L’éditeur français joue gros avec Assassin’s Creed Shadows, le dernier volet en date de sa saga culte, qui pourrait bien définir son avenir… Depuis quelques mois, rien ne va plus pour Ubisoft. Le géant du jeu vidéo français a annulé en l’espace d’un an plus d’une dizaine de projets, il a fait face à de multiples accusations de harcèlement et de management toxique dans ses studios et multiplié les fiascos commerciaux entre Skull & Bones, XDefiant, Hyperscape, Roller Champions, Avatar: Frontiers of Pandora ou encore Star Wars Outlaws. L’agenda de l’éditeur est également assez vide pour les prochains mois. Aucun des autres jeux annoncés par Ubi n’a de date de sortie. Autrement dit, Ubisoft joue son futur sur un seul et unique titre : Assassin’s Creed Shadows. Là où les éditeurs ont tendance à proposer entre 3 et 5 productions par an – à l’exception de quelques très gros studios qui peuvent miser sur une seule production pendant plusieurs années consécutives, comme Rockstar et son légendaire GTA. L’ennui, pour l’éditeur, c’est qu’Assassin’s Creed Shadows n’est disponible que sur trois plates-formes : le PC, la PS5 et les Xbox Series. Pas de version Switch – la console la plus populaire actuellement – ni de versions old gen, alors que justement, les consoles Xbox One et PS4 font de la résistance… Or, Assassin’s Creed Shadows a coûté beaucoup d’argent. Selon des estimations, 1500 à 2500 personnes auraient été impliquées dans le développement du jeu. Le budget aurait explosé lui aussi. Si aucun montant n’a été communiqué par Ubisoft, les analystes estiment le coût du développement de Shadows à entre 250 et 350 millions de dollars hors-marketing, et près de 400 millions avec le marketing inclus. Soit un budget plus de deux fois supérieur à celui de Cyberpunk 2077 ou FF VII Remake et comparable à celui de Red Dead Redemption 2 (environ 540 millions de dollars). A titre de comparaison, la plupart des précédents volets auraient été développés avec un budget d’environ 70 millions de dollars – avec un pic enregistré pour l’épisode Valhalla, qui aurait coûté près de 200 millions de dollars – hors frais de marketing. Pour Ubisoft, les coûts de développement ne cessent d’augmenter tandis que les cycles de développement s’allongent, ce qui fait forcément grimper les attentes pour les ventes. L’épisode Origins (2017) se serait vendu entre 12 et 15 millions d’unités, Odyssey (2018) entre 10 et 12 millions, Valhalla (2020) aurait dépassé les 20 millions, tandis que Mirage (2023), un beaucoup plus petit projet, ne se serait vendu qu’à 5 millions d’unités. Pour le géant français, il s’agira donc de faire mieux que Valhalla, ce qui pourrait être un pari difficile à relever. Sa dernière grosse production, Star Wars Outlaws, qui aurait elle aussi coûté environ 300 millions de dollars à produire, n’a pas rencontré le succès escompté. On évoque 5,5 millions d’unités vendues à ce jour, bien moins que ce qu’Ubisoft espérait. Vu l’absence d’autres sorties majeures en 2025, Assassin’s Creed Shadows pèsera lourd dans la balance fiscale. L’éditeur se montre toutefois confiant : son jeu a reçu des notes plutôt positives des testeurs (81% en moyenne sur Metacritic), Assassin’s Creed est de loin la licence la plus populaire du studio et le dernier épisode en date (si l’on range de côté Mirage) est un succès commercial. Les nombreuses polémiques qui entourent la sortie de ce nouveau volet font toutefois peser le doute sur le succès de Shadows. Car depuis quelques mois, les jeux labélisés par une partie du public comme étant “wokes” ont tendance à très mal se vendre. Star Wars Outlaws, Concord, Dragon Age: The Veilguard ou Suicide Squad: The Justice League ont tous fait face à des campagnes de bashing sur les réseaux sociaux et ont tous connu un échec commercial. Entre les accusations de révisionnisme historique au Japon, territoire où se déroule l’aventure de ce nouvel opus et les nombreuses critiques des gamers face au choix du personnage central – Yazuke, un samuraï d’origine sub-saharienne, Shadows a généré un nombre effrayant de commentaires haineux sur les réseaux sociaux. Au point de pousser Ubisoft à justifier le choix de Yasuke, et ce alors qu’il ne joue qu’un rôle secondaire dans le titre aux côtés de Naoe, la véritable héroïne de Shadows. Une chose est certaine, tous chez Ubisoft observeront avec beaucoup d’attention les chiffres de ventes de cet épisode.