Parmi les jeux les plus attendus de cette fin d’année, S.T.A.L.K.E.R. 2 aura décidément beaucoup fait parler de lui. Et pour cause, puisque ce jeu est en développement depuis 15 ans déjà ! Il aura décidément fallu beaucoup de patience aux fans de S.T.A.L.K.E.R. avant de pouvoir enfin découvrir le second chapitre de la saga. Certes, la série comptait déjà 3 entrées, mais des confidences même des développeurs, ce second chapitre devait bel et bien être la suite du premier opus, et pas un simple spin-off ou extension comme pouvaient l’être les deux précédents titres… 15 longues années, c’est le temps qu’il aura fallu au studio ukrainien GSC pour enfin nous livrer son jeu. 15 années durant lesquelles le projet a connu des hauts et des bas. Durant tout un temps, les fondateurs du studio ont même été accusés de scam par une partie de la communauté. Mais la signature d’une exclusivité avec Xbox a redonné de l’espoir aux fans. Et le voilà aujourd’hui qui débarque sur PC et Xbox Series. Il faut bien l’avouer, on est loin des jolis clichés présentés avant la sortie… Sorti uniquement sur PC, S.T.A.L.K.E.R. reste un monument du jeu vidéo, le type de FPS qui a marqué l’histoire du gaming, au même titre qu’un Half-Life, un Goldeneye 007, un Perfect Dark ou un Wolfenstein. Le jeu se démarquait des autres productions par son open world et son univers sombre, puisque le joueur se retrouvait au cœur de la zone d’exclusion de Tchernobyl. Axé survie, le titre proposait un univers riche et un lore foisonnant. Plus de 20 ans plus tard, la franchise est de retour avec une suite qui a le mérite d’être fidèle à l’original, peut-être même un peu trop… Il faudra composer avec un paquet de bugs… Dès le premier contact avec le jeu, on le sent, S.T.A.L.K.E.R. 2 est une suite qui respecte le lore, l’univers et l’origine de la série. Pad en main, on a d’ailleurs l’impression de jouer à une version actualisée de l’original. On retrouve tout ce qui a fait le succès de la franchise : une vaste zone de jeu à explorer, inspirée de la zone d’exclusion de Tchernobyl, un bestiaire assez large qui comprend des ennemis humains, des monstruosités, des anomalies, des animaux mutants et plus, ainsi qu’un arsenal assez varié et un concept très axé sur la survie. La zone d’exclusion de Tchernobyl n’est de facto pas une zone de jeu comme les autres, en ce sens qu’elle renferme un nombre incalculable de dangers… La radioactivité est bien présente et il faudra non seulement l’éviter mais également s’en soigner. On retrouve également de nombreuses anomalies de différents types qui font ici office de pièges pour le joueur. Heureusement, un radar vous permettra d’être informé de leur proximité… La plupart laissent également transparaitre des indices visuels sur leur présence. Et puis bien sûr, il y a les nombreux types de mutants, créatures difformes et humains qui tenteront de vous éliminer. Comme tout bon jeu de survie, le titre mise beaucoup sur le loot : il faudra récolter armes et munitions sur les cadavres de vos ennemis, mais aussi diverses denrées telles que de la nourriture pour vous alimenter, de l’eau, de la vodka pour vous soigner des radiations, des soins et des bandages pour stopper les hémorragies. Le système de jeu est assez bien conçu même si on a la désagréable impression de jouer à un jeu d’il y a 20 ans. Bien sûr, il y a ces vagues de radiations qui irradieront complètement le paysage à intervalles réguliers et vous forceront à chercher un abri pour survivre… Le bestiaire est assez bien fourni. Sur le papier, tout cela nous avait vendu du rêve. Mais manette dans les mains, c’est la cruelle désillusion. Déjà parce qu’on s’aperçoit très vite que le jeu a été fini à la truelle. Il y a une quantité si importante de bugs qu’on en vient à douter que les développeurs seront capables un jour de tous les patcher… Cela va du cadavre qui lévite au boss qui reste bloqué face à une caisse, en passant par la sauvegarde corrompue, le crash et des centaines de bugs de textures qui ne s’affichent