En attendant un nouveau Wolfenstein, le studio suédois Machine Games nous livre une nouvelle épopée dans l’univers fantastique d’Indiana Jones. Si le jeu n’avait pas forcément généré un énorme enthousiasme lors de ses présentations, il se révèle être une excellente surprise. On vous explique pourquoi. On ne va pas vous mentir, on n’y croyait pas franchement à cette nouvelle adaptation d’Indiana Jones. Certes, le studio Machine Games a plutôt un bon pédigrée. Tout le monde n’a peut-être pas apprécié les dernières moutures de Wolfenstein, mais il faut bien admettre que les 3 derniers opus surpassent tout ce qui a pu être produit ces 20 dernières années dans l’univers de la saga… Reste que Machine Games était un studio de taille relativement modeste qui n’avait jamais conduit un aussi gros projet. Dans le cas d’Indiana Jones, il était non seulement question de l’adaptation d’une œuvre culte mais aussi d’un projet de jeu triple-A incluant open-world, mélange de genres et narration forte. Et les premiers trailers du jeu ne nous avaient pas forcément plus emballés que ça… On s’est donc plongé dans ce “Cercle ancien” avec une certaine appréhension. L’aventure vous mènera aux quatre coins de la planète. Il faut le préciser en outre, si Indiana Jones est une légende du cinéma, dans le jeu vidéo, il n’a que rarement vraiment convaincu les joueurs… Pourtant, c’est sans doute là où on l’attendait le moins que le jeu brille le plus, avec un Indiana Jones fidèle au personnage incarné à l’époque par Harrison Ford, et un scénario solide, respectant le lore de la saga. Le scénario du Cercle Ancien est une vraie bonne surprise : l’aventure nous est narrée à travers de nombreuses cinématiques très réussies, les dialogues sont adroitement écrits, l’emprunte Lucas est bien présente, l’aventure captivante du début à la fin et les personnages principaux sont très réussis – qu’il s’agisse du docteur Jones ou du grand vilain de cette nouvelle aventure. L’histoire démarre avec l’intrusion d’un mystérieux personnage au Marshall College, qui dérobe un ancien artefact à priori sans grande valeur, mais qui va se révéler pourtant être au coeur d’une étrange intrigue. Car face au Docteur Jones se dresse le troisième Reich et surtout un rival, Emmerich Voss, un archéologue allemand chargé par Hitler en personne d’une mission top secrète. Adroitement menée du début à la presque toute fin, l’intrigue a toutefois tendance à sombrer dans un grand n’importe quoi dans les dernières minutes, nous rappelant les pires moments des deux derniers films. Ce n’est pas bien grave en soi dans la mesure où les 20h de jeu qui mènent à ce final sont très réussies. Ce qui est triste en revanche, c’est que les nombreux personnages secondaires soient aussi creux, qu’il s’agisse du commandant allemand qui accompagne Voss, dont on ignore jusqu’aux intentions réelles, ou Gina, la jeune femme qui accompagnera le Docteur Jones dans cette aventure, creuse et agaçante. Les nombreux autres personnages croisés durant l’aventure n’apportent pas grand chose de plus au récit et manquent tous sans exception de charme ou de personnalité. Ce n’est pas dramatique car les deux rôles principaux sont très solides, mais on aurait aimé un casting un peu plus fort… Gizeh est l’un des nombreux mini open worlds à disposition. Côté gameplay, le Cercle Ancien se présente comme un jeu d’aventure à la première personne. Comprenez par là que ça se joue comme un FPS sans être un FPS. Indiana Jones mélange ainsi plusieurs genres : narratif, plates-formes, infiltration, résolution d’énigmes, open world, RPG, combats au corps à corps et à distance… Certains de ces genres sont parfaitement maîtrisés. Les combats au corps à corps se révèlent ainsi étonnamment riches grâce aux différentes améliorations qui vous permettront de renforcer votre aventurier au cours de l’aventure, et à un système de blocage et de parade bien pensé. Les combats sont techniques et se jouent à la micro seconde près. Foncer dans le tas est d’ailleurs rarement une bonne idée. En début d’aventure, deux ou trois ennemis pourront facilement vous terrasser. La partie narration / plates-formes et résolution d’énigmes fonctionne également plutôt bien même si les énigmes ont tendance à être un peu trop faciles – mais c’était l’intention des développeurs pour ne pas se fermer tout un marché… A notre grande surprise, la partie open-world / RPG est aussi une réussite – même si pas exempte de défauts. Il s’agit en réalité de différents mini open world au level design parfois alambiqué, mais qui recèlent de missions secondaires, d’événements narratifs et de secrets à découvrir. Le plus intéressant, c’est qu’on découvrira toute la richesse du jeu dans l’endgame, une fois l’aventure terminée, avec des missions secondaires vraiment captivantes, des tas de