Avec Avowed, Obsidian propose de quoi nous occuper jusqu’à la sortie du prochain Elder Scrolls. Séduisant sur le papier, le jeu ne parvient toutefois pas à réaliser toutes ses ambitions. Explications. Obsidian est sans l’ombre d’un doute l’un des studios Xbox les plus prolifiques et les plus talentueux également. Le studio a forgé sa réputation avec l’excellent Fallout: New Vegas, mais plus récemment, il nous a également livré des pépites comme Grounded, Pentiment et le très sympathique The Outer Worlds. Il nous revient aujourd’hui avec sa dernière création, Avowed. Les environnements du jeu sont très réussis et recèlent surtout de lieux, tombes et donjons à explorer. Prenant place dans le même univers que l’une des séries cultes du studio – Pillars of Eternity -, Avowed est toutefois un jeu très différent puisqu’il s’agit d’un action RPG se jouant entièrement à la première personne. Obsidian ne s’en est jamais caché : il s’agit de son projet le plus ambitieux à ce jour. Et il s’agit également d’un titre qui vient combler un trou béant dans le line-up de l’éditeur. Le prochain épisode de la saga The Elder Scrolls ne sortira pas avant des années. Avec Avowed, l’éditeur répond donc à une réelle demande des joueurs et amateurs de fantasy. Car, même s’il ne s’agit pas d’une copie du jeu de Bethesda, il faut bien avouer qu’Avowed s’en inspire assez largement avec ses tomes oubliés à récupérer, son univers open-world et ses millions de lignes de dialogues. Pour autant, Avowed parvient à créer sa propre identité en misant essentiellement sur son gameplay. Difficile de créer un “héros” qui vous plaise, visuellement. Avant d’aller plus loin dans ce test, il convient de marquer les différences avec The Elder Scrolls. Avowed est un jeu qui est beaucoup plus orienté action que son modèle. Tout le gameplay ou presque repose sur les combats. Il y a certes des composantes RPG et des millions de lignes de dialogue, mais c’est bien dans les combats qu’Avowed se distingue de TES. Les affrontements sont en effet beaucoup plus nerveux que dans un Skyrim, avec un système d’esquive bien pensé et surtout un nombre impressionnant d’armes et de pouvoirs à utiliser. On ne se limite pas ici à quelques épées, lances, haches et arcs puisque vous pourrez aussi utiliser diverses armes à feu et surtout des sors, à l’aide de votre livre de sort et de votre baguette magique. Certaines armes peuvent être enchantées pour ajouter des effets comme un embrasement par exemple, et surtout le joueur pourra utiliser deux armes simultanément. Par exemple, un poignard et un livre de sort, qui lui permettra d’envoyer des boules de feu sur son adversaire tout en étant capable de se défendre au corps à corps également. Autre différence majeure avec Skyrim : vous parcourrez l’aventure avec des alliés – malheureusement pas en coopératif (et c’est un gros regret tant le jeu s’y prêtait plutôt bien !) mais avec 2 compagnons gérés par l’IA, disposant chacun de leurs spécificités et auxquels vous pourrez donner des ordres. On se sent d’un coup beaucoup moins seul… Les combats sont nerveux et intenses, tout l’inverse de ce qui nous avait été montré lors de la présentation du jeu ! Et puis, bien sûr, au niveau de l’univers. Les terres vivantes offrent une diversité de paysages étonnante, des contrées désertiques aux forêts luxuriantes en passant par les souterrains ténébreux. Chaque écosystème ne compose toutefois qu’une petite partie du gigantesque open-world du jeu, segmenté en plusieurs open world miniatures. On ne traverse donc pas la carte sans temps de chargement, malheureusement. L’avantage, c’est que ça a le mérite de proposer plus de diversité. Et ce n’est finalement pas plus mal. On notera au passage qu’Avowed parvient à créer un univers riche et captivant, avec un bestiaire varié et un véritable lore. Toutes les idées ne sont toutefois pas forcément les bienvenues, à l’image du design de notre héros – aux traits physiques pour le moins particuliers puisqu’il affiche des excroissances fongiques, lesquels représentent une connexion avec le divin. On ne va pas tourner autour du pot, le personnage que vous incarnerez est moche, et ce quel que soit le type de personnalisation qu’on lui applique. Comme “The Outer Worlds”, Avowed souffre aussi d’un cruel manque d’inspiration dans son character design. Si les monstres sont joliment designés, les humains et personnages humanoïdes le sont beaucoup moins… Les designs sont ultra-génériques, les personnages pas attachants pour deux sous et surtout, la mixité et l’inclusion à tout prix (les fameuses DEI tant décriées par une partie des joueurs) ont créé un joli bordel d’idées qui partent un peu dans tous