnent vie à cet univers, qui rappelle les villes ouvertes des premiers GTA. L’ennui, c’est que pad en main, ce n’est pas fabuleux. Les séquences les plus grisantes sont en véhicule. Le gameplay de The Precinct se distingue par sa vue isométrique, un clin d’œil aux GTA originaux, qui confère une lisibilité unique tout en limitant la réactivité par rapport à un TPS moderne. Vous patrouillez Averno City à pied, en voiture de police ou en hélicoptère, répondant à des crimes générés procéduralement : contraventions pour stationnement, excès de vitesse, cambriolages ou fusillades entre gangs. Le jeu met l’accent sur le respect des procédures : vous devez interroger les suspects, lire leurs droits Miranda, fouiller leurs véhicules et utiliser une force proportionnée (taser, matraque, revolver .38). Harming civilians or excessive force results in mission failure, a design choice that avoids glorifying police violence and aligns with the game’s serious tone. Comparé à American Fugitive, le gameplay de The Precinct est plus structuré et immersif. Là où Fugitive privilégiait le chaos criminel, The Precinct impose une discipline policière, avec un système de support permettant d’appeler des renforts (voitures, barrages, bandes à pointes). Les courses-poursuites sont l’élément le plus réussi du jeu, elles exploitent des environnements destructibles et la conduite est vraiment grisante. A pied, c’est un peu moins folichon. Les fusillades manquent de punch, avec une IA souvent à côté de la plaque et très passive. Les missions principales, qui incluent des séquences linéaires comme des raids, sont globalement les plus prenantes même si même à travers la trame principale le jeu se révèle répétitif. C’est toutefois bien dans ses missions secondaires que le jeu se montre le moins intéressant, avec des tâches qu’il faudra reproduire sans cesse (contrôles routiers, vérifications de l’identité, fouille) et qui finissent par devenir vite rédhibitoires. L’investigation est minimaliste ici, et il faut souvent suivre les mêmes schémas. Par exemple, vous croisez deux criminels, l’un d’entre eux s’enfuira, il faudra le rattraper, le mettre à terre, puis contrôler son identité, éventuellement son alcoolémie, le fouiller et passer ensuite aux condamnations avant l’interpellation. Une approche pas franchement fascinante même si c’est de facto le quotidien des forces de l’ordre… Il faudra compter environ 10 heures pour boucler la quête principale, centrée sur l’enquête autour du meurtre du père de Nick. En comptant les crimes procéduraux et les quêtes secondaires, comme démanteler des réseaux de drogue ou arrêter des pilotes de courses illégales, la durée de vie atteint 20 à 25 heures. Ce qui est plutôt pas mal pour un jeu à 30€. Mais la répétitivité du jeu, son manque d’ambition et sa structure font qu’on n’a pas forcément envie de s’y plonger plus de cinq ou six heures. Visuellement, The Precinct est une réussite pour un titre indépendant. Construit avec Unity, le jeu adopte une esthétique néon-noir qui mêle sprites détaillés et éclairages dynamiques, évoquant Hotline Miami dans un cadre plus réaliste. Averno City brille par ses détails – néons clignotants, reflets sous la pluie, foules animées – et son cycle jour/nuit renforce l’immersion. Cependant, des problèmes techniques ternissent l’expérience : baisses de framerate dans les zones denses, bugs de collision (voitures s’encastrant dans le décor), et ragdolls erratiques. Quant à la bande-son de The Precinct, elle se révèle décente avec des synthétiseurs et des riffs de guitare rétro, mais qui manquent de personnalité et qui seront vite oubliés. Ne vous attendez pas non plus à des performances hors du commun dans les doublages… Conclusion The Precinct s’inspire des premiers GTA avec une vue isométrique et un concept séduisant : incarner un flic dans sa carrière. Fallen Tree Games livre une expérience immersive, parfois un poil arcade avec des courses-poursuites prenantes et des missions principales plutôt réussies. Cependant, la répétitivité des missions, le scénario peu mémorable et le manque de profondeur du jeu font qu’on tourne vite en rond. The Precinct séduira sans doute les nostalgiques des films de flics mais il n’est clairement pas un titre incontournable.