Test – Atomfall : la liberté paie, mais à quel prix

Avec la série des Sniper Elite, Rebellion a habitué les joueurs à des jeux qui mélangent action, infiltration et grand spectacle. Avec son nouveau projet, Atomfall, le studio développe un autre univers plus orienté survie. Ce nouvel AA mise également sur une plus grande liberté d’action pour permettre à tout un chacun d’avancer sans être tenu par la main. De belles promesses qui se concrétisent bien, non sans quelques heurts.

Rebellion est un studio anglais qui produit des jeux depuis plus de 30 ans. Néanmoins, ces dernières années, ce sont deux licences qui ont accaparé la majeure partie de l’attention des développeurs. La première, c’est Zombie Army, tandis que la seconde c’est Sniper Elite. Cette dernière a notamment basé sa réputation sur les tirs mis en scène avec une caméra aux rayons X pour montrer l’impact des balles sur les corps et à l’intérieur de ces derniers. De temps en temps, le studio tente de lancer de nouvelles licences, comme Strange Brigade en 2018 ou plus récemment Atomfall. C’est justement ce dernier qui nous intéresse. Rebellion sort un peu des sentiers battus en proposant cette fois un jeu de survie. On oublie les habituels nazis pour se rendre dans le nord de l’Angleterre, cinq ans après la (véritable) catastrophe nucléaire de Windscale.

On atterrit dans une zone de quarantaine fictive dans la peau d’un personnage amnésique. Ce dernier va reprendre connaissance dans un laboratoire, le temps d’obtenir les premières bribes d’informations pour savoir à quoi s’attendre. Ensuite, et c’est la grande force du jeu, la narration se mettra en place en fonction des choix du joueur. Concrètement, on évolue dans des zones ouvertes (ce n’est pas un jeu en monde ouvert à proprement parler) sans indicateur précis. On doit donc aller de rencontre en rencontre pour tenter de comprendre où l’on se trouve, ce qu’il se passe et ce que l’on doit faire. Dans les grandes lignes, il faut se méfier des hors la loi et faire le nécessaire pour sortir de la zone en ouvrant les portes d’un échangeur… Et surtout comprendre le rôle d’Oberon et décider de son sort. Nous n’en dirons pas plus pour éviter tout spoil mais sachez qu’il existe plusieurs fins, en fonction de vos choix et des personnages auxquels vous accordez votre confiance.

L’histoire se construit donc au fil des dialogues à choix mais surtout au fil des personnes que vous rencontrez ou non (avec la possibilité d’être guidé selon la difficulté). En effet, même si quelques points de passage sont obligatoires, vous pouvez très bien faire une partie sans parler à certains personnages clés ou en prenant des décisions autres, comme le fait de tuer tout le monde (la possibilité est donnée mais vous pouvez en subir les conséquences). Bien entendu, vous verrez lors des discussions que certains choix s’imposent d’eux-mêmes si vous souhaitez obtenir plus d’informations et donc vous faciliter la progression, voire pour faire du troc (avec un système de balance pour gérer l’équité de ce dernier bien fichu). Néanmoins, le choix d’avoir une attitude plus méfiante, hostile ou arrogante est laissé. Pour compléter le lore, plusieurs notes sont à dénicher au sein des environnements. Le bon côté, c’est que tout est accessible via le menu et que les nouvelles informations sont notées comme des indices au sein d’enquêtes à mener. Plusieurs enquêtes sont ouvertes en même temps, laissant donc le choix au joueur de choisir sa voie. En revanche, plusieurs allers-retours feront souffler les moins patients, d’autant qu’il n’y a pas de point de téléportation ou autre élément facilitant les voyages d’un bout à l’autre de la carte.

Avouons tout de même que l’histoire est intéressante et que l’intrigue, malgré son aspect libre, est bien ficelée. Comme elle se présente comme un puzzle aux pièces à rassembler, cela donne l’envie de pousser l’exploration. C’est d’autant plus vrai que des cabines téléphoniques rouges typiquement anglaises sont à dénicher ci-et-là. Elles permettent de répondre à de mystérieux appels… Même si la durée de vie d’une partie est très aléatoire, dépendant de votre façon de jouer, le titre mise sur une certaine rejouabilité pour vous inviter à y retourner. Pour notre part, nous avons légèrement dépassé la douzaine d’heures, en poussant l’exploration. Néanmoins, si vous savez où se trouve l’échangeur et les batteries nécessaires pour les activations, vous pouvez parcourir le jeu bien plus rapidement. À titre informatif, un Succès demande de terminer le soft en moins de 5 heures.

Un personnage allié peut vite devenir un ennemi selon les choix faits

Bien entendu, la durée de vie est à moduler en fonction de la difficulté choisie. Les développeurs ont été plutôt malins puisqu’ils laissent le choix de la configuration au travers de cinq modes. Outre les deux extrêmes, avec tous les curseurs au plus bas ou au plus haut, on trouve trois modes taillés selon le profil du joueur. On peut ainsi opter pour un équilibre entre combats, exploration et survie ou accentuer le défi sur les combats ou l’exploration, tout en diminuant la difficulté des deux autres paramètres. Avec quelques paramètres supplémentaires dans les menus, chacun peut ajuster l’expérience à sa guise. En revanche, il faut reconnaître que l’IA souffre des mêmes défauts que celle dans Sniper Elite. Certains ennemis sont extrêmement stupides, quand ils ne se présentent pas à la queue leu leu pour se faire descendre, alors que d’autres arrivent à vous repérer à des distances exagérées.

