Après l’excellent It Takes Two, le studio suédois Hazelight revient avec un nouveau jeu pensé pour être joué à deux, en coopération. Changement radical de cadre pour cette nouvelle aventure, baptisée Split Fiction, qui nous plonge dans deux univers bien différents, inspirés des œuvres de fantasy et de science fiction. Josef Fares est devenu en l’espace de quelques années une personnalité iconique du monde du jeu vidéo. S’il n’a jamais connu le succès dans sa carrière de réalisateur, le scénariste et game-designer libano-suédois a enchainé les succès dans le monde du jeu vidéo. On lui doit le très sympathique Brothers (2013), A Way Out (2018) mais aussi et surtout It Takes Two (2021) – qui été nommé plusieurs fois jeu de l’année et a rencontré un énorme succès commercial. C’est bien simple, à lui seul, ce titre supporte l’initiative EA Motive, le label indépendant d’Electronic Arts. Sa dernière création surfe sur la même vague puisqu’il s’agit d’un jeu d’aventure entièrement pensé pour être joué en coopération. Inutile de vous lancer dans l’aventure seul donc, il faut impérativement être deux pour y jouer. Ceci étant dit, tout a été fait pour que vous puissiez y jouer avec un pote. Le jeu est jouable en local, en écran divisé, et en ligne. Et comme It Takes Two, il ne nécessite pas l’achat de deux copies du jeu. Un joueur peut en inviter un autre à jouer avec lui à l’aventure, sans que celui-ci n’ait à acheter le jeu, une excellente idée. Alors forcément, Split Fiction souffrira de la comparaison avec It Takes Two, qui frôlait la perfection. Mais rassurez-vous, Hazelight n’a pas raté son coup, loin de là. Mais là où It Takes Two mettait tout le monde d’accord, Split Fiction divisera un peu plus le public. Sur le plan narratif tout d’abord, il faut bien reconnaitre qu’il y a régression. Split Fiction est beaucoup plus simple que son prédécesseur puisque son scénario se concentre sur deux personnages seulement, transportés dans des mondes virtuels. Dans la peau de deux scénaristes prises au piège dans une machine conçue pour voler les idées de leurs récits, le joueur devra enchainer des mini-aventures qui n’ont souvent ni queue ni tête pour venir à bout de la vilaine corporation qui les exploite. Les récits ne sont ici qu’un prétexte pour ne faire vivre des aventures palpitantes. L’ennui, c’est que les deux personnages centraux du récit sont atrocement creux mais également terriblement agaçants. Ils semblent cibler une audience très jeune – pas forcément le public cible des prods du studio… Les dialogues sont souvent creux eux aussi, au point qu’on pourrait résumer l’intriguer en 3 lignes seulement, avec en prime un final très prévisible… C’est sans doute ce qui distingue le plus Split Fiction d’It Takes Two, qui était certes très simple lui aussi dans sa narration, mais mettait en scène des personnages beaucoup plus charismatiques à travers une histoire autrement plus captivante… Rassurez-vous, au niveau du gameplay, le constat est très différent. Si It Takes Two souffrait de quelques longueurs et avait parfois tendance à se répéter, Split Fiction parvient à nous proposer une diversité de séquences de jeu tout simplement hallucinante. C’est bien simple, chaque aventure (et mission annexe) est en réalité un mini jeu. Certaines séquences de jeu vous proposeront de conduire une moto à toute vitesse en défiant la gravité, d’autres vous plongeront dans un véritable shoot them up 2D à l’ancienne, dans d’autres épreuves il faudra participer à un sport futuriste mortel ou grimper une montagne en étant aidé par des géants. Ca part dans tous les sens et le fait qu’on passe d’un univers SF à un univers Fantasy d’une mission à l’autre permet de donner une richesse énorme au jeu, puisqu’on a la juste impression de jouer à deux titres différents en parallèle. Split Fiction propose des séquences de jeu extrêmement réussies dans l’ensemble, avec une bonne dose d’adrénaline et des règles de jeu qui sont continuellement réécrites. Par rapport à It Takes Two, le jeu offre d’ailleurs aussi une excellente rejouabilité puisque chacun des deux personnages vit une “aventure différente” – la plupart des séquences de jeu donnant à chacun des deux joueurs des pouvoirs différents. Vu son prix, 45€, on aurait pu s’attendre à ce que le jeu soit assez court, mais ce n’est pas du tout le cas puisqu’il vous faudra environ 15h pour voir le bout de l’aventure. 30 si vous y rejouez une seconde fois, ce qui est énorme pour un jeu coop. Alors oui, on pourra lui reprocher quelques passages un peu moins maîtrisés, un casting pas très excitant, un certain manque de profondeur mais le fait est que Split Fiction est un excellent jeu d’aventure. Le genre de jeu que l’on termine d’une traite tellement son gameplay est grisant. Split Fiction fait partie de ces très rares productions qui arrivent à nous surprendre agréablement à chaque nouvelle mission. On retrouve chez lui la recette qui a fait la grandeur d’un studio aussi prestigieux que Rare à la fin des années 90. Ni plus, ni moins. Côté technique, le jeu se défend également plutôt bien. Split Fiction est globalement très joli, même si ce sont surtout ses superbes environnements et son goût pour la mise en scène qui vous décrocheront la mâchoire. Les modélisations des personnages et détails à proprement parler sont beaucoup moins impressionnants. Il est néanmoins regrettable que le titre souffre d’un certain manque de finition avec des animations pas toujours très réalistes, quelques jolis ralentissements et une bande son qui ne marquera pas les esprits. Les doublages français rendent les deux personnages centraux encore plus antipathiques qu’ils ne le sont déjà, et surtout les mélodies manquent du côté grandiose de l’aventure. Cela ne vous empêchera pas de prononcer des “wow” à tout bout de champ, mais il faut bien avouer qu’on en attendait un peu plus de ce côté là… Conclusion Après l’excellent It Takes Two, le studio Hazelight nous livre une autre petite pépite. Split Fiction est véritablement un jeu pensé pour la coopération à deux joueurs qui brille par la diversité de son gameplay et de son univers de jeu, qui vous plonge à tour de rôle dans un monde de science fiction et de fantasy. Fun, délirant, mémorable même, le titre d’Hazelight est le candidat idéal pour vivre une aventure en couple, entre amis ou en famille. Une véritable leçon de maestria dans le gameplay, qui prouve que les jeux d’aventure ont encore de quoi nous surprendre. Là où le titre gagne en maturité par rapport à It Takes Two dans son gameplay, il faut reconnaitre que la narration est moins son fort. Le scénario du jeu tient sur un timbre poste et n’est finalement qu’un prétexte à nous faire voir du pays. Ajoutez à cela des dialogues assez plats et un casting qui va assurément diviser et vous comprendrez que bien qu’il frôle la perfection dans son gameplay, Split Fiction ne marquera sans doute pas autant les esprits que son prédécesseur. Soyez en toutefois sûr : il s’agit d’un jeu à ne surtout pas manquer.