Spirit of the North 2 ambitionnait de transformer l’expérience linéaire du premier opus en une aventure plus vaste et ambitieuse. Mais passer d’un jeu de niche à un monde ouvert sans perdre son âme est un défi de taille. Après avoir exploré les paysages glacés des Northern Isles, le constat est mitigé : Spirit of the North 2 est jolie réussite visuelle, qui peine toutefois à convaincre dans son gameplay. Infuse Studio, un petit studio indépendant basé aux États-Unis, s’est fait connaître avec Spirit of the North en 2019, un jeu d’aventure contemplatif inspiré par les paysages islandais et le folklore nordique. Malgré un budget modeste et une équipe réduite, le premier opus avait séduit par son atmosphère, laissant les environnements raconter l’histoire. Annoncé en 2023, Spirit of the North 2 promettait une aventure en monde ouvert, un renard personnalisable, de nouvelles mécaniques, et une durée de vie doublée par rapport à l’original. De jolies promesses bien difficiles à remplir… Vous serez cette fois accompagné par un corbeau dans cette aventure. Comme son prédécesseur, Spirit of the North 2 vous place dans la peau d’un renard, qui va être accompagné dans son périple par un corbeau, dans un monde nordique ravagé par la corruption. Vous serez ici chargé de libérer les gardiens légendaires, des esprits animaux, de l’emprise de Grimnir, un chaman maléfique. Ce postulat, teinté de mysticisme, s’appuie sur un lore riche, disséminé à travers des parchemins à collecter et des indices environnementaux. Comme son prédécesseur, le jeu opte pour une narration sans dialogues, laissant les paysages, les ruines humaines et les interactions entre le renard et le corbeau raconter une histoire de perte et d’espoir. A travers l’aventure, le jeu nous emmènera à travers six biomes – des forêts verdoyantes aux montagnes enneigées en passant par des marais brumeux – d’une beauté saisissante. Comme le premier opus, le jeu se veut avant tout une expérience contemplative et cela se ressent puisqu’en définitive, il est bien difficile d’être intéressé par son scénario. Le jeu reste très répétitif dans sa structure. Spirit of the North 2 abandonne la structure linéaire de son prédécesseur pour un monde semi-ouvert, où exploration, puzzles et plateformes dominent. Vous contrôlez le renard en vue à la troisième personne, avec des mécaniques de saut, de course et de glissade, tandis que le corbeau apporte des capacités complémentaires, comme soulever le renard pour atteindre des plateformes élevées ou activer des mécanismes à distance. Les runes, acquises en libérant les gardiens, octroient de nouvelles compétences – projection astrale, manipulation du vent, maîtrise du feu – qui enrichissent les puzzles et l’exploration. Un arbre de compétences et une personnalisation du renard (couleurs, motifs) ajoutent une touche de profondeur. Par rapport au premier Spirit of the North, le gameplay est plus varié : les puzzles, bien que simples, exploitent intelligemment les capacités du duo renard-corbeau, et les combats de boss, absents dans l’original, sont un plus. Cependant, le gameplay reste très imprécis, la caméra est capricieuse et l’exploration n’est pas très passionnante car le monde ouvert qui nous est proposé ici est finalement très vide. On en vient même à se demander si c’était vraiment une bonne idée de passer à un monde ouvert pour cette formule. Car de facto, le jeu a tendance à traîner un peu en longueur. Il vous faudra près de 20h pour voir le bout de la quête principale, beaucoup plus pour ceux qui veulent dénicher tous les bonus, et dans l’ensemble, le jeu manque cruellement de rythme. Cette durée est respectable pour un titre vendu à 24,99 €, mais le contenu annexe manque de variété. Les mini-puzzles, souvent répétitifs, et l’absence d’ennemis hors des boss réduisent le nombre de séquences où il se passe quelque chose à l’écran… Sur le plan visuel, Spirit of the North 2 est une réussite éclatante, grâce à l’Unreal Engine 5. Les biomes, des plaines verdoyantes aux cavernes illuminées, capturent la majesté nordique avec des effets de lumière dynamiques et des textures soignées. Le renard, avec ses animations détaillées, et le corbeau, aux plumes luisantes, renforcent l’immersion. Cependant, des bugs entachent l’expérience : pop-ins de textures, environnements qui ne se chargent pas, et problèmes d’éclairage dans certaines zones, rendant la navigation difficile. Visuellement, c’est plutôt réussi. La bande-son, composée par Gekko, est un des points forts du jeu. Ses mélodies orchestrales, mêlant piano, cordes et percussions, évoluent avec les biomes et les moments clés, passant de notes apaisantes à des rythmes intenses lors des combats de boss. Les bruitages – le jappement du renard, le croassement du corbeau, le vent dans les plaines – renforcent l’immersion et sont également globalement très réussis. Conclusion Spirit of the North 2 est une suite qui ose voir grand, transformant l’expérience linéaire de son prédécesseur en un monde ouvert nordique d’une beauté saisissante. Avec ses paysages somptueux et sa bande-son émouvante, le jeu d’Infuse Studio offre une aventure contemplative qui séduira les amateurs du genre. On regrette toutefois que l’open world n’apporte finalement pas grand chose de plus, que le jeu ait tendance à être trop long et trop répétitif et manque d’ambition dans son gameplay. Avec son monde ouvert très creux, ses séquences de jeu très fades et son manque d’inspiration, Spirit of the North 2 reste avant tout un jeu contemplatif.