La licence Bleach revient en adaptation vidéoludique grâce à Bandai Namco qui a mandaté Tamsoft. Le titre vise à rassembler les fans de la licence et à attirer les nouveaux venus en misant notamment sur un imposant mode Histoire. Néanmoins, on sent bien que le studio japonais n’est pas spécialisé dans les jeux de combat, malgré de très bonnes intentions, et qu’il a dû faire avec des contraintes budgétaires. Apparu en 2001, le manga Bleach a su attirer l’attention. L’œuvre de Tite Kubo suit l’histoire d’Ichigo Kurosaki, un lycéen de 15 ans, dont la vie change après sa rencontre avec Rukia Kuchiki. Cette dernière est une shinigami envoyée sur Terre afin de le sauver lui, ainsi que sa famille, d’un hollow, un monstre animé par une âme torturée. Véritable succès, le manga a eu le droit à une adaptation en anime, en plus de plusieurs films d’animation et même d’un long-métrage en prises de vues réelles. Bien entendu, lorsqu’une licence attire les regards, les éditeurs de jeux vidéo ne sont pas loin pour créer des adaptations. Plusieurs jeux de combat ont donc vu le jour au fil des ans, en plus de quelques apparitions dans d’autres titres, dont Jump Force. Néanmoins, depuis 2011 et la sortie de Bleach: Soul Resurrección, la licence a été laissée de côté, seul Brave Souls (sorti sur smartphone) ayant permis de combler la dent creuse. Cette année, Bandai Namco Entertainment a donc décidé de remettre la licence sous le feu des projecteurs en confiant cette fois le projet à Tamsoft, studio japonais ayant notamment œuvré sur Captain Tsubasa: Rise of New Champions. Le gros morceau, c’est assurément le mode Histoire. Celui-ci est plutôt généreux puisqu’il couvre les 49 premiers tomes du manga. Une aubaine pour les néophytes qui vont pouvoir se plonger dans l’histoire, tout en découvrant l’éveil d’Ichigo et son évolution au sein de la Soul Society (une sorte de paradis) et du Hueco Mundo (le monde des morts). Les phases d’éveil sont vraiment très agréables à visionner Les fans, quant à eux, resteront un peu sur leur faim, connaissant déjà l’histoire et devant subir bon nombre de dialogues aux écrans plus ou moins figés pendant une bonne dizaine d’heures. Certains apprécieront le coup de nostalgie, d’autres préfèreront passer rapidement les scènes lorsque cela est possible. En effet, les développeurs ont mis du cœur à l’ouvrage en travaillant l’écriture pour copier le style de Tite Kubo et ils ont multiplié les saynètes pour retranscrire l’esprit de la licence. Malheureusement, on ressent vite un certain manque de moyens, la mise en scène étant trop minimaliste. Ce n’est pas l’aspect technique qui sauve les meubles. Si les cinématiques (un peu plus d’une cinquantaine) sont relativement réussies, les cut-scenes souffrent de soucis techniques plutôt gênants, à commencer par un certain aliasing. De manière générale, malgré de belles intentions, l’aspect technique pèche. En jeu, le résultat est très en dents de scie. Autant les personnages ont profité d’un véritable soin, que ce soit pour le design, la retranscription des animations (dont les faciales) et la retranscription de leurs attaques spéciales, autant les décors laissent clairement à désirer. Bien des textures sont à revoir, certaines modélisations sont sommaires et, là encore, l’aliasing peut s’avérer gênant, et ce, même sur les consoles dernièrement sorties. Cela c’est sans parler d’un flou d’arrière-plan qui met à mal les rétines. Les développeurs se rattrapent toutefois sur la partie sonore en offrant des thèmes rocks dynamiques et d’autres plutôt épiques. Les sons sont également très travaillés pour renforcer l’immersion en fonction de l’action et on apprécie de pouvoir profiter des voix japonaises officielles avec les sous-titres français. On observe un joli travail sur les expressions faciales Du côté des modes de jeu, les développeurs ont fait le minimum. Outre le mode Histoire qui vaut malgré tout le coup, avec quelques opportunités d’y passer des minutes supplémentaires en essayant de remplir des objectifs optionnels, on retrouve un tutorial pour les actions de base et les actions avancées, du versus, un mode Mission (un enchaînement de combats façon mode survie) et des combats en ligne avec un simple matchmaking, plutôt stable dans l’ensemble ceci