S’il est un type de jeu qui s’adapte particulièrement bien à la VR, c’est le combat. Dans Underdogs, One Hamsa mélange la boxe, du roguelike et une ambiance intelligemment conçue. Après une sortie sur PC il y a un an, Underdogs débarque enfin sur consoles ! Dans un futur dystopique où la société est dominée par l’IA et les robots, Underdogs invite à prendre les commandes d’un boxeur humanoïde, dernier espoir de l’humanité, dans des combats mécaniques clandestins à l’allure sauvage. Le studio One Hamsa, déjà remarqué pour Racket NX, opère ici un virage à 180° pour offrir une expérience de boxe VR aux antipodes des productions habituelles du genre. Loin des rings aseptisés et des règles sportives bien établies, le jeu plonge dans une arène improvisée, faite de métal et de bricolages de fortune. L’atmosphère brutale et poisseuse de ce monde est servie par une direction artistique inspirée, où les néons crasseux côtoient la rouille omniprésente. Chaque recoin de la cage respire la débrouille. Les combats, eux, adoptent une approche originale : adieu la boxe purement sportive, ici tout est permis. Équipements improvisés, pièces métalliques pour allonger les bras, moteurs de récupération pour booster la force, le joueur ne contrôle pas directement un boxeur mais l’exosquelette qui l’entoure. Ce système ingénieux tire pleinement parti de la VR, en utilisant non seulement la force des bras, mais aussi le corps entier, les appuis et l’élan pour maximiser l’impact des coups. La sensation de puissance qui s’en dégage se démarque incroyablement. Les combats sont géniaux. Il ne suffit pas d’être bourrin pour gagner, la position du casque et l’ampleur des gestes ont toute leur importance. Malgré la nervosité de l’action, Underdogs conserve une approche suffisamment accessible pour ne pas décourager les joueurs moins aguerris. La variété du gameplay repose autant sur le placement et l’esquive que sur l’attaque pure. Il ne suffit pas de frapper fort ; le jeu pousse constamment à réfléchir aux opportunités, à l’espace disponible et aux caractéristiques propres à chaque adversaire, eux aussi souvent équipés de mécanismes insolites. La physique des combats contribue à la crédibilité de l’ensemble, avec des affrontements où le poids et l’inertie des coups se ressentent. Le tout s’accompagne d’une gestion de l’endurance bien pensée, contraignant à mesurer l’effort pour éviter d’épuiser prématurément le boxeur. Côté contenu, Underdogs propose une campagne narrative qui nous suit tout au long des 15 heures d’aventure. En parallèle, l’arène évolue au fil de la progression, introduisant de nouveaux ennemis, de nouvelles mécaniques et surtout un système d’améliorations. Le loot, omniprésent, permet d’optimiser son robot entre chaque combat : bras supplémentaires, moteurs plus puissants, armes improvisées, chaque modification a un impact concret sur la manière d’aborder les combats. Ce n’est toutefois pas dans Underdogs que l’on va retrouver le meilleur des scénarios. Assez convenu et sans réelle surprise, il sert principalement à capter l’attention du joueur et à donner un fil rouge à cette agréable aventure. Côté contenu, Underdogs se révèle être bien trop vite trop maigre. Le contenu apparaît rapidement limité. Malgré un système de combat prenant, l’absence de modes variés et la redondance des affrontements peuvent donner une impression de répétitivité. L’évolution des capacités et le challenge croissant compensent en partie ce manque, mais le jeu aurait bénéficié d’une plus grande diversité d’ennemis, d’environnements ou d’objectifs pour maintenir un intérêt sur le long terme, d’autant que l’on ne compte pour l’instant que deux arènes différentes. Espérons que les développeurs viendront agrémenter cette partie du jeu avec le temps. Techniquement, le titre se montre solide. Les graphismes, sans être révolutionnaires, remplissent parfaitement leur mission en rendant l’ambiance crasseuse et oppressante. La modélisation des adversaires, bien que parfois un peu rigide, suffit à rendre les affrontements immersifs. Mention spéciale à l’habillage sonore, particulièrement soigné, qui appuie l’aspect brutal et viscéral de chaque échange de coups en nous balançant des musiques électro-techno à tout-va. Le jeu adopte un ton résolument brutal, non seulement dans son gameplay, mais aussi dans son ambiance sonore et ses dialogues. L’univers dystopique est renforcé par des échanges truffés d’insultes et de provocations, cherchant à accentuer l’atmosphère crasseuse des combats clandestins. Si cet excès de vulgarité peut correspondre à l’identité du jeu, il risque aussi de lasser. Loin d’apporter une véritable profondeur à l’écriture, ces dialogues donnent parfois l’impression d’une surenchère forcée, nuisant à l’immersion plutôt que de la renforcer. Visuellement, le titre est une perle. En revanche les dialogues basculent trop dans la vulgarité, ce qui peut vite être lassant. Underdogs parvient ainsi à éviter l’écueil du simple défouloir. Derrière sa façade de baston brutale se cache un jeu étonnamment riche, reposant sur des mécaniques VR intelligentes, exploitant pleinement les possibilités offertes par la réalité virtuelle sans jamais tomber dans la caricature. Dommage toutefois que, contrairement à un Quest 3, le PS VR2 ne dispose pas du retour haptique dans le casque, qui apporte tant au gameplay sur le jeu de base sorti en janvier 2024. Si quelques imprécisions de tracking ou un léger manque de variété des environnements peuvent être relevés, l’ensemble reste maîtrisé. La durée de vie, sans être exceptionnelle, se révèle suffisante pour accompagner la progression du joueur jusqu’au bout de l’aventure, d’autant que le système de loot et de personnalisation donne envie de peaufiner son combattant. Conclusion Underdogs plonge dans une arène de combat où la brutalité et l’ingéniosité mécanique redéfinissent la boxe en réalité virtuelle. Grâce à un exosquelette qui transforme chaque coup en une expérience viscérale, le jeu parvient à se démarquer par son approche physique et son ambiance dystopique marquante. Loin d’un simple défouloir, il offre une profondeur tactique et une évolution progressive du gameplay, soutenue par une direction artistique immersive et une technique solide. Malgré quelques imperfections, son concept unique et son gameplay percutant en font une expérience incontournable pour les amateurs de combat en réalité virtuelle.