Test – Assassin’s Creed Shadows : l’épisode du renouveau ?

C’est LE jeu qui décidera du futur d’Ubisoft. Attendu au tournant, Assassin’s Creed Shadows risque pourtant d’être l’épisode qui divisera le plus les foules. A la fois innovant et clivant, cet opus est le premier épisode qui tire parti des capacités des consoles de dernière génération. Mais Shadows tient-il toutes ses promesses ?

Faut-il encore présenter Assassin’s Creed ? La série d’Ubisoft a tellement gagné en popularité au fil des années qu’elle est devenue la licence la plus juteuse du catalogue de l’éditeur français. Il y a quelques années, Ubisoft a toutefois donné un tournant grand public / RPG à sa série avec le triptyque Origins / Odyssey / Valhalla. Un choix qui a déplu à une grosse partie de la fanbase tout en séduisant un beaucoup plus large public. A juste titre serions-nous tentés de dire, tant la formule était réussie. Avec Mirage, Ubisoft avait livré un titre moins ambitieux, qui revenait aux fondamentaux et s’adressait aux fans purs et durs de la licence. Nouveau départ pour la franchise, Shadows se veut le mélange des deux.

Certains panoramas sont superbes.

Et cette fois, c’est le Japon médiéval qu’Ubisoft a choisi pour poser le contexte de ce nouvel épisode. Vous y incarnerez au choix Naoe, une shinobi et Yasuke, un samuraï d’origine africaine. C’est une première : le jeu propose d’incarner deux personnages aux gameplay très différents avec d’un côté un assassin qui se faufile dans l’ombre, offrant au gamer un gameplay proche des premiers volets de la franchise, et de l’autre un guerrier brutal, avec une approche très différente, proche du hack & slash.

Yazuke est le personnage le moins intéressant à jouer, son gameplay est fade et atrocement répétitif.

C’est un fait, le Japon médiéval était un cadre particulièrement judicieux pour ce nouveau Assassin’s Creed. L’ennui, c’est que le jeu d’Ubisoft passe après deux titres en open world qui ont très bien exploité cet univers : Rise of the Ronin et Ghost of Tsushima. Et il faut bien l’avouer, des 3 jeux mentionnés, Shadows est probablement celui qui exploite le moins bien l’énorme lore de la culture nippone avec une vision très occidentale du Japon féodal. Globalement, il s’agit de notre plus vive critique à l’égard du jeu : la narration est complètement ratée. L’ère Sengoku est l’une des périodes les plus passionnantes du Japon féodal, on aurait dès lors pu s’attendre à un récit épique. Il faudra malheureusement composer avec des intrigues secondaires mineures portant sur des personnages sans envergure, des romances à tour de bras et une histoire d’assassins aussi captivante qu’une série Z. On le sent, il s’agit là d’un récit à rallonge rempli de personnages secondaires sans ambition et surtout atrocement plat dans ses dialogues. Si bien que dans notre cas, on a très vite fini par zapper la plupart des séquences narratives pour se concentrer sur l’essentiel : le gameplay.

Les dialogues sont atrocement plats.

