Test – Liberté : des cartes ne suffisent pas pour une révolution

Ces derniers temps, les roguelike sont légion. Tout le monde y va de sa proposition pour le meilleur et pour le pire. Le studio polonais Superstatic a décidé de créer un jeu d’action qui se déroule dans un Paris alternatif lors de la Révolution française. Il essaie de se démarquer avec une mécanique de jeu basée sur les cartes, au risque de négliger d’autres parties.

Superstatic part avec de bonnes intentions. Le studio exploite le contexte de la Révolution française qui est peu représenté dans les jeux vidéo. Les représentants les plus célèbres sont Assassin’s Creed Unity, Steelrising et We. The Revolution. Ces trois références partagent un point commun, elles profitent d’une direction artistique léchée. Liberté les rejoint en partie sur ce point précis. En effet, les artistes du studio ont clairement soigné les visuels des personnages. René, Ana, Victor et Flea, les quatre protagonistes jouables ont un certain charisme, tout comme Lady Bliss, une entité surnaturelle. Il est donc très agréable de voir leurs modèles affichés lors des discussions. Cela vaut également pour les personnages secondaires.

En revanche, une fois en plein jeu, le charme se dilue. Visuellement, le titre est correct, sans plus. Les décors sont censés représenter un Paris alternatif du XVIIIème siècle mais, à part quelques éléments ci et là, ce n’est pas foncièrement flagrant. En plus, les développeurs réutilisent sans cesse les mêmes modèles et matérialisent des rues qui finissent par se ressembler. Quelques zones plus ouvertes et des passages en intérieur sont également de la partie pour apporter un peu de diversité. Néanmoins, les missions s’enchaînent et on a l’impression de passer encore et encore aux mêmes endroits. En revanche, on apprécie quelques éléments plus fantastiques qui prennent leur inspiration dans l’univers de H.P. Lovecraft. Dommage que l’aspect technique n’ait pas été plus travaillé. L’inconstance du framerate est gênante et l’expérience a été entachée par divers bugs, notamment dans les collisions.

Les visuels des personnages pour les dialogues sont très soignés

Si vous aimez l’Histoire, Liberté ne vous parlera pas forcément. En effet, s’il utilise le contexte de la Révolution française, il est loin de reprendre le véritable contexte historique. Il développe sa propre histoire fantastique. Pour le coup, nous incarnons René, un Parisien qui va rapidement faire la connaissance de Lady Bliss, une entité de grande taille qui a le pouvoir de le ressusciter. En échange, elle compte sur lui pour côtoyer les quatre factions qui se battent pour prendre le pouvoir suite à la mort du roi. Bien entendu, notre épéiste, dans sa quête du successeur du roi, va également tenter de comprendre la vérité qui entoure Lady Bliss.

Le scénario est plutôt plaisant, avec des discours travaillés. Certes, certains dialogues tirent en longueur mais on apprécie le développement de l’histoire. Le seul regret, pour les non anglophones, c’est que le titre n’est pas localisé en français. Un comble pour un jeu qui se déroule à Paris. De même, les comédiens en charge des doublages sont investis et ça se ressent. Mais les accents sont bien loin de faire écho à des personnages français. Nous pouvons comprendre cette volonté de se porter vers l’international mais une localisation française n’aurait pas été un luxe dans ce contexte.

Qui dit Révolution française, dit contexte propice aux affrontements. Cela ne manque pas. Liberté prend la forme d’un hack ‘n slash qui mise de base sur une mécanique de jeu très simple, à savoir attaquer et esquiver. Concrètement, une fois le tutorial passé, vous comprendrez rapidement que pour s’en sortir sans difficulté, il suffit d’enchaîner trois attaques, procéder à une esquive sous forme de dash et ré-attaquer avant d’esquiver à nouveau. En plus, les attaques des ennemis sont majoritairement matérialisées par une forme géométrique rouge au sol. L’occasion de déterminer leur portée pour plus facilement esquiver. Clairement, les combats ne sont pas difficiles mais le nombre des ennemis et les niveaux qui tirent en longueur peuvent avoir raison du joueur, si ce n’est pas le boss qui fait office de gros sac à PV répétant frénétiquement deux à trois attaques différentes. Il faut également reconnaître que la rigidité des animations n’aide pas forcément et que le jeu se montre vite punitif, chaque attaque ennemis enlevant une belle part de la barre de vie.