dit, et quelques options de paramétrage. Pour tenter d’accroitre la rétention du joueur, Tamsoft a mis en place un système de gain de cristaux et talismans à équiper pour attacher des compétences passives à nos personnages. De quoi obtenir un petit avantage, en sachant qu’en remplissant les objectifs et en participant aux Missions, on débloque des ressources visant à les améliorer. Nous passons rapidement sur les bonus qui consistent à revoir les cinématiques, écouter la bande-son ou parcourir le glossaire pour en apprendre plus (ou se rafraîchir la mémoire). Vient alors le point crucial d’un jeu de combat, à savoir son gameplay. Clairement, si le tutorial proposé au lancement permet d’assimiler les principes de base, il faut jouer au mode Histoire et/ou passer par le tutorial avancé pour assimiler quelques subtilités du gameplay. De prime abord, il faut bien avouer qu’il y a eu une certaine déception. Les déplacements sont assez mous et les combats reposent sur le fameux système pierre / papier / ciseau. Par rapport à d’autres jeux de combat, ici les affrontements se déroulent en un seul round. Néanmoins, chacun des combattants dispose de plusieurs barres d’âme qu’il faut détruire. Pour cela, il faut placer un Kikon (pouvant détruire plusieurs barres d’âme en même temps) quand la barre des fils spirituels de l’adversaire passe sous la barre des 20%. Sinon, la réduire à 0 permet d’éliminer une âme. À cela, il faut ajouter un système de renversement, du contre, un système de brise-garde ou encore des jauges d’énergie. Bien entendu, les personnages peuvent se transformer suite à un éveil, en sachant que certains bénéficient également d’une deuxième forme d’éveil, voire d’un éveil spécial (pour Renji Abarai et Sajin Komamura) qui transporte dans une arène unique permettant d’attaquer avec une arme gigantesque. Le timing est primordial pour prendre le pas sur son adversaire Au fil des parties, on découvre un gameplay plus technique qu’il n’y paraît offrant une certaine marge de progression. Néanmoins, on sent que les développeurs ont voulu garder le titre accessible en laissant des éléments de jeu qui permettent de rapidement renverser une situation. Malgré tout, le timing est important et les transformations apportent généralement le dynamisme qui manque sans. Les Kikon, ces attaques spéciales qui permettent de déployer la puissance de notre personnage, sont impressionnants et toujours agréables à déclencher. En plus, et c’est assurément ce qui permet au titre de rester intéressant, les 32 personnages disponibles arborent tous un gameplay unique. Certains viennent même à le transcender avec leur éveil. Maîtriser tous les personnages demande donc un certain doigté et beaucoup d’entraînement. Une fois les deux premières heures passées, on pend plaisir à jouer et à varier les approches, et ce, même s’il nous arrive toujours de pester sur le côté 3D qui casse parfois le rythme et les déplacements qui sont limités, même en usant des dashs et des téléportations dans le dos (si la barre de renversement le permet). Conclusion Avec plus de budget et de temps, Tamsoft aurait très probablement pu sortir un très bon jeu de combat. Malheureusement, on sent les contraintes qu’a dû subir le studio de développement japonais et cela se traduit par un flou assez grossier et un aliasing prononcé. La mise en scène souffre et le contenu reste très minimaliste en dehors du mode Histoire qui est très généreux. Le système de combat demande un peu de temps pour qu’on puisse commencer à comprendre les mécaniques de déplacement et prendre du plaisir. Sans cela, les combats paraissent mous et on peut rapidement lâcher la manette… Alors qu’avec une bonne maîtrise, notamment l’utilisation de l’éveil, les affrontements gagnent énormément en dynamisme. Le gameplay fonctionne bien et les 32 personnages se jouent vraiment différemment. On sent que les développeurs ont mis du cœur à l’ouvrage, comme en témoigne le respect du matériau d’origine, les petites histoires secondaires, l’écriture ou encore la présence des voix officielles. Les fans apprécieront à défaut d’autre chose et le jeu reste une porte d’entrée à l’univers pour les néophytes. Néanmoins, il est loin d’égaler la concurrence, dont les meilleures productions de CyberConnect2.