Côté gameplay, le jeu se veut fidèle à ses origines et prend dès lors un tournant par rapport à Valhalla en abandonnant toute une série de features qui faisaient le succès des précédents opus. Ce qu’il est important de comprendre, c’est que vous aurez ici droit à deux gameplay différents avec d’un côté Yazuke, un samurai “fonce-dans-le-tas” et de l’autre côté Naoe, l’assassin qui offre un gameplay beaucoup plus axé sur l’infiltration et l’observation. Sans surprise, Yazuke est le personnage le moins intéressant à incarner. Il est très lent à cause de sa grosse armure qui l’empêche notamment de sauter, les combats avec lui ne sont pas très dynamiques et surtout tout le gameplay avec lui se résume à des enchainements de combos et de parades. Le jeu se transforme en un hack & slash bête et méchant, pas franchement intéressant à parcourir. Comme nous, vous opterez donc sans doute pour Naoe, qui offre beaucoup plus de flexibilité et d’agilité. La force du jeu réside dans le gameplay avec ce personnage qui excelle dans l’art du parkour et dans l’infiltration. Il faudra rester tapis dans l’ombre pour surprendre ses adversaires et les assassiner d’un coup de lame. On retrouve tout ce qui a fait le succès des premiers AC avec une bonne dose d’infiltration, des séquences d’action nerveuses, de l’observation, beaucoup d’exploration aussi. Naoe est globalement très plaisante à jouer, même si Shadows n’évite pas quelques écueils. Le principal reproche qu’on lui fera, c’est de ne pas avoir évolué niveau IA. Les adversaires sont bêtes à manger du foin, et ça pose un vrai problème dans un jeu d’infiltration. Ils suivent toujours les mêmes rondes, retournent à leurs occupations quelques secondaires après avoir reçu un coup de lame, comme si de rien n’était, ne sont pas facilement alertés non plus par les bruits ou vos déplacements et Shadows a tendance à très vite tourner au jeu du chat et de la souris… C’est grisant, mais on se lamente tout de même de ne pas avoir droit à des réactions plus humaines…

Le gameplay est 100% axé sur l’infiltration avec Naoe.

Autre gros défaut de cet opus : il faut bien admettre que le jeu souffre de gros problèmes de rythme, pour de multiples raisons d’ailleurs. Tout d’abord, parce qu’un paquet impressionnant de quêtes se résument à du Fedex – de longs allers-retours avec peut être une ou deux interactions et potentiellement sans combats. On a vu plus captivant. Ensuite, parce qu’on a énormément de mal à comprendre le fonctionnement des quêtes : lesquelles font partie de la trame principale et lesquelles sont des quêtes secondaires ? De surcroit, le système de progression vous force à faire tous les à-côtés pour grimper en niveaux et être capable de poursuivre les quêtes qui vous intéressent. N’espérez donc pas boucler cet AC en 10 ou 20h, vous n’y arriverez tout simplement pas. Enfin, il faut bien admettre que le jeu est gangréné par un nombre incalculable de missions annexes totalement inintéressantes (et pourtant souvent passages obligés), des prières aux temples à la recherche d’objets. Le rythme est complètement cassé avec des séquences de jeu de 2h sans combats parfois. Autrement dit : entre les séquences de jeu ratées et les cinématiques longuettes, il y a largement de quoi piquer du nez. Le début du récit n’est d’ailleurs pas des plus passionnants non plus… D’autant plus qu’Ubisoft commet encore et toujours les mêmes erreurs avec ses tours de guet à visiter pour débloquer les activités d’une zone, ses longs allers-retours entre les différentes zones et son open world qui manque de vie…

Graphiquement, le jeu se défend plutôt bien.

Cependant, ne nous faites pas dire ce qu’on n’a pas dit non plus. L’open world de Shadows est plaisant à parcourir malgré son manque d’animations. C’est un formidable terrain de jeu qui vous attend, rempli de temples à explorer, de cibles à éliminer et d’activités annexes (parmi lesquelles il faudra faire le tri). Ubisoft a également ajouté quelques petites nouveautés originales comme votre domaine que vous pourrez améliorer en construisant de nouvelles bâtisses et dans lequel vous pourrez améliorer votre équipement. Tout au long de l’aventure, il faudra veiller à récupérer les ressources que vous croiserez et à indiquer à vos éclaireurs les caisses à ramener à votre domaine pour vous approvisionner et entamer de nouveaux travaux. Un aspect gestion simpliste qui apporte toutefois une touche de profondeur.

Tout au long de l’aventure, il sera aussi indispensable de faire progresser son personnage en gagnant de l’expérience bien sûr mais en améliorant aussi ses équipements, du casque à la cuirasse en passant par le sabre et les armes secondaires. C’est plutôt bien fichu, même si fortement basé sur le loot.

