Annoncé lors du Gamescom 2024, Revenge of the Savage Planet a immédiatement capté l’attention des amateurs de jeux d’aventure grâce à son esthétique vibrante et son humour corrosif. Suite du surprenant Journey to the Savage Planet sorti en 2020, ce nouvel opus développé par Raccoon Logic promettait d’amplifier tout ce qui avait fait le charme de son prédécesseur : exploration métroidvania, satire mordante et gameplay coopératif décomplexé. En 2020, Journey to the Savage Planet avait surpris par son mélange d’exploration métroidvania et d’humour absurde, malgré les moyens modestes d’une équipe d’une trentaine de développeurs. Dirigé par Alex Hutchinson, ancien d’Ubisoft (Assassin’s Creed III, Far Cry 4), Typhoon Studios fut racheté par Google pour intégrer Stadia Games and Entertainment, avant que la division ne soit brutalement fermée en 2021. Refusant d’abandonner leur univers, les développeurs fondèrent Raccoon Logic, récupérant les droits de la franchise grâce à un financement de Tencent. Le jeu brille par sa direction artistique. Revenge of the Savage Planet promet une expérience plus ambitieuse : quatre planètes à explorer, un passage à la troisième personne (contre la vue subjective du premier opus), et un accent mis sur le coopératif, en ligne ou en écran partagé. Avec un humour toujours aussi déjanté et une direction artistique haute en couleur, le jeu vise à séduire les fans de l’original tout en attirant un public plus large. Mais cette ambition tient-elle toutes ses promesses ? Dans Revenge of the Savage Planet, vous incarnez un pionnier anonyme, employé par Kindred Aerospace, une entreprise colonisatrice rachetée par la mégacorporation Alta InterGlobal. À peine arrivé sur Stellaris Prime après un atterrissage chaotique, vous recevez un message laconique : vous êtes licencié, livré à vous-même avec un équipement éparpillé à travers la galaxie. Accompagné d’EKO, un drone sarcastique qui parle avec un fort accent canadien, votre mission est de récupérer votre matériel, explorer quatre planètes et, si possible, vous venger d’Alta. Si le jeu n’est pas très ambitieux dans son scénario, et ne joue d’ailleurs pas beaucoup la carte de la narration, il se veut plus généreux dans son contenu. Chaque planète – de la jungle luxuriante de Stellaris Prime aux canyons désertiques de Xephyr – déborde de personnalité, avec des biomes variés et des créatures aussi adorables que mortelles, comme les “Pufferbirds” aux yeux globuleux ou les “Babutts” au postérieur proéminent. Les planètes offrent des biomes variés. Revenge of the Savage Planet conserve l’ADN métroidvania de son prédécesseur tout en opérant un virage audacieux vers la troisième personne. Là où Journey to the Savage Planet proposait une exploration en vue subjective, souvent critiquée pour son manque de précision dans les phases de plateforme, cette suite offre une perspective qui améliore la lisibilité et la fluidité. Vous sautez, grimpez et glissez à travers des environnements très verticaux, débloquant progressivement des améliorations comme un double saut, un grappin ou une attaque au sol dévastatrice. Ces mécaniques, combinées à un arsenal varié (pistolet à plasma, tuyau à goo, fourche magnétique), rappellent des titres comme Ratchet & Clank par leur accent sur la mobilité et l’interaction environnementale. Comparé à Journey, le gameplay gagne en dynamisme. Les combats, autrefois critiqués pour leur mollesse, sont plus percutants grâce à des animations cartoon et des outils secondaires, comme des appâts pour distraire les ennemis ou un lasso pour capturer des créatures. Les énigmes environnementales, qui exploitent les propriétés des “goos” (conductivité, combustion), ajoutent une couche de réflexion bienvenue. Cependant, le jeu souffre d’une certaine répétitivité : les ennemis, bien que variés dans leur design, se répètent d’une planète à l’autre avec des variations minimes, et les quêtes secondaires (capturer des créatures, collecter des ressources) finissent par ressembler à du remplissage. Contrairement à Journey, qui se contentait d’une seule planète plus cohérente, l’expansion à quatre mondes dilue parfois l’expérience, avec des allers-retours frustrants vers la base centrale, Nu Florida. Un système de stamina, limitant les sprints, freine également l’élan d’exploration, un choix curieux pour un jeu qui mise sur la liberté et le fun. Pavé de bonnes intentions, Revenge of the savage planet se perd donc en cours de route. La plupart des joueurs finiront par lâcher l’aventure après quelques heures de jeu, las de faire tout le temps la même chose. Car il faut bien l’avouer, il faudra être bien courageux pour finir la quête principale, qui dure environ 12h, et boucler les nombreuses quêtes additionnelles, finalement bien peu intéressantes. Les quelques rares – et très funs – combats de boss et la présence d’un mode coop (en ligne et en local) ne sont pas suffisants pour sauver le projet. Le jeu est jouable en coop en local et en ligne. C’est d’autant plus dommage que sur le plan visuel, Revenge of the Savage Planet est un régal. Construit avec l’Unreal Engine 5, le jeu arbore une direction artistique très réussie, avec des couleurs saturées et des environnements qui évoquent un cartoon interactif. Les planètes, des jungles luxuriantes aux déserts arides, regorgent de détails. Côté animations, le résultat est un peu moins convaincant avec des choix douteux et surtout quelques ralentissements. Enfin, la bande-son de Revenge of the Savage Planet accompagne efficacement l’aventure sans voler la vedette. Les musiques, mélange de synthétiseurs rétro et de mélodies enjouées, soulignent l’ambiance sci-fi décontractée, mais elles manquent de thèmes mémorables comparées à celles d’un No Man’s Sky. Les effets sonores, des explosions de goo aux cris des créatures, renforcent l’immersion, tandis que le doublage d’EKO, bien que parfois trop bavard, distille un humour grinçant. Les publicités en FMV, avec leurs voix outrancières, sont un point fort, évoquant l’absurde de I Think You Should Leave. On regrette toutefois l’absence d’options de doublage en français, il faudra se contenter du français du Canada, pas forcément le meilleur choix… Conclusion Revenge of the Savage Planet est une suite qui prend des risques. S’il reste fidèle à l’originale avec son humour décapant, ses planètes éclatantes et son gameplay métroidvania, le jeu de Raccoon Logic se montre plus ambitieux aussi avec ses quatre planètes (au lieu d’une seule) et son gameplay repensé, avec une vue à la troisième personne qui apporte plus de précision dans les séquences de plates-formes. Très joli, le titre inspire le respect. Malheureusement, il souffre aussi d’une aventure très répétitive, qui manque de piquant et de profondeur. Les développeurs ont-ils été trop ambitieux ? Sans doute. Reste qu’en solo ou à deux en coop, le titre sait se montrer très fun, à petites doses. Un conseil : testez-le sur le Gamepass avant de craquer !