les sens. Il n’est de facto pas toujours facile de garder son sérieux quand on discute avec un schtroumpf géant aux rastas que lui envierait presque Bob Marley. Et quelque part, oui, on aurait aimé un peu plus de sérieux, de classicisme dans cet univers. C’est le principal reproche qu’on lui adresse : les choix de designs sont discutables. Souvent génériques voire carrément “hors-limites” du fantasy. Autre gros défaut du jeu : l’écriture est elle aussi très générique avec des dialogues souvent creux, des choix de dialogues parfois franchement douteux et une histoire qui n’est globalement pas captivante à suivre. Quel gâchis. On le sent également, le développement du jeu a été accéléré en fin de course. Comme de nombreux autres jeux double-A ou triple-A, Avowed nous est livré dans un état peu convaincant à sa sortie. Vous aurez le choix entre un mode visuel et performances. Inutile de vous le préciser : le mode visuel est pratiquement injouable. Le mode performances déçoit également avec un framerate bien inférieur à 60 FPS la plupart du temps. Les bugs sont également assez nombreux, même si on n’a pas été confronté à quoi que ce soit de bloquant. Mais alors, ce jeu mérite-t-il vraiment qu’on s’y intéresse ? C’est certain, Avowed est un jeu qui souffre de nombreux défauts. Il n’est ni aussi riche et complexe qu’un Elder Scrolls ni aussi séduisant au niveau de son univers que les autres RPG occidentaux. Toutefois, passer à côté serait une jolie erreur car pad en main, le jeu est un vrai régal. Les combats sont d’une rare intensité, les possibilités de combos entre les armes et sorts sont sans limites, les combats de boss sont franchement réussis et le jeu dispose d’un solide lore. De plus, si l’absence d’un vrai open world déplaire aux puristes, il faut bien admettre que la formule des mini open world fonctionne parfaitement bien. Les quêtes annexes sont nombreuses, le le jeu recèle de secrets à découvrir et encourage à la découverte avec un nombre impressionnant de coffres et trésors à trouver. On sent également notre personnage évoluer drastiquement au cours de l’aventure avec les nouveaux sorts, armes et équipements obtenus. Comme dans tout RPG qui se respecte, les possibilités ont d’ailleurs nombreuses en terme de customisation que ce soit au niveau de l’équipement (entièrement upgradable avec les matériaux récupérés à gauche et à droite) que de vos pouvoirs et de ceux de vos alliés. A chaque gain de niveau d’expérience, vous débloquerez de nouvelles capacités qui permettent d’explorer de nouveaux pans du gameplay. Depuis sa première présentation, au cours de laquelle le jeu faisait plutôt grise mine, le jeu a donc plutôt bien évolué. Sur le plan technique aussi. On ne s’attendait pas vraiment à une claque et il faut l’admettre, Avowed n’est en définitive pas le jeu qui mettra à bout de souffle votre console ou votre PC. Cependant, ce n’est pas le naufrage annoncé par certains. Oui, le character design est assez moche en général, oui certains visuels sont également assez bruts, mais la profondeur des décors, certains panoramas somptueux, les jolis effets visuels et certains excellents choix de design en font un titre globalement agréable à regarder et à jouer. A l’image de The Outer Worlds, Avowed est un RPG-light qui est véritablement plaisant à parcourir, parvient à innover dans son gameplay et offre une expérience de jeu solide avec une durée de vie honorable. On attend maintenant plus qu’une chose d’Obsidian : qu’il se décide enfin à passer à la vitesse supérieure avec des jeux plus ambitieux et surtout des designers plus inspirés. Conclusion Raillé durant des mois par la communauté de joueurs, Avowed n’est finalement pas la catastrophe annoncée par certains joueurs. Certes, le studio Obsidian nous avait déjà livré des jeux beaucoup plus marquants comme l’excellent Grounded. Certes, Avowed ne marquera sans doute pas l’histoire du jeu vidéo. Cet action-RPG n’a ni le charme ni la profondeur d’un Skyrim ou d’un Oblivion. Néanmoins, il brille dans son gameplay par l’intensité de ses combats. Obsidian a volontairement choisi de nous proposer des mini mondes-ouverts plutôt qu’un vaste univers à explorer. Un choix qui se justifie par le fait que chaque zone de jeu est parfaitement maîtrisée dans son level-design. L’expérience de jeu n’est finalement pas si différente à ce que vous aviez vécu avec le dernier Indiana Jones. Et il faut bien l’admettre, la formule fonctionne plutôt bien. Entraînant malgré sa narration peu intéressante, son écriture fainéante et ses choix douteux de character design, Avowed s’impose comme un action RPG intense et très efficace, qui vous occupera sans doute un bon moment.