La progression se fait avec une caméra fixe en vue du dessus à 3/4, les cartes jouables sont accessibles via un raccourci

De fait, rogue-like oblige, vous allez mourir… Puis renaître dans les sous-sols de Paris pour discuter avec Lady Bliss, profiter d’une offrande (un bonus au choix parmi deux) ou vous préparer pour la prochaine run. C’est une sorte de HUB. Une fois que vous êtes prêt, vous devez vous rendre auprès d’une carte pour sélectionner la mission suivante. Le choix est restreint mais vous pouvez généralement faire avancer le scénario auprès d’une faction ou participer à une mission spéciale. Bien entendu, aider une faction signifie aller à l’encontre d’une autre. Or, c’est important de travailler sa relation puisque ça permet d’engranger de l’EXP et donc de débloquer des nouveautés, à commencer par trois autres personnages jouables. Attention toutefois, il y a une subtilité. C’est René qui prend la forme de l’un des trois autres personnages, ce qui implique qu’il reprend sa forme pour les dialogues. Néanmoins, cela permet de varier les approches, les quatre ayant leur propres caractéristiques. Par exemple, René est un épéiste qui assure pour les combats rapprochés alors que Ana mise sur les combats à moyenne distance en utilisant ses deux pistolets.

Le piment du gameplay vient donc de l’aspect deck-building. Concrètement, notre personnage a accès à un deck de cartes. Pour en utiliser certaines, il faut généralement du mana. Pour en avoir, il faut brûler des cartes, le niveau de chacune définissant le nombre de points de mana à recouvrer ou à utiliser pour jouer la carte. Il faut donc faire les bons choix. Le système est plutôt bien fait et implanté, les cartes donnant accès à des attaques efficaces ou à des capacités intéressantes utilisables tout au long de la run, sans parler de capacités passives. C’est clairement le cœur du jeu. Attention toutefois à consulter votre deck lors de moments calmes, sans quoi vous risqueriez bien de le regretter. Au cours de la progression, le joueur récolte quelques pièces à dépenser au marché mais peut également trouver des schémas pour fabriquer de nouvelles cartes. En dehors du soin à acheter au marché, c’est également par le biais des cartes que l’on peut trouver des consommables pour recouvrer un peu de santé ou d’armure. Bref, le système est clairement réussi.

Conclusion

Liberté est un rogue-like qui dispose d’un aspect deck-building intéressant. Avec son approche très fantastique de la Révolution française, il interprète très librement l’histoire pour mener René dans sa quête du successeur du nouveau roi. Disposant de quelques arguments, à commencer par son système de cartes, les visuels des personnages soignés et des dialogues appréciables, le titre peut séduire sur les deux premières heures. Après c’est une autre histoire. Rapidement, les défauts s’accumulent, réduisant fortement l’intérêt. Même lorsque les objectifs varient, on se retrouve à parcourir des environnements qui se ressemblent, à part quelques points précis plus identifiables, à avancer de manière très mécanique, et ce, quelle que soit l’approche en fonction du personnage jouable utilisé, et à pester contre la caméra, les bugs et les ralentissements. Avec un level design minimaliste, une répétitivité à outrance et une absence de localisation dans la langue de Robespierre, un comble vu le contexte, Liberté laissera bien des joueurs de côté.

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Liberté

Gameplay 6.0/10
Contenu 6.0/10
Graphismes 5.0/10
Bande son 7.0/10
Finition 5.0/10
5.8

On aime :

Visuels des personnages soignés

Aspect deck-building réussi

La touche fantastique

Histoire travaillée

Doublages de qualité

On aime moins :

Pas de localisation FR pour un jeu se déroulant à Paris

Beaucoup de ressources réutilisées ad nauseam

Côté hack 'n slash très mécanique peu captivant

Des errances techniques

Caméra fixe que l'on maudit parfois