pas. C’est bien simple, de mémoire de gamer on avait rarement vu un tel festival de bugs. Même le remake de XIII, sorti il y a quelques années, était plus propre à sa sortie. Alors bien sûr, on comprend qu’il s’agit d’un jeu triple A et que le contexte est assez particulier : les développeurs étaient basés en Ukraine au moment de l’invasion du pays par les forces russes. Certains sont morts au front. La plupart ont été relocalisés en République Tchèque et forcément tout cela a dû affecter la qualité finale du titre. Ceci étant dit, rappelons-le, le jeu a été en développement pendant 15 longues années et, déjà l’an dernier, lorsque nous avions essayé le titre à la Gamescom, nous avions pointé du doigt sa finition désastreuse… L’ennui, c’est que même sans ces bugs, S.T.A.L.K.E.R. 2 est loin d’être un jeu phénoménal… L’IA est extrêmement sommaire, le jeu très mal ficelé au niveau de sa construction, certaines séquences sont extrêmement pénibles, le scénario est globalement peu intéressant à suivre, le design de certains ennemis est risible, la modélisation des visages fait également sourire, sans parler des doublages anglais absolument atroces. On en vient finalement à se demander si de facto, S.T.A.L.K.E.R. 2 n’était pas un scam depuis le début. Car sincèrement, où est passé tout le budget ? Ce vilain boss est resté bloqué dans l’entrebâillement de la porte. Visuellement, on est également loin de la claque annoncée. Certains panoramas sont certes très jolis mais, globalement, on est face à un titre qui aurait très bien pu tourner sur l’ancienne génération, avec des textures baveuses, des modélisations souvent très sommaires, des effets visuels parfois complètement ratés… On a vu des jeux sous l’Unreal Engine 5 beaucoup plus réussis. Le pire, c’est que le framerate est loin d’être optimal. On subit souvent des ralentissements lors des séquences de shoot, qui peuvent parfois être franchement handicapants. C’est d’autant plus dommage que côté sensations, le titre est plutôt plaisant. Les gunfights sont nerveux, le feeling des armes est excellent, la partie survie est globalement plutôt réussie même si on regrette l’absence d’explications… Alors non, S.T.A.L.K.E.R. 2 n’est pas un naufrage complet. Les fans de la série seront sans doute ravis de pouvoir se replonger dans la zone, une fois le jeu patché. Et croyez-nous, il faudra sans doute des mois pour tout corriger… Même s’il était sorti dans un état impeccable, S.T.A.L.K.E.R. 2 n’aurait sans doute pas marqué l’histoire du jeu vidéo car de facto il s’agit au mieux d’un FPS moyen, au pire d’un mauvais clone de Fallout 76… Conclusion Avec Dragon Age: The Veilguard, S.T.A.L.K.E.R. 2 est l’une des plus grosses déceptions de cette année 2024. Le jeu de GSC reste certes fidèle à l’univers de S.T.A.L.K.E.R. et propose des gunfights plaisants mais, globalement, on a l’impression de jouer à un titre d’il y a une vingtaine d’années qui n’aurait pas été modernisé… ni peaufiné d’ailleurs. En dépit de ses 15 années de développement, le jeu est truffé de bugs, à tel point que vous vous retrouverez parfois bloqué dans l’aventure par une sauvegarde qui refuse de se charger. Visuellement, ce n’est guère très glorieux non plus pour un jeu “new-gen” qui tourne sous l’Unreal Engine 5. Mais le plus décevant, c’est bien l’expérience de jeu globale, avec de longs temps de chargement, un frame rate qui vient entraver certains combats, des bugs de visée, une IA sommaire, des boss qui finissent bloqués par une caisse… L’open world grandiose qui nous était promis paraît également atrocement fade, vide, mort et surtout répétitif dans sa composition. Tout n’est pas à jeter, les gunfights restent plaisants malgré les nombreux bugs et l’expérience de survie et de loot dans les entrailles de Tchernobyl est un régal, mais il faut bien l’admettre, la série a bien mal vieilli. Les patchs devraient logiquement améliorer l’expérience mais, même sans aucun bug, ne vous attendez pas au FPS de la décennie, ni même du mois pour être franc avec vous…