Généralement, les hors la loi sont ceux qui posent le moins de problèmes même si les dégâts infligés peuvent vite mettre à terre. En revanche, mieux vaut se méfier des robots qui officient dans certaines régions ou des créatures qui rôdent ci et là. Autre point intéressant, la faune locale n’est pas votre alliée. Rats, poissons voraces, chauves-souris, etc. n’hésiteront pas à vous attaquer. Mieux vaut rapidement frapper et s’éloigner. C’est là que l’on touche un point faible du jeu. Malheureusement, les combats à mains nues ou avec les armes blanches ne sont pas folichons. C’est plutôt mou et inintéressant. C’est un peu mieux avec les armes à feu mais ça reste très basique. En revanche, on apprécie la possibilité d’améliorer ses armes ou encore celle de débloquer des capacités qui permettent une petite montée en puissance au fil de l’aventure. Pour cela, il faut explorer l’environnement et trouver la bonne ressource, voire il faut la trouver en creusant grâce à un détecteur. De manière générale, il faut ramasser plusieurs éléments, et ce, même sur les corps des adversaires, ces derniers allant servir à crafter des objets, dont des bandages pour se soigner. De quoi encourager encore plus l’exploration.

Le détecteur permet de trouver les éléments enterrés pour obtenir un peu de loot

L’ensemble se laisse jouer, avec quelques ficelles toujours un peu grossières, comme le fait d’être invisible en étant accroupi dans les hautes herbes, et ce, même si on reste très visible à l’œil nu. Vous l’aurez compris, l’infiltration peut être utile, surtout pour éviter de s’attirer trop d’ennemis en même temps. Jeu de survie oblige, les ressources sont plutôt limitées, ce qui vaut également pour les munitions alimentant les armes à feu. Néanmoins, nous n’avons pas eu de difficulté à obtenir de la nourriture pour restaurer de la santé ou à fabriquer des bandages régulièrement pour re recouvrer encore plus. Seules les altérations d’état peuvent mettre dans l’embarras. La précision est également une arme redoutable, les tirs à la tête étant bien plus efficaces, ils permettent d’économiser de précieuses ressources. De même, les robots nécessitent de trouver leur point faible pour éviter un affrontement trop inégal.

La fuite peut être une bonne option

Visuellement, les développeurs ont fait du bon travail en ce qui concerne les extérieurs. C’est plutôt joli, les environnements sont assez vivants et on apprécie les jeux de lumière. En revanche, mieux vaut ne pas trop regarder l’arrière-plan. En effet, la distance d’affichage est assez réduite, le fond devenant rapidement flou, quand ce n’est pas de l’aliasing qui vient titiller l’œil. En intérieur, le résultat est assez contrasté avec des éléments plutôt bien modélisés et d’autres plus sommairement. Néanmoins pour un jeu de type AA, le rendu s’en sort très bien et ne nuit nullement à l’immersion. Les développeurs ont également soigné la partie audio en mettant l’accent sur les bruits de l’environnement, les bruits de pas et les sifflements des hors-la-loi. Hélas, la spatialisation laisse parfois à désirer, ce qui peut être un peu pénalisant quand on pense qu’un ennemi est situé à un endroit alors qu’il est bien plus loin qu’imaginé.

Enfin, terminons en signalant que nous avons eu le jeu avant sa sortie officielle. Nous avons souffert de plusieurs problèmes techniques. Nous avons accumulé les crash du jeu avec le retour au menu de la console et avons même subi une coupure de la partie audio, à part les bruits de pas et les sifflements, durant près de 2h, obligeant à réinstaller le jeu et à démarrer une nouvelle partie. Le patch Day 1 qui a été déployé a permis de ne pas reproduire ce souci technique et a réduit les retours au menu, sans pour autant les supprimer totalement. Il reste donc encore un peu de travail pour peaufiner cet aspect.

Conclusion

Atomfall a de sacrés atouts pour séduire les joueurs qui apprécient l’exploration. Il propose une ambiance particulièrement prenante. Même si les choix paraissent évidents si on souhaite se simplifier la tâche, on ne peut qu’apprécier de pouvoir agir comme bon nous semble, jusqu’à avoir l’opportunité de tuer tout le monde si on le souhaite. La rejouabilité n’en est que plus grande, surtout avec la présence de plusieurs fins. Après les Sniper Elite, Rebellion parvient à offrir une nouvelle expérience prenante misant sur la liberté d’action. À chacun sa manière d’appréhender l’univers et de progresser. Néanmoins, quelques ombres au tableau sont à noter, à commencer par une spatialisation des sons à ajuster, une IA qui est capable du meilleur (et même trop) comme du pire (souvent), des combats plutôt inintéressants, des allers-retours nombreux ou encore des soucis techniques qui ont entaché l’expérience. Malgré tout, pour un projet AA, le titre s’en sort avec les honneurs, et même un peu plus.

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Atomfall

Gameplay 6.5/10
Contenu 7.5/10
Graphismes 6.5/10
Bande son 7.5/10
Finition 6.5/10
6.9

On aime :

La liberté d'explorer

La progression via les enquêtes

Plusieurs fins

Plusieurs modes pour ajuster l'expérience

Une aventure vraiment prenante

On aime moins :

Qualité visuelle en dents de scie

Spatialisation du son à ajuster

Pas mal d'allers-retours

Combats peu intéressants

IA inégale