collectibles et secrets à découvrir et la possibilité de faire évoluer son personnage en lui débloquant des capacités ou en améliorant ses performances (santé, énergie,…) Côté gunfights et infiltration en revanche, c’est un peu plus compliqué. D’une part parce que l’IA n’est vraiment pas au point : les ennemis sont bêtes à manger du foin, au point d’oublier votre présence 20 secondes après qu’une alarme ait retenti, les rondes sont faciles à anticiper, tout le gameplay repose de surcroit sur le fait de récupérer des objets pour frapper de dos les adversaires. Impossible de les étrangler à main nue donc, et c’est bien dommage… Ajoutez à cela une Gina qui se promène comme à la campagne au beau milieu d’un bataillon ennemi (heureusement sans sonner l’alerte), et vous comprendrez que côté immersion, ça en prend un sacré coup. Les gunfights sont globalement réussis… mais encore faut-il mettre la main sur une arme à feu… Elles sont peu nombreuses et les munitions sont comptées. Du coup, démarrer une fusillade conduit quasi systématiquement à un game over. Dommage qu’on ne récupère pas automatiquement les munitions sur les cadavres des adversaires et surtout que le manque de réalisme soit au programme dans ces affrontements. Il faudra en effet généralement plusieurs balles en pleine tête d’un ennemi pour s’en défaire… là où Dr Jones tombe avec une rafale la plupart du temps… L’aventure propose son lot de séquences de plates-formes. On le sent, les développeurs ont été trop ambitieux avec ce titre, qui a tendance à partir un peu dans toutes les directions. Par un certaine miracle, les différents morceaux s’assemblent pourtant assez bien et composent une aventure brillante. Oui, le jeu a ses défauts, mais il a aussi ses nombreuses qualités : son héros, le super Villain, sa bande son fidèle à Indiana Jones, son intrigue, sa progression, ses différents décors, sa diversité dans son gameplay, sa durée de vie exceptionnelle aussi. Comptez 20 à 25h pour arriver au bout de l’aventure, et une bonne cinquantaine d’heures pour faire le tour de tout ce qu’il y a à faire. C’est énorme. Mais le plus intéressant restent ces nombreuses petites idées admirablement explorées : la possibilité d’enfiler des costumes pour se fondre dans la masse et avoir accès à des zones où vous auriez immédiatement déclenché l’alarme sinon. C’est bien pensé, très fun et ça nous oblige surtout à explorer le contenu annexe. La gestion des objets aussi, qui nous force à looter beaucoup : bandes de soin, nourriture mais aussi diverses armes au corps à corps qui disposent toutes d’une limite d’utilisation et pourront par ailleurs être lancées à la figure de vos adversaires. Machine Games a poussé le délire assez loin puisqu’il est possible de jeter une orange à la figure d’un ennemi ! Amusant ! Et puis il y a le fouet, qui vous permettra non seulement de vous accrocher pour grimper sur une structure, mais aussi de vous battre et de récupérer l’arme d’un ennemi. Autre excellente idée : le carnet de notes d’Indiana, qui fait office de menu, très bien pensé et qui s’intègre parfaitement à l’interface. Côté technique, le jeu est également plutôt solide et parvient même à impressionner parfois avec ses cinématiques admirablement réalisées, ses très jolis panoramas et un réel souci du détail. On est toutefois loin de la claque attendue, la faute à certains éléments moins réussis. Le rendu de l’eau fait tâche par exemple, au même titre que le character design de nombreux PNJ et les nombreux bugs encore présents. Certains décors sont très réussis. Non, le jeu n’est pas parfait, mais il faut bien avouer qu’on ne s’attendait pas à une aventure aussi généreuse et à un gameplay aussi varié. En dépit de ses nombreux petits défauts, le Cercle Ancien est un jeu très plaisant qui se laisse déguster au rythme que vous souhaiterez. Une franche réussite que tous les fans d’Indiana sauront apprécier à sa juste valeur ! Conclusion Avec Indiana Jones et le Cercle Ancien, Machine Games entre dans la cour des grands. Le studio suédois nous livre un très bon jeu d’aventure à la première personne, qui mélange brillamment plusieurs genres et se révèle surtout extrêmement fidèle au matériau d’origine. C’est l’aventure la plus réussie d’Indy depuis la première trilogie. L’histoire du jeu est captivante, les dialogues très bien écrits, le gameplay gagne en profondeur au cours de l’aventure et surtout, niveau contenu, le jeu se révèle étonnamment riche sur la durée. Alors non, tout n’est pas parfait. Les gunfights sont légers – limite inutiles d’ailleurs -, les énigmes sont un peu trop faciles, l’IA est défaillante, mais globalement voici une aventure vraiment agréable à parcourir et surtout un vrai blockbuster qu’on se plaira à explorer en profondeur à travers ses mini open worlds qui regorgent d’activités annexes.