Figure emblématique du monde des jeux vidéo au Japon, Hironobu Sakaguchi est le père de la mythique série des Final Fantasy. Ce créateur de génie a quitté Square-Enix après le cinquième volet de la série pour travailler sur ses propres projets. Son studio a ainsi livré quelques pépites au début des années 2000, comme le sympathique Blue Dragon et l’excellent Lost Odyssey. Le succès mitigé de ses productions l’a toutefois poussé à revoir sa stratégie pour la suite et à se concentrer sur les productions mobiles. Il signe ainsi en 2014 Terra Battle, un jeu de rôle sur iPhone et Android, qui sera suivi en 2020 par Fantasian, un autre jeu de rôle plus ambitieux, qui décrochera le titre de jeu de l’année sur l’App Store. Quatre ans plus tard, la boucle est bouclée, le studio livre le portage sur consoles de son jeu mobile, édité par Square-Enix… Si Fantasian a fait parler de lui sur mobiles, ce n’est toutefois pas pour son gameplay mais bien sa réalisation. Chaque décor du jeu a été conçu dans le monde réel avec des modèles miniatures, puis photographié pour être numérisé, ce qui donne au titre une allure unique. Artistiquement, c’est superbe, il faut l’admettre, même si les personnages – eux bel et bien virtuels – s’intègrent assez mal dans cet univers. 4 ans après sa sortie sur mobiles, le titre a donc droit à un portage sur consoles, qui va faire grincer des dents. D’une part parce qu’il s’agissait à l’origine d’un jeu mobile intégré à l’offre Apple Arcade. Ce portage sur consoles n’apporte pas de nouveauté majeure mais est facturé au prix plein, et ça passe déjà assez mal… Surtout que, pad en main, on sent bien qu’il s’agit d’un jeu qui a été conçu pour le mobile. Le gameplay est simplifié à l’extrême et sur le plan technique, l’affichage sur un téléviseur 55″ fait tache avec des textures baveuses qui passent mal sur un grand écran. Là où le jeu paraissait superbe sur un écran de smartphone, il parait forcément beaucoup moins abouti sur un téléviseur. Pour en revenir au jeu à proprement parler, Fantasian se présente comme un JRPG old-school, dans la plus pure tradition du genre. On explore le monde en temps réel et les combats se déroulent au tour par tour. La richesse du gameplay repose sur la combinaison de plusieurs personnages au sein de l’équipe, qui vont tous apporter leur contribution dans les combats en soignant leurs partenaires, en les renforçant ou en partant à l’attaque. La seule petite touche d’originalité dans les combats vient du positionnement des ennemis. Concrètement, ceux-ci sont placés sur plusieurs diagonales et vous pourrez lancer des attaques qui les transperceront et pourront ainsi toucher plusieurs ennemis. Les combats étant morcelés en plusieurs rounds, avec des attaques des différentes parties qui s’enchainent, il faut être assez stratégique pour éliminer en priorité les prochains ennemis à vous frapper. Dans le même ordre d’idée, le jeu propose de passer certains combats en “capturant” les monstres pour les stocker et les affronter plus tard. Une idée intéressante sur le papier mais qui n’apporte en réalité pas grand chose au jeu. Globalement, ça manque de mise en scène et cela reste surtout très classique. Ce n’est pas non plus au niveau de son univers ou de son scénario que le jeu marquera des points. La narration est simplifiée à l’extrême avec des cinématiques décousues, des dialogues plats et surtout une sensation de se retrouver face à un jeu au budget fauché. Fantasian a de ce point de vue là tous les défauts d’un jeu mobile. On incarne ici un voleur amnésique qui va tenter de sauver le multivers de la menace démoniaque. Rien de très original ni d’admirablement conté. Le casting peine aussi à convaincre la faute à une direction artistique peu convaincante. Comme on l’a dit plus tôt, le réel intérêt de Fantasian, c’est ses décors “faits à la main” qui lui donnent une personnalité unique. Le jeu a clairement un côté très rétro qui rappelle les classiques de la Super NES et il faut avouer que ça a son charme. Certains dioramas (surtout en pleine nature) sont sublimes, d’autres franchement moches (le niveau de tutoriel notamment). Le gros problème, c’est que cette technique, aussi superbe puisse-t-elle être, n’a pas été pensée à la base pour les consoles. La résolution choisie au départ était pour un jeu mobile, l’affichage a donc été simplement upscalé et cela donne lieu à des visuels très flous et qui manquent cruellement de détails sur consoles. On le sent, le jeu a été très mal optimisé pour ces supports. Les temps de chargement sont atrocement longs pour un jeu mobile porté sur des consoles surpuissantes. Aucun travail n’a également été réalisé ni au niveau de la présentation ni même des traductions. Il faudra jouer à ce Fantasian entièrement en anglais. Pas de doublages ni de sous titres en français donc. Bref, vous l’aurez compris, si Fantasian était un JRPG plutôt sympa sur iPhone, ce portage sur consoles de salon passe beaucoup moins bien. Le jeu de Mistwalker est un RPG très classique qui se démarque avant tout par sa patte graphique et qui parvient à surfer sur le classicisme de son gameplay, mais qui nous est livré dans un portage paresseux. Rien n’a été pensé pour les consoles à la base et cela se ressent. A 15€, la pilule serait sans doute passée. Au prix plein, c’est beaucoup plus difficile à accepter. Conclusion Sakaguchi et Mistwalker sont de retour avec un JRPG très classique qui se distingue des autres productions par son design unique. Chaque décor du jeu a été minutieusement créé dans le monde réel à travers des dioramas qui ont été numérisés. Cela lui donne une allure unique. L’ennui, c’est que si le jeu était plutôt réussi sur mobiles, ce portage sur consoles est paresseux. Pas de VF ni de sous-titres, un simple upscale graphique, un gameplay adapté au pad, aucun ajout majeur au niveau du contenu et surtout un prix plein très difficile à justifier. Fantasian n’est pas un mauvais JRPG, mais à 15€ la pilule serait sans doute mieux passée.