Depuis We Happy Few, sorti en 2018, Compulsion Games n’avait plus sorti de nouvelle production. Il aura fallu pas moins 7 ans au studio canadien pour livrer sa dernière création… Xbox enchaine les succès depuis quelques mois. L’éditeur nous a livré de jolies pépites ces derniers mois, entre le très réussi Indiana Jones and the great circle, l’excellent Age of Mythology: Retold, le plutôt réussi Ara: History Untold et l’excellentissime Flight Simulator 2024. L’année 2025 s’annonçait riche en sorties. S’il est vrai que le premier titre sorti cette année – Avowed – a un peu déçu, le reste du line-up s’annonce tout simplement énorme entre Doom: The Dark Ages, Clockwork Revolution, The Outer Worlds 2 et Ninja Gaiden 4. South of Midnight était probablement le jeu le moins ambitieux du lot. Tout d’abord, parce qu’il est développé par un petit studio baptisé Compulsion Games, qui n’a livré à ce jour que deux jeux moyens – Contrast et We Happy Few -, ensuite parce que niveau budget, on n’est pas sur un triple-A mais plutôt un petit double-A. Le studio compte 80 développeurs seulement et n’a pas du tout les effectifs pour travailler sur de gros jeux en open world. Enfin, parce que depuis son annonce, le jeu n’a pas vraiment suscité un énorme engouement des joueurs, malgré une direction artistique plutôt inspirée. L’univers du jeu a son charme. Comme on l’a dit plus haut, South of Midnight est un petit double-A, pas une super production. Cela se ressent jusque dans le prix auquel le jeu est vendu : 44,99€ pour l’édition standard. Les développeurs avaient par ailleurs annoncé une durée de vie assez courte – et de facto le jeu se termine en un peu plus de 10 heures. Très longtemps, les joueurs n’ont également pas eu beaucoup d’indications sur la direction du titre. On savait qu’il s’agissait d’un jeu d’aventure, mais les développeurs n’avaient apporté aucune précision sur le gameplay à proprement parler. South of Midnight se présente donc comme un mélange de jeu de plates-formes ultra-simplifié, de jeu d’énigmes environnementales, de combats en arènes et de jeu narratif. Ne vous attendez donc pas à un Tomb Raider-like, South of Midnight en est le complet opposé. A vrai dire, le jeu se rapproche même davantage d’un walking simulator auquel on aurait ajouté des éléments d’action, la progression étant très linéaire et les séquences de jeu restant globalement très basiques. Les séquences de plates-formes sont très basiques. Il y a pourtant là d’excellentes idées : les phases de plates-formes auraient pu être réussies, couplées aux énigmes environnementales, mais bizarrement, Compulsion n’a pas tenté de les rendre plus complexe. On sait toujours où on doit se rendre, à quel rocher il faut s’accrocher et quel bouton il faut actionner. Il n’y a pas de chemin alternatif, tout est très scripté, et c’est sans doute le plus gros reproche qu’on fera d’entrée à ce jeu, dont l’entièreté de l’aventure ressemble finalement plus à un gros tutoriel qui traine en longueur qu’à une aventure épique… Il en va de même d’ailleurs pour les combats qui ont tendance à être beaucoup trop répétitifs. D’abord, parce que ceux-ci se jouent systématiquement en arènes. N’espérez pas pouvoir tirer parti des décors dans vos affrontements. Ensuite, parce que le bestiaire est extrêmement limité : comptez une demi-douzaine de monstres tout au plus. Enfin, parce que le système vous obligera toujours à enchainer les mêmes successions d’étapes pour “finir” le défi et poursuivre l’aventure : tuer les monstres qui vous attaquent à distance d’abord, enchainer avec les autres, et boucler le tour. Chaque niveau comporte entre 1 et 5 séquences de combat qui ont parfois tendance à tirer en longueur… Et malheureusement, si votre personnage débloquera de nouveaux pouvoirs et gagnera en puissance au cours de l’aventure, les attaques débloquées n’apportent pas une énorme richesse au gameplay. Il est de facto possible d’attirer un ennemi vers soi, de le repousser avec une onde de choc, de transformer un ennemi en un allié pour un court moment et d’immobiliser un ennemi, en plus des coups de base, mais il n’y a pratiquement pas d’enchainements de combos ici. Tout le gameplay est d’ailleurs basé sur la roulade, les ennemis ayant la fâcheuse tendance à activer des attaques spéciales impossibles à éviter toutes les quelques secondes… Et ce ne sont malheureusement pas les combats de boss – globalement très maladroits – qui relèvent la barre. Quelques rares combats de boss ponctuent l’aventure. S’il n’est pas déplaisant à jouer, en grande partie grâce à son univers inspiré du folklore du sud-est des Etats-Unis, ses jolies cinématiques et sa direction artistique efficace, South of Midnight donne clairement une impression de trop peu. On a l’impression de jouer à une grosse démo qui tourne en rond et se révèle vite très répétitive aussi bien dans sa structure que son gameplay. Il s’agit aussi clairement d’un walking simulator déguisé. Et c’est bien dommage car on sent la volonté des développeurs de nous proposer une aventure différente dans un univers qui se situe quelque part à mi-chemin entre Harry Potter et Psychonauts. Côté scénario, ce n’est en revanche pas vraiment grandiose. Suite à un déluge, une jeune aventurière va tenter de retrouver sa mère et se découvrir des talents de magicienne. Le jeu joue un peu trop la carte des “good vibes” en essayant à tout prix de nous expliquer que personne n’est mauvais par essence et que le mal nait toujours des difficultés rencontrées dans la vie. C’est un peu gnangnan et surtout trop larmoyant. De surcroit, les développeurs ont eu la très mauvaise idée de nous raconter tout ça avec son lot d’images fixes et de séquences ingame durant lesquelles le joueur croisera des fantômes du passé, très maladroitement modélisés. Côté technique, le jeu est plutôt joli mais souffre d’un énorme défaut : il a été réalisé avec une idée de stop-motion en tête. Concrètement, les animations des ennemis, créatures rencontrées et de la nature sont saccadées, alors que celles de votre personnage ne le sont pas. Ce qui donne l’impression d’être confronté à des bugs. Ce n’est pas très réussi, esthétiquement, et ça a même tendance à ternir un peu plus le tableau, alors que le titre n’est pas si mauvais en définitive. La bande son est en revanche une belle réussite avec de très bons doublages et d’excellents morceaux – peut-être un peu trop disneyisés ceci dit. Conclusion Troisième jeu du petit studio Compulsion, South of Midnight est sans doute le projet le plus ambitieux de l’équipe. C’est aussi la proposition la moins marquante des studios Xbox de ces derniers mois. Relativement court, très répétitif, trop simpliste dans son gameplay et pas franchement marquant malgré une direction artistique inspirée et un univers plaisant, South of Midnight ne parvient pas à marquer les esprits. Le jeu n’est pas mauvais mais avec sa base de walking simulator et son rythme très lent, il a tendance à vite lasser. Dommage, car sur le plan technique, le titre est plutôt réussi.