Vous serez parfois désynchronisé sans savoir pourquoi…

Mais la vraie évolution de cet épisode, c’est sur le plan technique qu’elle se fait. Shadows est le premier AC “new-gen only”, qui ne tourne pas sur PS4 ou Switch, et n’est donc pas limité aux anciennes consoles techniquement. Et mine de rien, cela offre au jeu une jolie évolution sur le plan technique avec des paysages qui s’étendent à perte de vue, des décors remplis de détails, de très jolis effets visuels et modélisations. Tout n’est pas parfait malheureusement : les visages manquent d’expression, le framerate a tendance à souvent baisser même en mode performance, et certains éléments du jeu ont été bien moins travaillés que d’autres. Mais globalement, AC Shadows flatte la rétine.

La bande son n’est malheureusement pas vraiment du même niveau. Certes, les doublages en français sont plutôt à classer dans le haut du panier mais pour ce qui est de l’ambiance sonore et des musiques, il faut bien avouer que la playlist de cet opus nous immerge maladroitement dans le Japon médiéval. Aucun thème ne nous a réellement marqué.

Côté durée de vie, il faudra compter sur un gros 40h pour en voir le bout. Le gros défaut, selon nous, c’est qu’il n’est pas vraiment possible de progresser à travers l’histoire principale sans faire les à côtés. Dommage pour ceux qui préfèrent aller à l’essentiel… Car au vu des lenteurs du jeu, de son rythme saccadé et de son intrigue peu passionnante, il est peu probable que beaucoup de joueurs arrivent au bout de cette aventure…

Conclusion

Sur le papier, Assassin’s Creed Shadows avait tout pour séduire : le retour promis aux sources pour son gameplay, deux héros différents à incarner avec deux gameplays différents, un cadre féérique et une réalisation digne d’un jeu “new-gen”. Le résultat n’est toutefois pas tout à fait à la hauteur de notre attente, la faute en grande partie à une structure de jeu pénalisante pour le joueur. C’est bien simple, vous ne pourrez pas progresser dans l’aventure sans participer aux multiples quêtes secondaires. De facto, il faut impérativement faire progresser son personnage de niveau pour pouvoir se lancer dans des quêtes qui se révèlent atrocement difficiles si vous n’êtes pas à niveau. Avec son rythme saccadé, ses nombreux passages à vide, ses quêtes peu inspirées, son histoire et ses dialogues mal écrits, et des séquences franchement ratées (toute la partie samurai en fait), Shadows rate malheureusement le coche. Et c’est tellement dommage vu le gigantesque travail accompli ici par les équipes d’Ubisoft. Visuellement, le jeu tire joliment parti des consoles de dernière génération et fait un bond technique remarquable. Le gameplay se rapproche de celui des premiers opus de la saga avec un accent sur l’infiltration et les assassinats. Il faudra néanmoins composer avec une IA qui n’a pas évolué en 15 ans. Son monde ouvert aussi a de quoi séduire, mais manque cruellement de vie, malgré les nombreux PNJ qu’on y croise. Pas “mauvais”, Shadows est malheureusement loin d’être l’épisode le plus réussi de la saga. 

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Assassin's Creed Shadows

Gameplay 7.0/10
Contenu 6.0/10
Graphismes 8.0/10
Bande son 6.5/10
Finition 6.5/10
6.8

On aime :

Globalement, c'est plutôt joli

Naoe, un personnage très plaisant à incarner

Quelques bonnes idées (le domaine, le système d'évolution du personnage)

Le retour aux sources du gameplay

On aime moins :

Un récit peu captivant, des dialogues creux et trop nombreux

Un rythme mou tout au cours de l'aventure, qui tire en longueur

L'obligation d'enchainer les quêtes secondaires pour avoir le niveau

Un framerate assez bas

Les séquences avec Yazuke, très pauvres